La wilaya de Tipasa connaît le développement du secteur de l’agro-alimentaire. Parmi les entreprises qui ont un grand succès, la société Cebon. C’est à Fouka que nous avons pu rencontrer son directeur commercial et porte-parole, qui a accepté de revenir sur le succès de la pâte à tartiner El Mordjene et la décision de la France d’interdire la commercialisation de ce produit sur son territoire.
Propos recueillis par M’hamed Houaoura
Expliquez-nous les tenants et les aboutissants de la décision de l’Union européenne (UE) d’interdire l’importation de la pâte à tartiner El Mordjene Cebon ?
Je dois vous informer que notre société n’a pas été saisie officiellement par un organisme européen. Les opérateurs exportateurs de nos produits, notamment la pâte à tartiner, avaient été saisis sur l’interdiction d’accès de notre produit en France, et donc par ricochet au marché européen. Auparavant, à la demande des opérateurs algériens, nous avons fourni tous les documents exigés par la réglementation afin de permettre à notre produit d’être commercialisé en Europe. C’est à partir de là que l’interdiction a été décidée. Il n’en demeure pas moins que des demandes émanant d’autres pays d’Asie, d’Afrique, des pays arabes, de Russie ne cessent d’affluer. Nos produits sont demandés partout dans le monde.
La décision de l’UE est inattendue et difficile pour votre société…
Au contraire, la décision de la France et de l’UE nous a énormément servis. Nous sommes mobilisés pour améliorer la qualité de nos produits et satisfaire les besoins des marchés. Cette décision a le mérite de nous permettre de mieux nous imprégner du volet juridique inhérent à l’exportation de nos produits. Les spécialistes français ont relevé que notre marchandise a été fabriquée à base de lait. Je pense qu’ils ont ignoré que la poudre de lait contenue dans notre pâte à tartiner provient de France. Donc, ce n’est pas une poudre de lait algérienne qui est exportée en Europe. Cette interdiction a dévoilé beaucoup de choses.
C’est à nous de trouver les meilleurs moyens pour abattre les obstacles. D’ailleurs, les bureaux des différents ministères : Commerce, Agriculture, Industrie sont ouverts pour nous expliquer les aspects juridiques relatifs aux opérations d’exportation. Même les transitaires, la Douane algérienne se sont montrés disponibles pour nous éclairer sur certains points, afin de nous permettre de faire entrer nos produits sur le marché européen. La décision de la France nous a en quelque sorte éveillés.
Certaines voix parlent d’un conflit avec la société italienne, Nutella. Qu’en est-il au juste ?
Il faut d’abord rendre hommage à cette entreprise italienne Nutella, qui continue à ce jour à nourrir les consommateurs du monde entier avec son produit, qui est d’excellente qualité, faut-il le souligner. Avec notre produit El Mordjene la pâte à tartiner, nous n’avons la prétention de dire que le nôtre est meilleur que celui de Nutella, ou de toute autre marque. Ce qui est important pour El Mordjene, je le répète, c’est de fabriquer un produit qui satisfait les besoins du consommateur. Maintenant, si notre pâte a fait le buzz sur les marchés du monde entier, c’est grâce à sa qualité et son goût. Pour terminer je vous informe que notre usine d’Oran produit uniquement le chocolat. Nous sommes optimistes. Les investisseurs et les opérateurs algériens sont en mesure de produire d’excellentes choses, non seulement dans l’agroalimentaire, mais aussi dans les services des autres secteurs. Il suffit d’y croire, de se sacrifier et être optimistes.
C’est phénoménal ce qui vient de vous arriver…
Nos produits (pâte à tartiner, ndlr), fabriqués à base de noisette fraîche, blanche et noire, ont connu un succès en un laps de temps très court. Pour valoriser la pâte à tartiner, nous avons fait participer tous les employés et l’ensemble des membres de leurs familles. Nous avons tenu compte de leurs observations.
C’est à partir de là qu’il a été décidé de mettre cette nouvelle version de la pâte à tartiner sur le marché. La saison estivale enregistre l’arrivée de nos compatriotes venus de France et d’autres pays. Ils ont consommé et apprécié nos deux produits pendant leurs vacances. Des youtubeurs ont réalisé des vidéos. Voilà comment notre pâte à tartiner a connu le succès. Notre société s’attendait au succès, en raison de la qualité et du goût de notre pâte à tartiner, mais pas en un temps record.
La pâte à tartiner a-t-elle chamboulé votre programme ?
Bien entendu, nous nous sommes tous adaptés aux exigences des marchés, national et étranger. Notre production ne s’est pas arrêtée après le blocage à l’exportation vers la France et les marchés de l’UE de nos deux produits. El Mordjene fabrique des produits de très bonne qualité, appréciés par les consommateurs. Notre société est un cas d’école. Nous avons été primés durant les 3 dernières années par un organisme national, Ikhtiyari. En dépit de tout le succès enregistré, nous gardons toujours les pieds sur terre. Nous n’avons pas investi dans la publicité pour nos produits.
C’est la solidarité nationale envers El Mordjene, depuis le simple citoyen jusqu’au sommet de l’Etat algérien, qui nous encourage à persévérer. Le soutien et l’encouragement des hautes autorités de l’Etat, de la wilaya de Tipasa, des industriels algériens, des associations, des youtubeurs et des citoyens anonymes auront été un élément qui démontre l’état d’esprit de l’Algérien, quand il s’agit de défendre les produits «made in Algeria».
Chacun propose ses idées techniques et juridiques pour trouver les solutions dont a besoin notre société. Nous nous attelons à respecter notre feuille de route, avec cette obstination de créer un produit qui plaît aux consommateurs. «Avec les produits El Mordjene, tu resteras toujours heureux (ferhane, ndlr)», c’est notre slogan.