Parcours d’Anatomie d’une Chute jusqu’aux Oscars : «Je suis tellement heureuse, ça veut dire que les films traversent les frontières»

13/03/2024 mis à jour: 22:04
AFP
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La réalisatrice et scénariste française, Justine Triet, remet son Oscar du meilleur scénario original Anatomy Of A Fall lors de la 96e cérémonie annuelle des Oscars au Dolby Theatre à Hollywood, Californie, le 10 mars 2024

La réalisatrice française Justine Triet a confié son émotion après le parcours exceptionnel de son film Anatomie d’une chute, récompensé dimanche par l’Oscar du meilleur scénario.
 

Je suis tellement heureuse, ça veut dire que les films traversent les frontières», a-t-elle déclaré à la presse dans les coulisses de la cérémonie. «C’est un énorme soulagement pour tout le monde car nous avons commencé la course en septembre», a-t-elle confié à l’AFP. 

«Nous avons fait un film indépendant en France avec un budget modeste, donc cela signifie beaucoup pour l’avenir.» Depuis la Palme d’or en mai, le film a accumulé les récompenses internationales avec deux Golden Globes un Bafta (équivalent d’un César britannique) et plusieurs prix des critiques américains. S’il n’a rien pu faire face au rouleau-compresseur Oppenheimer pour l’Oscar du meilleur film, ce drame judiciaire qui chronique la dégringolade d’un couple n’en signe pas moins un très beau parcours. Avec cinq nominations, il s’est imposé comme le meilleur représentant du cinéma français outre-Atlantique depuis Amour, Oscar du meilleur film étranger en 2013, et The Artist, qui avait raflé cinq statuettes en 2012. 
 

Campagne ingénieuse 

Aux Etats-Unis, le long métrage a été promu par Neon, le distributeur qui avait permis à Parasite, du Sud-Coréen Bong Joon-ho, de triompher aux Oscars en 2020 avec six statuettes, dont celle du meilleur film. Des professionnels reconnus, sur lesquels Justine Triet s’est appuyée pour réaliser une campagne ingénieuse. «Ce n’est pas du tout mon métier, moi je suis quelqu’un qui travaille dans l’ombre», confiait-elle lors d’un passage en février à Los Angeles, où elle enchaînait les journées à rallonge. Neon a su rebondir lorsqu’Anatomie d’une chute a été snobé par la commission chargée de sélectionner le représentant français pour l’Oscar du meilleur film international, au profit de La Passion de Dodin Bouffant, qui n’a pas été nommé. 

Le distributeur a ainsi publié un communiqué pour rappeler que la Palme d’or était éligible dans toutes les autres catégories. Et organisé l’omniprésence de Justine Triet dans la presse nord-américaine : Telluride, Toronto, New York... la réalisatrice a fait la tournée des festivals à l’automne. Ces allers-retours incessants entre la France et les Etats-Unis ont nourri le succès critique du film, à tel point que Barack Obama l’a inclus dans son top 10 des meilleurs films de 2023. Prise dans le tourbillon promotionnel, Justine Triet se disait surprise par «le côté enthousiaste de la campagne», en février. «C’est un truc assez fou que je n’avais pas imaginé.» Car Neon a multiplié les bonnes idées susceptibles de plaire aux Américains, comme créer des affiches pour Messi, le chien du film, plébiscité par les internautes pour sa capacité à simuler une overdose.
 

Chien star 

Le border collie avait même fait le voyage aux Etats-Unis pour le déjeuner des Oscars en février, et il est revenu pour assister à la cérémonie dimanche, assis confortablement sur un fauteuil rouge. «Il est incroyable», a salué le maître de cérémonie, Jimmy Kimmel, à l’adresse du toutou. «On s’est tous fait voler la vedette par Messi. (...) Toutes les stars sont venues le voir en voulant poser avec lui», s’étonnait Justine Triet en février. 

Neon a également vendu  Anatomie d’une chute avec d’autres arguments qu’en France. Plus qu’une plongée dans l’intimité d’un couple, le distributeur a promu le film comme un thriller, avec une question majeure : l’écrivaine incarnée par Sandra Hüller est-elle coupable ? Le distributeur a été jusqu’à organiser une lecture publique du scénario à Los Angeles par des figures bien connues d’Hollywood : Bob Odenkirk, star de la série Better Call Saul, l’actrice Riley Keough, petite-fille d’Elvis Presley, et Jay Ellis (Top Gun: Maverick). Une stratégie fondée sur le buzz qui a permis à ce film d’auteur très français, pur produit de l’exception culturelle défendue par Justine Triet à Cannes, de se faire remarquer par le gratin du cinéma américain. Pendant la campagne, la réalisatrice a pu croiser Meryl Streep, Martin Scorsese ou encore Steven Spielberg. Ce dernier «a beaucoup aimé le film», racontait-elle en février.  
 

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