Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré samedi soir qu’une enquête sur les raisons des ruptures de stock de certains médicaments dans les hôpitaux est en cours, lors d’une entrevue avec des représentants de la presse nationale, diffusée sur les chaînes de la Télévision et de la Radio nationales.
«L’Inspection générale de la présidence de la République est en train d’enquêter sur les raisons de ces pénuries qui ne devraient pas exister», a précisé le président Tebboune. Il a fait observer que le problème ne réside pas dans le manque de moyens financiers, car «l’argent ne manque pas et nous n’arrêtons pas de nous approvisionner en médicaments», a-t-il dit, tout en qualifiant ces perturbations d’«anormales».
Il a précisé que 37 inspecteurs de la présidence de la République ont été mobilisés pour mener cette enquête. Une enquête qui semble avoir été lancée depuis plusieurs semaines, puisque les organismes impliqués directement ou indirectement dans la gestion des médicaments ont été convoqués par les différentes institutions concernées ces derniers mois.
La PCH, le groupe Saidal, les ministères de la Santé et de l’Industrie pharmaceutique ont été destinataires, ces derniers mois, selon certaines indiscrétions, de courriers du gouvernement exigeant des explications des responsables de ces ruptures. Des comptes-rendus justifiant les défaillances sur chaque produit concerné par la rupture ou sous tension ont été soumis au Premier ministère.
L’épisode de la pénurie des anticancéreux dans les hôpitaux durant une année, dont le méthotrexate indiqué dans la prise en charge de certains cancers pédiatriques, avait fait couler beaucoup d’encre et c’est à partir de là que l’enquête aurait été lancée.
Par ailleurs, les inspecteurs de l’Inspection générale de la Présidence ont également visité les pharmacies de ville, ces derniers mois, et interrogé des pharmaciens sur certains médicaments essentiels en rupture, dont certains prescrits pour la prise en charge des maladies digestives, gynécologie-obstétrique, dermatologie, maladies respiratoires et cancers.
Ces ruptures concernent autant «l’importation que la production nationale», affirment certains pharmaciens d’officine. «Les raisons des ruptures ou des tenions varient d’un produit à un autre, et elles sont nombreuses. Il y a parfois un médicament interdit à l’importation puisqu’il est fabriqué localement, mais qui tombe en rupture car le producteur n’a pas respecté ses engagements.
D’autres produits le sont également pour des raisons réglementaires ou bien à cause de certaines procédures et puis il y a la Covid-19 qui a perturbé le marché mondial», nous confie un pharmacien d’officine. Au niveau de l’hôpital public, la problématique est plus complexe, en plus de tous les dysfonctionnements qui caractérisent ces établissements en termes d’organisation et de gestion, les dettes accumulées auprès de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) sont de l’ordre de 220 milliards de dollars.
Ce qui ne leur permet pas de s’approvisionner en quantités suffisantes en médicaments et autres produits pharmaceutiques, et c’est aussi le cas pour la PCH, qui a également des dettes auprès des banques publiques.
Des données qui seront probablement avancées dans les résultats de cette enquête, que le chef de l'Etat a promis de communiquer une fois celle-ci terminée, tout en rappelant que l’Inspection générale de la présidence de la République a été créée à l'effet de mener ce genre d'enquêtes.
A une question sur l'existence de «lobbies» dans le secteur du médicament, le président de la République a répondu que les lobbies existent dans tous les secteurs et rappelle qu’il a déjà donné des instructions pour l'importation dans l'immédiat de médicaments en rupture de stock «pour contrecarrer ces lobbies».