Palestine : L’heure du compte à rebours de la décolonisation doit sonner

27/11/2023 mis à jour: 01:17
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Voilà plus d’un mois et demi que l’armada israélienne bombarde sans répit et avec une violence inouïe Ghaza. Bien que l’enclave palestinienne soit densément peuplée, Israël ne fait pas dans le détail et les civils en payent le prix fort. Les enfants sont les premières victimes : des milliers de morts et de blessés ! Même les bébés en couveuse font les frais de cette barbarie sans nom. 

La guerre ne ravage pas uniquement Ghaza. Les Israéliens continuent à ce jour leur politique de pillage de nouvelles terres en Cisjordanie et n’hésitent pas à passer à l’acte pour se débarrasser de leurs propriétaires. Plusieurs centaines de Palestiniens ont ainsi été tués. 

Même le personnel des organisations internationales est aussi la cible des tirs israéliens. L’ONU a perdu plus d’une centaine de ses membres et selon l’OMS plus de 500 personnes, dont des médecins et des soignants, ont été tuées au cours d’attaques contre les centres de santé. Près d’une cinquantaine de journalistes ont été tués dans des bombardements israéliens.
 

Le blocus imposé par Israël à Ghaza a atteint les sommets de l’inhumanité. Les habitants ne disposent pas des éléments essentiels à leur survie et n’ont pas droit à l’ouverture de couloirs humanitaires. Sans nourriture, sans eau potable et sans médicaments, ils sont sous la menace de la famine, de la soif et d’éventuelles épidémies. A cause de la pénurie de carburant, les générateurs électriques sont hors service. C’est pourquoi, les services hospitaliers sont fortement perturbés. Par ailleurs, le réseau étant souvent interrompu, c’est le black-out total et l’enclave est coupée du reste du monde au plan des communications. 

Dans le nord, tout n’est que ruine et désolation et des centaines de milliers de Palestiniens sans foyer sont condamnés à l’errance. Après les bombardements, les chars et les bulldozers. Jusqu’à quelle extrémité Israël ira-t-il ? Se prépare-t-il à un génocide du peuple palestinien en effaçant Ghaza de la carte ? Veut-il la transformer en un immense charnier et ses hôpitaux dont les trois quarts sont à l’arrêt, en mouroirs ? 

Veut-il infliger aux Palestiniens 75 ans plus tard une nouvelle Nakba, après celle de 1948 ? Nourrit-il l’espoir secret de les chasser de Ghaza pour s’approprier de nouveaux territoires? 

La colère monte aux quatre coins de la planète. Les manifestations sont massives et l’opinion mondiale est de plus en plus dans le rejet de la politique d’agression d’Israël contre les populations civiles. La vérité longtemps cachée est en train de percer. L’apartheid et le nettoyage ethnique que subissent les Palestiniens sont montrés du doigt et dénoncés. Un pas qualitatif important vient d’être franchi par la question palestinienne. 

Elle a acquis une plus grande centralité dans le débat international et elle est devenue un sujet politique, dont de larges secteurs d’opinion se sont emparés dans le monde. Après des décennies d’«oubli», la Palestine revient à la lumière.  Les lignes, ainsi ont bougé depuis octobre 2023. L’Arabie Saoudite a suspendu les accords d’Abraham qu’elle s’apprêtait à conclure officiellement avec Israël.

 Pour la première fois depuis le conflit, les Etats-Unis se sont abstenus au dernier Conseil de sécurité et fait important, ils proposent une feuille de route politique de sortie de crise. Un arrêt temporaire de quelques jours des bombardements israéliens vient d’être acté au prix de négociations qui ont permis la libération des premiers prisonniers politiques palestiniens et d’otages israéliens. 

Plus généralement, il est possible d’affirmer que la solution politique à deux Etats, l’un palestinien, l’autre israélien est sortie des oubliettes mais le chemin pour y parvenir reste encore parsemé de très nombreux obstacles. Jouer de la grosse caisse depuis des décennies en criant à tue-tête : «Persécutée ou persécutrice, nous sommes avec la Palestine» n’avance pas à grand-chose. 

De tels slogans cachent mal une posture d’opportunisme et sont beaucoup plus un masque derrière lequel se dissimulent une réelle impuissance politique, un aveu d’échec face à un ennemi devenu superpuissant et des pays arabes qui n’ont pas encore eu l’audace de dénoncer les accords d’Abraham. Au lieu de discours enflammés, la Palestine a besoin d’actes concrets pour sortir d’une crise qui dure depuis trois quarts de siècle. Il est grand temps de quitter le registre de l’émotion, car on ne construit rien de conséquent dans la surenchère et l’outrance. 
 

Le premier pas décisif vers la paix passe aujourd’hui par la promulgation d’un cessez-le-feu immédiat. Non seulement le massacre des Palestiniens doit cesser mais l’heure du compte à rebours de la décolonisation doit sonner. 

L’urgence désormais est de s’asseoir autour de la table des négociations pour commencer à esquisser les contours d’une solution juste à l’endroit du peuple palestinien, dont le noyau principal doit être la reconnaissance de son droit inaliénable à l’obtention d’un état national souverain viable sur la base de la résolution 242 de 1967 du Conseil de sécurité de l’ONU.

 

Par Moulay Idriss Chentouf
Porte-parole du PLD

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