L’approche du mois de Ramadhan s’annonce toujours avec des préparatifs de circonstance. Souvent, ces retouches de dernière minute sont les mêmes qui reviennent chaque année. Les ministres, directement concernés par cet événement religieux qui prône la piété et l’abstinence, se lancent alors, dans un élan effréné, dans l’approvisionnement du marché en denrées alimentaires et la programmation de l’animation des soirées ramadanesques. Au moment où le citoyen peine à joindre les deux bouts à cause de la conjoncture économique mondiale désastreuse, les pouvoirs publics s’échinent à rassurer le peuple de la disponibilité de la viande rouge ramenée depuis le lointain pays de Colombie. Un branle-bas de combat est mené dans l’approvisionnement des marchés de la Rahma en fruits et légumes en espérant que les prix le soient aussi. L’apport des marchands ambulants récemment régularisés est fort attendu en ce mois de tous les excès. Il sera l’atout majeur de la nouvelle réorganisation des points de vente, très rapprochés du consommateur.
En toute logique, les prix ne peuvent augmenter sensiblement cette année au vu des mesures incitatives prises par le chef de l’Etat en direction des agriculteurs. Dans la perspective d’assurer une sécurité alimentaire du pays face aux turbulences internationales et aux influences géopolitiques, le président Tebboune a bien pris en charge les revendications des agriculteurs. Les semences et autres entrants indispensables aux diverses cultures bénéficient désormais des subventions étatiques. Une couverture sociale intégrant la carte Chifa concrétise la politique nationale de protection pour les travailleurs de la terre. Toutes ces orientations présidentielles auront, à coup sûr, une retombée conséquente sur les prix des fruits et légumes, particulièrement en ce mois de Ramadhan qui rime avec une surconsommation, somme toute, injustifiée.
L’aubaine est toute indiquée pour que les commerçants moins enclins au respect de la réglementation en vigueur dans leur métier s’adonnent à des pratiques frauduleuses dans le seul but de gagner le plus d’argent possible. Ce comportement qui ne sied pas aux valeurs spirituelles du mois de piété s’annonce déjà par des opérations de spéculation et de stockage des produits alimentaires prisés par les jeûneurs. Les communiqués des services de sécurité n'en finissent pas de signaler des saisies de marchandises détournées des circuits de distribution. Hélas, le phénomène continue malgré les sanctions sévères introduites par les récentes lois. Il reste à souhaiter que les contrôles des marchés soient renforcés en professionnels dédiés à cette tâche et que leur nombre soit suffisant pour pouvoir discipliner cette activité si tentaculaire. Il importe d’imposer le double affichage des prix qui renseigne sur la marge bénéficiaire, particulièrement durant le mois de Ramadhan. La fébrilité du consommateur ne doit pas profiter à l’avidité du commerçant.
Le contexte économique a fortement laminé le pouvoir d’achat du citoyen. Les augmentations des salaires, des pensions de retraite et des différentes allocations décidées par le chef de l’Etat et promises avant le mois sacré pourront atténuer un tant soit peu la saignée des ménages.