Séoul, Washington et Tokyo ont appelé hier tous les Etats membres de l’ONU à rapatrier les ressortissants de Corée du Nord travaillant à l’étranger, affirmant que les Nord-Coréens financent le programme illégal d’armement de Pyongyang et échappent aux sanctions internationales.
En vertu d’une résolution de l’ONU de 2017, les pays avaient jusqu’en décembre 2019 pour renvoyer les Nord-Coréens travaillant chez eux, essentiellement en Chine et en Russie, mais aussi en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
Les émissaires sud-coréen, japonais et américain pour la Corée du Nord ont toutefois estimé hier, au cours d’une rencontre trilatérale à Séoul, que les Nord-Coréens de l’étranger continuaient d’aider Pyongyang à financer ses programmes militaires.
«Les informaticiens de la RPDC (République populaire et démocratique de Corée, le nom officiel de la Corée du Nord) à l’étranger continuent d’utiliser de fausses identités et nationalités pour échapper aux sanctions du Conseil de sécurité de l’ONU et se procurer des revenus à l’étranger qui financent les programmes illégaux d’armes de destruction massive et de missiles balistiques de la RPDC», ont déclaré les émissaires dans un communiqué.
«Nous sommes également très préoccupés par la manière dont la RPDC soutient ces programmes en volant et en blanchissant des fonds, ainsi qu’en recueillant des informations par le biais d’activités cybernétiques malveillantes», ont-ils ajouté.
Pyongyang a «volé» jusqu’à 1,7 milliard de dollars en cryptomonnaies rien que l’année dernière, ont-ils encore dit. En 2019, des analystes avaient déclaré que Pékin et Moscou - les principaux alliés de Pyongyang - délivraient des visas aux travailleurs nord-coréens afin de se garantir un approvisionnement continu en main-d’œuvre bon marché.
Nous «appelons tous les Etats-membres de l’ONU à mettre pleinement en œuvre les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, (...) à rapatrier tous les travailleurs nord-coréens qui gagnent de l’argent dans leurs juridictions», ont déclaré les trois envoyés.
En 2022, la Corée du Nord s’est déclarée puissance nucléaire «irréversible». Cette année, le dirigeant Kim Jong Un a ordonné à son armée d’intensifier les exercices afin de se préparer à une «vraie guerre».
Les émissaires ont «fermement condamné les tirs répétés de missiles balistiques par la RPDC, ainsi que sa rhétorique d’escalade et de déstabilisation liée à l’utilisation d’armes nucléaires». Et de «regretter que la RPDC continue d’ignorer les difficultés de son peuple et choisisse au contraire de consacrer ses maigres ressources à ses programmes» d’armement.
Toujours vendredi, la Corée du Sud a annoncé que le Nord avait brusquement cessé de répondre aux appels téléphoniques de routine qui ont normalement lieu deux fois par jour via une ligne directe militaire et le canal de communication intercoréen. «Nous surveillerons la situation, y compris la possibilité de pannes dans les lignes de communication dans le Nord», a souligné le ministère sud-coréen de l’Unification.
La Corée du Nord a interrompu à plusieurs reprises la ligne directe intercoréenne dans le passé, pour des raisons allant de problèmes techniques à des manœuvres militaires communes américano-sud-coréennes. En 2021, elle a rétabli cette ligne directe environ un an après sa déconnexion pour protester contre l’envoi par des civils sud-coréens de tracts antigouvernementaux en Corée du Nord.