La mendicité est un phénomène qui s’est irrémédiablement ancré dans la société au point de se banaliser et d’être toléré partout et par tous.
Or voilà que depuis quelque temps, il a pris d’autres formes, dont certaines plus discrètes. Oui, et tout un chacun l’aura remarqué, certains ne font plus la manche comme autrefois pour demander l’aumône. Certes, la plupart sont connus des passants, notamment dans la ville d’Aïn Beïda, où ceux qui font le pied de grue dans certains points stratégiques récoltent l’aumône de façon discrète.
Ceux-là sont connus pour être vraiment dans le besoin. Mais il y en a, qui le font de manière ostentatoire en occupant les parvis des mosquées les vendredis, ou encore les places publiques qui connaissent un grand flux de passants, particulièrement les jours de marché hebdomadaire. Jusque-là, la chose peut paraître banale et n’offusque personne. Depuis quelques années, est née une autre forme de mendicité qui consiste à faire les quartiers en sollicitant les habitants à ouvrir leur bourse. Des femmes en hidjab sillonnent les quartiers et se présentent devant des maisons pour solliciter l’aide des habitants.
Une dame habitant un quartier nord de la ville d’Aïn Beida nous raconte qu’une jeune dame se présente de temps en temps chez elle pour assister quelqu’un de sa famille qui souffre d’un cancer. D’autres, ces jours-ci, profitant de la rentrée scolaire font le tour du marché avec leur progéniture et demandant de l’aide pour l’achat des fournitures scolaires. Ceci sans évoquer ceux et celles qui se présentent avec une ordonnance, priant les passants de leur payer les médicaments. L’autre jour, un jeune d’une trentaine d’années, s’aidant pour marcher d’une béquille, s’est présenté chez un habitant.
Ce dernier n’a pas tardé à lui remettre une belle somme d’argent après avoir appris que le toit de la maison dudit jeune s’est écroulé risquant d’ensevelir toute la famille. C’est dire que pour soutirer quelque argent, la mendicité a pris diverses formes, ressemblant parfois à de l’escroquerie. Abdelouahab, Slimane et Mourad, interrogés par nos soins, considèrent que cette mendicité a pris toutes sortes de facettes.
On a même signalé que des jeunes font la quête sur le bord des rues au profit de grands malades. Malheureusement, ces quêtes ne sont pas chapeautées par des associations caritatives comme cela doit être le cas et dans le respect de la loi.
Même les réseaux sociaux sont malicieusement exploités par une faune d’individus, qui se disent dans un besoin urgent soit pour subir des analyses, une lourde opération chirurgicale ou autre. Autant dire que par les temps qui courent, beaucoup profitent de la générosité des gens, mais surtout de leur crédulité pour obtenir aide et assistance sans coup férir.