Nouvelles négociations sur l’exploitation controversée des fonds marins

18/03/2023 mis à jour: 04:26
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L’Autorité internationale des Fonds marins (AIFM) a entamé jeudi une nouvelle session de négociations visant à définir les règles d’une potentielle exploitation minière du plancher océanique, une perspective que les défenseurs des océans voudraient voir enterrée. 

«Nous sommes réunis ici pour travailler sur le code minier, bien avancé, avec six semaines de négociations devant nous cette année», a déclaré le secrétaire général de l’AIFM Michael Lodge à l’ouverture à Kingston (Jamaïque) de la session de plus de deux semaines du Conseil de l’organisation, qui sera suivie par d’autres d’ici fin 2023. 

En vertu de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer, l’Autorité basée en Jamaïque et ses 167 Etats membres ont la main sur le plancher océanique hors eaux territoriales des Etats et les ressources qu’il recèle, un «patrimoine commun de l’humanité» qui n’appartient à personne. Pour l’instant, les contrats accordés à une trentaine de centres de recherche et d’entreprises ne concernent que l’exploration de zones délimitées. L’exploitation des minerais convoités n’est pas censée commencer avant l’adoption d’un code minier en discussions depuis près de dix ans. 

Mais Nauru, petit Etat insulaire du Pacifique, a lancé un pavé dans la mare en déclenchant en juin 2021 une clause permettant de réclamer l’adoption de ces règles d’ici à deux ans. 

A l’expiration de cette période dans quelques mois, le gouvernement pourra solliciter un contrat d’exploitation pour Nori (Nauru Ocean Resources), filiale du canadien The Metals Company qu’il sponsorise. Et ce malgré l’accord historique conclu il y a moins de deux semaines à l’ONU sur un traité pour protéger la haute mer et les fonds marins hors juridiction nationale. 

Avec les «étapes majeures» que sont l’accord international conclu en décembre pour protéger 30% de la planète d’ici 2030 et le futur traité sur la haute mer, «la pression est désormais sur le Conseil de l’AIFM pour parvenir à un résultat», a déclaré Michael Lodge selon l’information rapportée par l’APS. 

Mais si certains veulent s’assurer que le futur code minier soit suffisamment solide pour ne pas trop perturber cet environnement profond encore très peu connu, d’autres estiment que le manque de connaissance de ces écosystèmes et les impacts de l’extraction nécessitent un moratoire, soutenu par une douzaine d’Etats dont la France ou le Chili.

 «L’accord sur le traité sur la haute mer prouve l’engagement de pays à travers le monde pour protéger et donner la priorité à la santé de notre océan. Il est essentiel que les mêmes pays portent cette ambition dans d’autres forums, y compris l’AIFM, et soutiennent un moratoire sur l’exploration minière sous-marine», a déclaré dans un communiqué Duncan Currie, du groupement d’ONG Deep Sea Conservation Coalition.
 

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