Entre 2500 et 3000 personnes meurent chaque année en Algérie dans des accidents de la route. Dans son dernier bilan, la Protection civile fait état de 147 accidents ces dernières 24 heures, ayant causé 5 décès et 160 blessés à l’échelle nationale.
Mois de piété et de partage, le Ramadhan en Algérie se caractérise aussi par la hausse effrénée du nombre d’accidents sur nos routes. Les bilans font froid dans le dos. Les services de la Gendarmerie nationale ont recensé au niveau de leurs territoires de compétence 116 morts et 411 blessés dans 278 accidents de la route durant la première quinzaine du mois de Ramadhan.
Comme toujours, l’excès de vitesse demeure la première cause des drames routiers. «L’excès de vitesse était la principale cause de ces accidents, notamment quelques minutes avant la rupture du jeûne», a précisé, dans une déclaration à la presse, le commandant Samir Bouchehit, responsable de la communication au Centre d’information et de coordination routière de la GN.
Cet officier cite aussi les manœuvres dangereuses, l’imprudence de certains conducteurs et le manque de concentration au volant, ajoutant que les bus de transport de voyageurs et les véhicules de transport de marchandises sont à l’origine de beaucoup d’accidents.
Au-delà de leur impact sur la société, les accidents de la route coûtent au Trésor des pertes d’une valeur de 100 milliards DA/an, a indiqué récemment Fares Boubakour, spécialiste en économie des transports à l’Ecole des hautes études commerciales (EHEC). Pour sa part, Bouchenak Khelladi Sidi Mohammed, président du CNESE, a relevé, il y a quelques mois, les impacts économiques, sociaux et environnementaux majeurs de ce fléau.
Selon lui, «les autorités concernées doivent recourir à des spécialistes en analyses comportementales», pour tenter de freiner l’hécatombe, soulignant que «les mesures coercitives et techniques ainsi que les points de contrôle routier sont insuffisants». A rappeler qu’entre 2500 et 3000 personnes meurent chaque année en Algérie, à cause des accidents de la route.
Dans son dernier bilan, la Protection civile fait état de 147 accidents ces dernières 24 heures ayant causé 5 décès et 160 blessés à l’échelle nationale. Le dernier drame en date a eu lieu à Larbatache, dans la wilaya de Boumerdès. Trois personnes ont trouvé la mort et six autres ont été blessées dans une collision survenue sur l’axe de l’autoroute reliant Larbatache à Khemis El Khechna.
Hausse des accidents en milieu urbain
L’accident s’est produit entre une Polo Volkswagen et un camion à hauteur du lieudit Ouled Ouali, un endroit très dangereux qui a été le théâtre de plusieurs drames similaires ces derniers mois.
Ce qui nous interpelle sur l’état des routes, cité comme un des facteurs du fléau et la nécessité de se pencher sur les contraintes du territoire lors de l’élaboration des plans d’aménagement et de réalisation des routes. Dans les milieux urbains, la situation est loin d’être meilleure.
Dans un bilan rendu public mercredi dernier, la DGSN a fait état de 11 décès et 471 blessés dans 381 accidents survenus en zones urbaines entre le 19 et le 25 mars. Là aussi, les statistiques connaissent une courbe ascendante. La DGSN relève une hausse de 40 accidents, 64 blessés et un mort de plus par rapport aux chiffres enregistrés la semaine précédente.
Pour certains experts, ce problème s’explique en grande partie par les motocycles qui circulent en grand nombre en ville et qui sont à l’origine de plus de 30% des accidents dans les agglomérations urbaines.
«Une attention particulière est à orienter vers les motocycles et les vélos qui commencent depuis quelques années à devenir un mode très prisé par une certaine tranche d’âge de la population dans ses déplacements au quotidien», préconisent Azzedine Madani et le Pr Abdelmadjid Bouder dans une publication sur ce phénomène, insistant sur l’importance d’adapter la réglementation à cette nouvelle donne.
Selon eux, le recours aux motocycles comme moyen de déplacement se vérifie aussi par la baisse sensible du nombre de permis de conduire délivrés ces dernières années, ajoutant que les motos et les scooters sont pourtant beaucoup plus polluants que les voitures à essence.
Selon la DGSN, la plupart des accidents qui surviennent en milieu urbain ont pour principale cause «le non-respect du code de la route, de la distance de sécurité, de l’excès de vitesse, le manque de concentration au volant ou encore l’état du véhicule».
Pour stopper cette hécatombe, les spécialistes appellent à la mise en place effective du permis à points et l’élargissement de la réflexion, à même de déterminer ses causes exactes.
Connu pour ses recherches dans ce domaine, le Dr Azzedine Madani met en évidence dans ses contributions l’importance de l’entretien continu des routes et leur réalisation selon les normes internationales, afin de permettre aux automobilistes d’y circuler en toute sécurité.