Les douceurs ramadhanesques semblent un lointain souvenir pour les Ghazaouis. Au 22e jour du mois sacré, les habitants de l’enclave martyrisée continuent à compter leurs morts sans connaître un instant de paix.
Décidément, les Ghazaouis n’auront pas connu un seul jour de répit depuis le début de ce Ramadhan 2024. En ce 22e jour du mois sacré correspondant au 178e jour de la guerre, la population civile de Ghaza continue à compter ses morts.
D’après le ministère de la Santé du gouvernement Hamas, six massacres ont été commis au sein de ce territoire dévasté en l’espace de vingt-quatre heures, soit entre dimanche soir et lundi matin, faisant 63 morts et 94 blessés, touchés par des bombardements nocturnes.
A la lumière des dernières pertes enregistrées, le bilan global de la guerre contre Ghaza a grimpé à 32 845 morts et 75 392 blessés.
Les chiffres fournis par le ministère de la Santé ne tiennent pas compte des victimes de l’opération menée par les troupes israéliennes à l’hôpital Al Shifa et dont elles se sont retirées hier, laissant derrière elles un vaste champ de ruines et de désolation.
Pour rappel, l’armée sioniste a donné l’assaut contre le complexe médical Al Shifa le 18 mars et a continué à mener des attaques d’envergure dans et autour de l’hôpital jusqu’à ce lundi (ndlr, hier).
«Des chars et des véhicules de l'armée israélienne ont quitté l'enceinte de l'hôpital où ils étaient entrés deux semaines auparavant», rapportait hier l’AFP.
«L'armée a tiré des obus pour couvrir le retrait de ses chars et a quitté le quartier d'Al Rimal pour se diriger au sud-ouest de Ghaza-ville, vers le quartier de Tell Al Hawa», a ajouté l’agence française.
L’hôpital de Deir Al Balah attaqué
Les forces d’occupation israéliennes ont provoqué, une nouvelle fois, une épouvantable catastrophe humanitaire. «Le porte-parole de la Défense civile à Ghaza, Mahmoud Bassal, a affirmé qu'environ 300 personnes sont tombées en martyrs dans le complexe Al Shifa et ses environs, après le retrait des forces d'occupation», a indiqué, hier, le Centre palestinien d’information.
La même source précise que «les bâtiments du complexe Al Shifa ont été incendiés ou détruits et l’hôpital est complètement hors service». Le Bureau des médias dans la bande de Ghaza a affirmé de son côté que l’opération Al Shifa a provoqué la destruction de quelque 1050 logements situés à proximité de l’hôpital.
Dimanche, l’armée israélienne a bombardé un autre établissement hospitalier, en l’occurrence l’hôpital Shouhada Al Aqssa, à Deir El Balah, au centre de la bande de Ghaza, faisant au moins 4 morts et 17 blessés. Le raid israélien a visé des tentes de déplacés installées dans la cour de cet hôpital.
Parmi les blessés, on dénombre plusieurs journalistes, selon la BBC et Al Jazeera. «Sept journalistes, dont un indépendant travaillant pour la BBC, ont été blessés lors d'une frappe aérienne israélienne visant la cour de l'hôpital des Martyrs d'Al Aqsa à Ghaza», rapportait hier BBC News Arabic sur son site officiel. «La BBC a également appris que quatre membres du mouvement Jihad islamique avaient été tués dans cette attaque», soutient la même source.
Le chef de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré via le réseau X qu’une équipe de son organisation était à l’intérieur de l’hôpital lorsqu’a eu lieu cette attaque. «L'équipe était en mission humanitaire à l'hôpital Al Aqsa à Ghaza lorsqu'un camp de tentes implanté à l'intérieur de l'enceinte de l'hôpital a été touché aujourd'hui (dimanche, ndlr) par une frappe aérienne israélienne.
Quatre personnes ont été tuées et 17 autres ont été blessées». «L'équipe était à l'hôpital pour évaluer les besoins et collecter les incubateurs à envoyer au nord de Ghaza», a indiqué M. Ghebreyesus. «Nous appelons à nouveau à la protection des patients, du personnel de santé et des missions humanitaires. Les attaques en cours et la militarisation des hôpitaux doivent cesser. Le droit international humanitaire doit être respecté», a-t-il insisté.
