67 chefs d’Etats du Sud-Global, d’Amérique latine, d’Asie, et d’Afrique et des Caraïbes ont été invités par le président sud-africain pour participer à des événements connexes au Sommet, et dont une quarantaine ont confirmé leur présence. Une vingtaine de chefs d’organisations internationales ont également été conviés au Sommet, dont le secrétaire général des Nations unies et celui de l’Union africaine.
Le sommet, qui a fait couler tant d’encre ces dernières semaines, va ouvrir ses portes demain à Johannesburg, où les dirigeants des pays membres des BRICS donneront une nouvelle orientation pour l’avenir de leur groupe. Du 22 au 24 août, l’Afrique du Sud sera la «qibla» (direction d’orientation) pour le grand Sud-Global.
En effet, outre les pourparlers entre dirigeants des BRICS, le sommet de Johannesburg prendra également la forme d’un grand forum pour les pays du Sud qui aspirent à avoir voix au chapitre dans le nouvel ordre mondial multipolaires en gestation.
Le contexte géopolitique donne d’ailleurs à ce forum un caractère de rassemblement pour la réforme du système politique et économique mondial. Que l’Afrique accueille ce Sommet est tout un symbole. Car c’est le continent qui a payé le prix le plus fort de la domination économique mondiale et de ses institutions et mécanismes d’endettement.
C’est aussi en plein débat sur le parachèvement de la décolonisation effective du continent, que les regards se tournent vers le Sommet des BRICS auquel prendront part les invités du président sud-africain, Cyril Ramaphosa, le président chinois Xi Jinping, le président brésilien Inacio Lula da Silva et le Premier ministre indien Narendra Modi.
Le président russe Vladimir Poutine, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale, y prendra part par visio-conférence en sus d’être représenté par son ministre des Affaires étrangères, Serguei Lavrov.
67 chefs d’Etats du Sud-Global, d’Amérique latine, d’Asie, d’Afrique et des Caraïbes ont été invités par le président sud-africain pour participer à des évènements connexes au Sommet, et dont une quarantaine ont confirmé leur présence. Une vingtaine de chefs d’organisations internationales ont également été conviés au sommet, dont le secrétaire général des Nations unies et celui de l’Union africaine.
Cette 15e édition du Sommet des BRICS revêt une importance singulière, notamment en étant la première depuis la pandémie de Covid-19 et se déroulant en pleine guerre en Ukraine qui a ajouté une pression supplémentaire à une économie mondiale post-Covid bien fragilisée.
Le grand forum diplomatique de Johannesburg sera un test pour savoir quelle direction prendront les économies émergentes guidées par les cinq pays BRICS qui sont décidés à promouvoir et intégrer le multilatéralisme dans la prise de décision concernant l’avenir de la planète.
Elargissement et dédollarisation
«La réunion de Johannesburg permettra d’insuffler une nouvelle vitalité au bloc et d’apporter de nouvelles certitudes à un monde de plus en plus instable en promouvant la coopération plutôt que le découplage et en défendant le multilatéralisme plutôt que l’unilatéralisme», indique le quotidien chinois China Daily.
L’agenda de ce 15e sommet comprend des forums et des discussions à huis clos entre les dirigeants du bloc des cinq. Parmi les questions qui seront discutées, figure celle de l’élargissement du nombre des pays membres du groupe des pays émergents.
23 pays ont déjà formulé une demande officielle d’adhésion et attendent le verdict des BRICS. Des analystes estiment peu probables que de nouvelles adhésions soient annoncées lors de ce sommet, tant que les critères d’intégration d’un nouveau membre n’ont pas encore été discutées et acceptées de manière consensuelle.
Cet engouement pour faire partie de cet ensemble au départ économique et revêtant de plus en plus un caractère politique, s’explique par le poids grandissant des BRICS en termes d’acquis et d’influence.
Les pays du Sud expriment ainsi un intérêt pour une réforme de l’ordre mondial, actuellement sous domination occidentale. Le principe de l’expansion des BRICS a déjà été évoqué par lors du 14e sommet qui s’est déroulé en Chine, et aujourd’hui il sera question de définir comment et qui intégrer.
Outre l’agrandissement de la famille des BRICS, il sera également question, lors de ce grand rendez-vous économico-diplomatique, des échanges en favorisant les monnaies locales pour faire barrage à la «domination du billet vert». Les économistes des BRICS préfèrent parler de promotion des monnaies locales dans un premier temps avant d’arriver à une dédollarisation des échanges.
La monnaie principale de la NDB, Banque de développement des BRICS demeure le dollar. Il faut s’attendre, indiquent des observateurs, à ce que le débat du Sommet préconise des réformes «du système de gouvernance économique internationale, y compris un débat politique sur la prédominance du dollar américain et de l’euro dans les échanges commerciaux et transactions financières». L’avenir de la NDB et son développement figureront en bonne place à l’ordre du jour des discussions des BRICS.
Cette banque montre quelques difficultés à lever des fonds, ce qui affecte le nombre de prêts qu’elle octroie, de même que ses dirigeants souhaitent renforcer leur capital en monnaie des pays membres et agréer l’adhésion de nouveaux membres.
Pour l’heure, la NDB ne prête qu’aux pays membres, alors que de nombreux pays africains ont exprimé le souhait de recevoir des prêts de cette banque afin d’échapper aux conditions lourdes des autres institutions financières internationales (FMI, ndlr).
«La mise en œuvre d’un instrument de paiement des BRICS basé sur un panier de devises faciliterait les règlements mutuels et réduirait la dépendance à l’égard du dollar américain», a noté le diplomate russe, Roman Babouchkine, dans le média Cointribune.
Les BRICS en chiffres
Le bloc des BRICS, constitué du Brésil, de la Russie, de la Chine, de l’Inde et de l’Afrique du Sud, a été créé en 2009 et se réunit une fois par an dans un des cinq pays membres.
Ce bloc prône la rupture avec le système mondial unipolaire et promeut le multilatéralisme dans les échanges et les prises de décisions. Représentant 18% du commerce international, le bloc des BRICS occupe une part de 26,7% de la surface terrestre, soit 39,7 millions de km2 et compte une population de pas moins de 3,2 milliards d’habitants.
Il s’agit de 41,5% de la population mondiale, ce qui est un facteur important dans le poids économique de cet ensemble de pays géographiquement éloignés, mais très proches dans les idées et les objectifs. Les BRICS pèsent quelques 23% du produit intérieur brut mondial et ne cesse d’accroitre ses résultats économiques.
Le média russe Sputnik, a fait une projection sur l’apport de l’adhésion de pays comme l’Algérie, l’Arabie Saoudite, l’Egypte, les Emirats Arabes Unis, le Bahreïn, l’Argentine, et l’Iran. La superficie des BRICS s’élargira de 10 millions de km2 alors que sa population augmentera de 321,7 millions d’habitants.