Pénurie de médicaments : Producteurs et importateurs sommés de libérer leurs stocks

23/08/2022 mis à jour: 13:00
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Photo : D. R.

Épisodiquement des médicaments disparaissent, totalement ou partiellement, des officines. Parfois, ce sont carrément les hôpitaux qui sont touchés.

Les producteurs et les importateurs de médicaments disposent de cinq jours pour approvisionner, en quantité, les officines en produits «sous tension». C’est ce qu’a indiqué, dimanche, dans un communiqué le ministère de l’Industrie pharmaceutique, qui, pour l’occasion, brandit la menace de sanctions à l’égard de ceux qui ne s’y conforment pas.

«Dans le cadre de la veille sur la disponibilité des produits pharmaceutiques, et suite aux signalements des membres de l’observatoire concernant des perturbations d’approvisionnements ayant affecté plusieurs médicaments notamment essentiels, l’ensemble des établissements pharmaceutiques de fabrication, d’importation et de distribution de gros sont instruits, au titre de la présente note, à l’effet de mettre toutes les quantités disponibles en stock en médicaments actuellement sous tension à la disposition des officines, et ce, dans un délai n’excédant pas les cinq jours», a indiqué le département dirigé par Lotfi Benbahmed dans cette note.

Celui-ci ne précise pas, néanmoins, de quels produits il s’agit. Il faut dire que des pénuries de médicaments sont signalées périodiquement, mais c’est l’une des rares fois où les autorités reconnaissent l’existence de ces «tensions».

Cela, même si le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, et après avoir qualifié ces perturbations dans l’approvisionnement des officines «d’anormales», a annoncé, au mois d’avril dernier, lors d’un entretien télévisé avec des médias nationaux, que l’Inspection générale de la Présidence allait mener une enquête «sur les raisons de la pénurie de certains médicaments».

A cet effet, sans pointer du doigt ces producteurs et importateurs, le ministère rappelle, dans son communiqué, que «les établissements pharmaceutiques de fabrication et/ou d’importation sont tenus de respecter les programmes prévisionnels de fabrication et de livraison et de déclarer à la direction de la veille stratégique, trois mois à l’avance, tous les changements dans ces programmes». Il ajoutera que «des inspections seront diligentées en vue de vérifier le respect des dispositions de la présente note».

Des usines fonctionnant au ralenti ?

Le département de Lotfi Benbahmed indique, en dernier lieu, que «toute pratique illégale de spéculation, de rétention ou de ventes concomitantes sera sanctionnée conformément à la législation et la réglementation en vigueur». S’agit-il donc de «spéculation» ou de «rétention» ?

Le ministère n’en dira pas plus. Ce qui est certain, c’est qu’épisodiquement des médicaments disparaissent, totalement ou partiellement, des officines. Parfois, ce sont carrément les hôpitaux qui sont touchés. Au mois de janvier dernier, des responsables du Syndicat national des pharmaciens d’officine (Snapo) ont évoqué des tensions concernant près de 300 médicaments. Durant l’été, le Pr Kamel Bouzid, chef de service oncologie au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC), a encore une fois tiré la sonnette d’alarme au sujet des anticancéreux.

De son côté, le président de l’Association nationale des pharmaciens (ANPHA), Moadh Tabainet, a estimé que cette note du ministère était «attendue» dans la mesure où la consommation de certains produits ces derniers temps a «augmenté». S’exprimant sur le site «Sabqpress», il a évoqué par ailleurs les vacances d’été, durant lesquelles les entreprises ne fonctionneraient pas avec la totalité de leurs moyens, comme étant l’une des raisons de la baisse de la production.

Dans cette note du ministère de l’Industrie pharmaceutique, il est demandé aux producteurs, importateurs et distributeurs de gros, de mettre «toute les quantités disponibles en stock en médicaments actuellement sous tension à la disposition des officines». Ce qui voudrait dire qu’il s’agit d’une pénurie relative aux médicaments vendus en pharmacie et non distribués aux hôpitaux.

 

 

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