Le Hamas salue la résistance des Ghazaouis
Face aux atrocités subies quotidiennement par la population de Ghaza depuis près de six mois maintenant, le mouvement Hamas s’est fendu avant-hier d’un communiqué à travers lequel il a tenu à exprimer sa «gratitude envers notre peuple résistant à Ghaza», saluant «son endurance durant la bataille du Déluge d’Al Aqsa» et qui, ajoute le communiqué, «tient vaillamment tête aux projets de l’occupant sioniste et sa guerre génocidaire».
Hamas souligne que «le gouvernement d’urgence dans la bande de Ghaza a suivi toutes les crises ayant résulté de la guerre et a veillé avec l’appui de tous les partenaires, les élites, les familles et l’ensemble des composantes nationales, à faire face à ces crises».
«Les cellules d’action du mouvement et celles des factions et des comités populaires ont œuvré à résoudre les crises provoquées par l’occupant», poursuit le communiqué.
Le Hamas insiste sur le fait que les forces d’occupation «ont ciblé tous les secteurs de la vie» dans la bande de Ghaza et «ont assassiné des cadres impliqués dans l’action gouvernementale et civique qui sont tombés en martyrs par centaines».
Les cadres ciblés étaient particulièrement ceux des départements de l’Intérieur, de la Santé et des organismes de secours, précise le communiqué du Hamas, dans le but de «frapper le système gouvernemental et le dispositif des urgences».
Malgré l’ampleur de la dévastation à Ghaza, le parti qui gouverne l’enclave palestinienne depuis 2007 assure qu’un «succès relatif a été réalisé dans le contrôle de la situation sécuritaire et la sécurisation des convois d’aide humanitaire».
Il dit également faire la chasse aux «hors-la-loi grâce à l’interconnexion entre le ministère de l’Intérieur, les Comités de protection populaires et les composantes nationales, avec l’implication de l’ensemble de notre peuple».
La formation dirigée par Ismaïl Hanniyeh a affirmé, en outre, que des mesures ont été prises contre la spéculation, «dans le but de contrôler les prix et d'empêcher les monopoles».
Le Hamas a tenu enfin à s’excuser «pour toute perturbation que nous avons tardé à traiter», écrit-il, et «pour tout dépassement que nous avons tardé à combattre et pour toute mauvaise conduite qui, intentionnellement ou non, a causé l'épuisement de notre peuple».
Réunion virtuelle sur Rafah
Alors que la guerre menée avec acharnement par Israël contre Ghaza est sur le point de boucler, nous le disions, son sixième mois, le Premier ministre israélien a une nouvelle fois rappelé sa détermination à lancer une vaste offensive contre Rafah, faisant fi des retombées catastrophiques d’une telle intervention.
Lors d’un point de presse organisé avant de subir une intervention chirurgicale pour une hernie, Netanyahu a déclaré, selon des propos cités par le site aljazeeramubasher.net : «Nous avons approuvé les plans opérationnels visant à envahir Rafah».
Il a ajouté : «Les informations obtenues par nos combattants lors de l’opération Al Shifa nous aident à déterminer l’emplacement des militants». «Nous entrerons dans Rafah et éliminerons le Hamas, et sans cela, il n’y aura pas de victoire», a-t-il répété.
Il a souligné dans la foulée : «Le gouvernement travaille à évacuer la population avant de prendre d’assaut Rafah (...) et nous entrerons dans la ville malgré l’opposition du président américain (Joe) Biden.» Une réunion virtuelle devait se tenir hier entre des responsables israéliens et américains autour justement de cette opération, selon l’AFP.
Cette réunion intervient, une semaine après l’annulation de la visite d’une délégation israélienne qui devait se rendre à Washington.
Tel-Aviv avait peu apprécié le fait que les Américains n’aient pas opposé leur veto – comme ils le font habituellement – à la résolution adoptée par le Conseil de sécurité ordonnant un cessez-le-feu immédiat à Ghaza.