Performances du secteur agricole : Entre le soutien de l’Etat et l’inflation

14/10/2023 mis à jour: 00:06
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Photo : D. R.

Le gouvernement se félicite que le secteur agricole ait enregistré des performances durant la campagne 2022-2023. Effectuant le bilan du secteur dans le cadre de la Déclaration de politique générale du gouvernement 2023, il relève que ce secteur «connaît un développement significatif».

Dans un document présenté à l’APN, selon l’APS, l’on souligne que les structures de production, leur organisation, le plan de développement à l’horizon 2025/2030 et 2035 avec une vision nouvelle, permettent d’établir des «indicateurs positifs à tous les niveaux, en dépit de la situation difficile de la campagne agricole 2022-2023». Le document fait état d’une «production céréalière qui a atteint 30 millions de quintaux, soulignant qu’un rendement moyen de 50 à 60 quintaux/ha a été enregistré dans les wilayas du Sud, avec des pics de 85 quintaux/ha».

Tandis que 13% des superficies céréalières dans les wilayas du Nord ont été sécurisés grâce à l’irrigation d’appoint, et ce, «malgré une période de sécheresse». Concernant les produits maraîchers, la production a enregistré une évolution entre 3 et 5% pour les principaux produits, notamment l’oignon et la pomme de terre, couvrant ainsi la totalité des besoins du marché en légumes et fruits, à l’exception des fruits exotiques, et évitant de ce fait le recours à l’importation. Selon la même source, la production maraîchère a atteint 156 millions de quintaux en 2023, dont 42 millions de quintaux de pommes de terre.

D’autres chiffres témoignant de cette avancée sont mis en avant. La production de dattes, par exemple, a enregistré une évolution de plus de 26%, avec 13,6 millions de quintaux. La filière des viandes blanches a enregistré 5,4 millions de quintaux de production, alors que celle des viandes rouges a atteint 4,8 millions de quintaux. En outre, 5,63 milliards d’œufs et 3,25 milliards de litres de lait cru ont été produits en 2023. Toute cette constellation de chiffres n’a pourtant pas empêché de tirer vers la bas le taux d’inflation officiel, qui caracole à plus de 9% depuis de longs mois, si ce n’est depuis quelques années déjà, et dont il faut signaler que les produits agricoles frais en sont le premier poste d’inflation en Algérie.

L’opinion peine à s’expliquer cette situation d’autant plus que le secteur jouit d’un soutien de l’Etat conséquent. Le gouvernement affirme, pour sa part, que «ces résultats ont été atteints grâce à la batterie de mesures prises (…) pour atteindre les objectifs tracés». Le document relève la hausse de la superficie irriguée de 1,47 million d’hectares en 2022 à 1,49 millions ha en 2023. La superficie céréalière irriguée durant la campagne agricole 2022-2023 a été de 344 000 hectares, dont 217 000 hectares en irrigation intégrale, et ce, à travers la généralisation du recours aux systèmes économiseurs d’eau.

Il y a lieu de noter, parmi les mesures visant le développement du secteur, le renforcement de l’aide de l’Etat en faveur des agriculteurs, notamment, à travers l’augmentation des prix de référence des engrais bénéficiant du taux de soutien fixé par l’Etat, sachant que ce taux a été relevé depuis le 9 octobre 2022, de 20 à 50%. Les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), publiés la semaine dernière dans El Watan, montrent que l’indice des prix à la consommation est reparti à la hausse après une baisse durant les trois mois précédents. 
A Alger, l’indice des prix en août dernier a été marqué par 2,2% par rapport au mois précédent.

L’indice général des prix à la consommation au niveau national (calculé sur la base des données récoltées dans 17 villes et villages) a enregistré une hausse de 2,7%. Les prix des biens alimentaires augmentent de 4,7%, pour un taux d’inflation de l’ordre de 9,7% et une variation de 11,1% entre août 2022 et août 2023. Ce sont les prix des biens alimentaires qui ont porté cet indice vers le haut, particulièrement les produits agricoles frais.

C’est le cas à Alger, avec une hausse importante de près de 8,4% pour cette catégorie de produits. Des accroissements sensibles de prix ont en effet caractérisé certains produits, principalement les fruits (+13,8%), les légumes (+28,1%) ainsi que la viande de poulet, qui atteint une variation notable de +20,1%. Si en guise de réponse à cette situation, le gouvernement a enfin opté pour l’importation de la viande rouge et du poulet, en réduisant le droit de douanes, afin de lutter contre la hausse des prix de ces produits, que faut-il faire pour ce qui est des produits agricoles en cause ?

Car l’inflation cache mal ou un manque de production par rapport à la demande ou un défaut de soutien aux prix vu l’inflation mondiale. La dernière hypothèse étant la moins probable vu le soutien aux prix affiché par l’Etat. Le ministre des Finances a déclaré ces derniers jours que les mesures prises par les autorités, en assurant l’abondance des matières premières, la régulation et la subvention des prix, devraient contribuer à réduire le taux d’inflation. L’objectif sera-t-il atteint ? La question reste posée. A. By.

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