Pérou : plainte contre la présidente Boluarte pour homicide présumé de manifestants

28/11/2023 mis à jour: 03:26
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La procureure générale du Pérou a déposé lundi une plainte pour homicide présumé devant le Congrès contre la présidente du pays, Dina Boluarte, en relation avec son rôle présumé dans la répression de manifestations ayant entraîné la mort de plus de 50 personnes.

Patricia Benavides, la procureure générale, a annoncé lors d'une allocution télévisée : «Je vous informe que j'ai déposé une plainte constitutionnelle devant le Congrès de la République contre Dina Boluarte, présidente de la République, et Luis Alberto Otárola, le premier ministre».

Dina Boluarte est devenue présidente du Pérou en décembre 2022 après la destitution et l'arrestation du président de gauche Pedro Castillo, dont elle était la vice-présidente. Les manifestations massives pro-Castillo qui ont suivi ont été réprimées, entraînant la mort de plus de 50 personnes, selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme (CIDH).

Patricia Benavides a souligné lors de son discours : «La mort d'un homme ou d'une femme péruvienne ne doit pas être autorisée, ni aucun abus de pouvoir», dénonçant également les tentatives de ses collègues visant à ternir son intégrité. Cette accusation, susceptible de conduire au limogeage de la présidente, survient à un moment où la procureure fait face à des critiques sérieuses de sa gestion du ministère public, avec des hauts magistrats appelant à sa démission.

La plainte contre Dina Boluarte intervient alors que Patricia Benavides est elle-même accusée par un procureur de diriger un prétendu réseau criminel au sommet du parquet, impliqué dans un trafic d'influence auprès du Congrès et des échanges de faveurs politiques.

Face à ces accusations, Patricia Benavides a affirmé qu'elle ne démissionnerait pas de son poste. En réponse, la présidente péruvienne a qualifié la plainte de «manœuvre politique» visant à détourner l'attention d'accusations sérieuses dirigées contre la procureure elle-même.

En janvier, le parquet péruvien a ouvert une enquête pour «génocide, homicide et blessures graves» contre Patricia Boluarte pour son rôle dans la répression des manifestations, mais la présidente bénéficie de l'immunité jusqu'à la fin de son mandat en 2026.

En septembre, Dina Boluarte a comparu devant les procureurs pour la troisième fois. Un processus parlementaire, pouvant prendre jusqu'à trois mois, sera nécessaire avant que le Congrès puisse se prononcer sur la plainte dirigée contre la présidente. La répression des manifestations antigouvernementales a débuté le 7 décembre, au moment où Dina Boluarte venait d'accéder à la présidence, se prolongeant jusqu'en mars. Pedro Castillo est actuellement en détention provisoire à Lima.

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