En marge des Jeux méditerranéens, le Festival de la chanson oranaise ainsi que celui du raï se tiennent ces jours-ci simultanément à Oran, respectivement au théâtre régional d’Oran et au théâtre de verdure.
Organisée cette année sous les auspices des Jeux méditerranéens, la 13e édition du festival de la chanson oranaise réduite à trois soirées a été ouverte hier au TRO Abdelkader Alloula, en présence de la ministre de la Culture, Soraya Mouloudji.
La dimension internationale acquise à l’occasion grâce au label des JM mais surtout la nécessité de promouvoir un patrimoine qui puise ses racines dans la poésie et les pratiques musicales traditionnelles ont été mises en avant par la ministre qui, pour rappel, est issue d’une institution de recherche dans le domaine de l’anthropologie sociale et culturelle, le Crasc basé à Oran.
Initié en 2008 justement pour préserver ce style en encourageant les jeunes talents, le festival, parti de presque rien a pu, au fil des années, gagner en audience et en visibilité. C’est ce que rappelle notamment l’actuelle commissaire du FLMCO, Khalida Benbali, qui a repris le flambeau il y a cinq ans.
La soirée d’ouverture était haute en couleur avec la participation de plusieurs figures marquantes du genre dont certains sont des habitués du festival et qui ont, comme à chaque fois, impulsé une ambiance de fête dans la salle. Certains interprètes n’oublient jamais les pères fondateurs et c’est le cas notable de Maati El Hadj qui voue un profond respect à ses aînés et une admiration particulière à Ahmed Wahbi, dont il ne cesse de faire revivre une partie de son œuvre. Les passages de Houria Baba sont marquants.
Cette faiseuse d’ambiance est une véritable bête de scène qui sait à chaque fois enflammer le public. Mais avec elle c’est toujours aussi l’occasion de rendre hommage à son ancienne amie et complice sur scène : Sabah Essaghira qui a également marqué de son empreinte le style wahrani. Dans le registre féminin, Souad Bouali, dotée d’une voix exceptionnelle, est également l’une des figures incontournables contribuant à la richesse de ce patrimoine.
Le passage de Houari Benchenet a été l’un des moments forts de cette soirée. Faisant partie de la génération intermédiaire, celui-ci est l’un de ceux qui, tout en impulsant plus de modernité au genre, il continue néanmoins à faire la jonction avec la poésie du genre «melhoun» et ses contributions avec le poète Mekki Nouna ont donné des titres qui ont eu énormément de succès. Egalement plébiscité par la planète raï, sa prestation sur scène était à la hauteur d’une renommée acquise sans complaisance.
C’est la chanteuse Djahida qui a clos la soirée. Elle a interprété Ya NasAmahou…, la célèbre chanson de Ali Maachi consacrée à toute l’Algérie mais aussi une autre célébrant Oran. Tous les interprètes ont été accompagnés musicalement par l’orchestre dirigé par Kouider Berkane. Un exploit en soi pour ce spécialiste du violon qui a été l’un des instigateurs du festival.
La soirée a été interrompue subitement et prématurément vers 21h lorsque l’information concernant la secousse tellurique (enregistrée vers 20h30 mais qui n’a pas été ressentie sur place) est parvenue aux organisateurs. Cette même soirée de dimanche a également coïncidé avec l’ouverture du Festival du raï, organisé au théâtre de verdure Chakroun Hasni, à quelques encablures de là. Le coup d’envoi a été également donné par la ministre de la culture.
Délogée d’Oran il y a une quinzaine d’année pour le confier à la ville de Sidi Bel Abbès, cette manifestation, qui se tenait à Oran depuis 1985, est donc revenue au bercail le temps d’une édition spéciale de cinq soirées grâce à la tenue des Jeux méditerranéens.
Les centaines de jeunes amassés le soir devant l’entrée en attendant de pouvoir franchir le portail dénote l’importance de la soif du public pour ce genre de spectacles. Oran a donc encore une fois vibré jusque tard dans la nuit sur les rythmes du raï. Six interprètes se sont succédé sur la grande scène de cet espace de concerts plein-air parmi eux Cheikh Naam et encore une fois Houari Benchenet.
Comme prévu au programme pour chaque soirée, ces derniers ont également formé un duo de circonstance. Les interprètes sont accompagnés par le groupe de musiciens dirigé par Amine Dahane. Alors qu’un hommage particulier a été rendu à Cheb Hasni via des projections, le clou de la soirée reste néanmoins la prestation de Houari Dauphin, un chanteur-vedette également très apprécié notamment par les plus jeunes dont il a toujours su capter les préoccupations et qui le redécouvrent ici sur une grande scène dans sa ville natale.