Organisation des élections en Libye : Un pas en avant et deux en arrière

30/07/2023 mis à jour: 06:53
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La rivalité entre l’Est et l’Ouest empêche la Libye de sortir de la crise dans laquelle elle se trouve depuis l’assassinat de Mouamar El Gueddafi

Énième épisode du dossier des élections libyennes avec l’adoption par le Parlement de l’accord de la commission 6+6, obtenu récemment. Le Parlement a envoyé mardi 25 juillet 2023 une lettre de liaison à son partenaire, le Conseil supérieur de l’Etat, où il a évoqué la formation d’un mini-gouvernement, dont la mission essentielle est la tenue des élections et la gestion des affaires courantes. 

Laquelle question de nomination d’un nouveau gouvernement, ni la feuille de route pré élections sont loin de faire l’unanimité parmi les intervenants, locaux et étrangers, dans la crise libyenne.

La décision du Parlement a été derrière plusieurs réactions. Il y a eu, d’abord, le communiqué de la représentation spéciale de l’ONU en Libye, qui évoque, entre autres, l’ouverture par le Parlement des candidatures à la présidence du nouveau gouvernement.

Les propos de la délégation de l’ONU renvoient aux divergences, en termes de décision, entre elle et les institutions libyennes. «Les institutions libyennes se considèrent souveraines, alors que la délégation écrit ses correspondances en utilisant des ordres», selon le politologue Ezzeddine Aguil, qui ajoute que «le Parlement n’a pas ouvert les candidatures à la présidence du gouvernement».

La représentation de l’ONU serait déjà dans l’erreur où elle a essayé d’anticiper pour soutirer l’initiative des Libyens.

Ce différend a provoqué un communiqué publié le lendemain par les cinq pays occidentaux (USA, GB, France, Italie et Allemagne), soutenant la représentation de l’ONU et réclamant des «négociations politiques concernant la feuille de route, et exigeant l’association de tous les intervenants libyens».

Il est clair que les pays occidentaux veulent, eux aussi, soutirer l’initiative des Libyens et la remettre entre les mains de l’ONU. De son côté, l’Egypte a réagi, elle aussi, le jour suivant pour exprimer «son soutien à l’accord libyo-libyen».

Le communiqué des Affaires étrangères égyptiennes a demandé «de respecter les institutions» et «refusé l’ingérence de l’étranger dans les décisions souveraines».

Indépendance

Alors que toute élection est censée indépendante et éloignée des pressions, tout le monde sait que l’autorité sécuritaire en Libye est divisée. L’Est libyen et une partie du Sud sont dominés par les forces de Haftar, alors qu’à l’Ouest, c’est le règne des milices.

Le gouvernement Dbeiba, dont l’influence ne dépasse pas quelques dizaines de kilomètres autour de Tripoli, est protégé par les Turcs, souverains dans la base aérienne Watya et dans les bases militaires de Tripoli et Misrata.

L’autorité sécuritaire est donc émiettée en Libye et il serait difficile de la centraliser malgré les efforts de la commission militaire 5+5, qui a travaillé durant des années.

Face à l’absence d’une quelconque centralisation de la question sécuritaire, il serait difficile de demander la neutralité aux prochaines élections libyennes.

Des élections sous des baïonnettes opposées ne sauraient être neutres, ni indépendantes. Le processus de transition libyen mérite davantage de temps et de conditions pour mûrir.

Tunis
De notre correspondant Mourad Sellami 

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