Le ministère de la Santé entend recadrer les Centres d’imagerie médicale (CIM) sur le plan réglementaire, organisationnel et fonctionnel.
Un avant-projet d’arrêté ministériel fixant les modalités d’organisation et de fonctionnement ainsi que des normes techniques sanitaires d’un centre d’imagerie médicale élaboré en 2017 a été relancé en prévision de sa publication.
Une mouture qui semble ne pas être du goût de l’Association algérienne des radiologues libéraux (AARL), dont le nouveau bureau vient d’être élu, au risque de «voir la profession échapper aux professionnels de la santé, à savoir les radiologues diplômés. Puisqu’un des articles de cet arrêté art 8 stipule que le centre d’imagerie médicale peut être exploité par des personnes physiques ou moral de droit algérien.
Ce qui ouvre le champ aux détenteurs de fonds au détriment des diplômés de la radiologie», s’inquiète l’AARL, qui relève que les nouveaux diplômés en radiologie ne peuvent ni bénéficier des avantages de l’Andi, ni avoir des crédits bancaires, parce qu’ils ne peuvent pas avoir de registre du commerce.
«A la lecture de ce texte, il est clair que le médecin radiologue fraîchement diplômé n’aura pas la possibilité de procéder à l’installation d’un centre d’imagerie médicale, vu que l’acquisition des équipements adéquats nécessite beaucoup d’argent. Il sera obligé de travailler chez des exploitants des centres ou partir ailleurs», regrette le secrétaire général de l’AARL, le Dr Djamel Boukhtouche.
Et de déplorer l’exigence liée à la mise en place d’une salle de réanimation au niveau du CIM qui sera dotée de moyens matériels et humains (art 13). «Des exigences qui s’ajoutent à d’autres blocages pour l’acquisition d’un CIM», a-t-il souligné.
Pour le secrétaire général de l’Association des radiologues libéraux en plus de cet avant- projet, «le secteur de la radiologie connaît une anarchie totale», tout en rappelant que la spécialité de l’imagerie médicale relève d’«actes très pointus et nécessite une connaissance approfondie». Mais, il signale que l’examen radiologique est de nos jours banalisé, puisque pratiqué par de non-spécialistes.
«Ceci relève de l’activité illégale», a-t-il encore dénoncé. L’Association des radiologues libéraux s’élève ainsi contre cette pratique illégale de la radiologie par certains centres de diagnostics, des cabinets de médecins généralistes, ou autres structures qui se dotent de machines acquises à bas prix, tels que les échographes, des échodopplers et autres rayons x réservés exclusivement aux radiologues, «sans s’inquiété de la santé et la sécurité des patients».
«Des revendeurs proposent, avec l’appareil, des formations d’une semaine ou de 15 jours. Qu’en est-il alors de l’autorisation du Commissariat à l’énergie atomique, Comena, pour utiliser toutes ces machines ? Il s’agit d’une dérive de l’éthique médicale», note l’AARL qui rappelle que la loi interdit la pratique de la radiologie par les médecins consultants, à l’exception des gynécologues pour des examens spécifiques, notamment l’échographie obstétricale et l’échographie cardiaque.
L’association dénonce aussi les formations de deux jours assurées par des radiologues au profit des médecins généralistes sans aucune autorisation. «Ce qui constitue une infraction», selon l’AARL.
«Les textes de loi doivent être appliqués»
Pour le secrétaire général de l’association, les textes de loi sont là et doivent être appliqués pour «mettre fin à tous les dysfonctionnements dans le secteur. Il arrive que des malades passent deux à trois scanners pour enfin arriver à un diagnostic fiable. Où est alors la sécurité du patient et le souci de l’économie de la santé ?» s’insurge-t-il.
L’association lance ainsi un appel au ministère de la Santé afin de mettre fin à toutes ces pratiques illégales et répondre à ses nombreuses préoccupations notamment la révision des dispositions contenues dans l’avant-projet relatif aux modalités d’organisation et fonctionnement des centres d’imagerie médicale.
Lequel préconise également l’instauration d’un service de garde et participe au système local des urgences organisé par le directeur de santé de wilaya art 19. Il est également indiqué que le CIM ne peut être érigé dans un immeuble d’habitation individuel ou collectif (art 19) et il doit disposer d’une ambulance pour permettre l’évacuation de malades en urgence, ou à défaut justifier d’une convention établie avec un opérateur de transport sanitaire agréé.
La mise en fonctionnement des équipements de radiologie et d’imagerie médicale doit répondre aux normes établies en la matière et jouir de l’autorisation de détention et d’utilisation de sources de rayonnements ionisants à des fins médicales délivrée par les services du Commissariat à l’énergie atomique (Comena).
Dans l’exposé des motifs de cet avant-projet, il est souligné que l’élaboration d’un texte réglementaire régissant le centre d’imagerie s’est imposée comme une «nécessité répondant à plusieurs facteurs contribuant à l’émergence d’un établissement de santé privé dédié à l’imagerie médicale. Les différentes contraintes apparues au fil des années entourant l’exercice à titre privé de cette discipline l’ont éloigné du cadre réglementaire en vigueur, d’où sa mise à niveau».
Et de préciser que la proposition de cette forme d’exercice ne remplace pas l’installation en cabinet d’imagerie médicale qui demeure en vigueur.