Suivant le même processus de la numérisation de l’administration locale déclenché il y a deux ans, la wilaya de Constantine vient de lancer un nouveau système de gestion et de suivi des programmes du développement local (SGSPDL).
Cette première plateforme à l’échelle nationale se veut comme un atout pour le développement communal, mais aussi un outil de lutte contre toute forme de corruption ou de dilapidation des deniers publics.
«La numérisation n’est plus une option, mais plutôt une obligation», a déclaré Nacer Zougari directeur de l’administration locale (DAL) de la wilaya de Constantine, lors d’une formation sur le fonctionnement de ce nouvel outil dédié aux cadres communaux. Ce système performant compte deux axes importants.
Le premier concerne la proposition des projets à inscrire dans les budgets de l’année prochaine ; par exemple les projets de l’année 2024 doivent être discutés en 2023. Le deuxième axe est dédié à l’inscription et le suivi de la batterie des projets déjà lancés.
Les cadres ayant accès à ce système hyper sécurisé auront différentes cases à remplir sur le projet en question, notamment le secteur de l’opération à inscrire, le nom de l’opération, le classement selon la priorité, le numéro de la délibération de l’assemblée communale, la date de la délibération, la fiche technique et surtout la source de financement.
Un véritable outil de transparence, où même les dates des ordres de service (ODS) seront également insérées, avec les délais et les taux d’avancement des travaux avec photo à l’appui. Désormais, aucun responsable ne pourra avancer un taux d’avancement erroné de n’importe quel projet, au moment où la photo dira le contraire.
Le PV d’observation sera également inséré. Tout le monde sera mis devant sa responsabilité, où le contrôleur financier pourra introduire sa remarque, l’ingénieur sur terrain mettra également son observation et autres. Toutes ces données seront accessibles par le chef de daïra, le DAL et le wali de Constantine.
Un moyen de lutte contre la bureaucratie
Cette plateforme permettra de dénoncer la bureaucratie, source de tout blocage. «C’est un système facile à manipuler ; c’est une question de mentalité. Si on n’arrive pas à régler le pays avec ça, on ne pourra plus le faire», a déclaré M. Zougari lors de la rencontre, affirmant que le temps de «la Chakchouka» où on avait tendance à cacher beaucoup d’informations est révolu. Même les reliquats seront identifiés.
Le DAL n’a pas manqué d’évoquer certaines pratiques dangereuses bafouant les lois, comme la clôture des opérations inscrites ou inachevées. Il a estimé que les services de la commune n’ont pas le droit de clôturer une opération si l’objectif de l’inscription n’est pas atteint.
Par des exemples concrets, il a révélé le chiffre de 128 milliards de centimes stagnés dans le budget de la commune de Ouled Rahmoune. Sans faire le procès des présents, il avait affirmé l’existence de certaines opérations dans les communes sans aucune planification ou d’études techniques.
Il a appelé tous les services à se détacher de ce qu’il a qualifié «des budgets noyés». Ce qui est remarquable également dans ce système polyvalent, réalisé avec des cadres locaux et sans débourser le moindre centime, est la création d’une base de données sur tout ce qui est développement. Même les responsables à venir auront une information informatisée et fiable. «J’ai cherché le document d’un marché de 2015, je ne l’ai pas trouvé», a regretté le DAL.
Cette plateforme appelée à se perfectionner impose une pédagogie de travail, selon le DAL, permettant de revoir la politique de développement. Il est nécessaire de noter qu’un autre champ a été accordé à l’opérateur pour évaluer le sérieux de l’entreprise chargée d’un projet précis et si elle est dotée du matériel nécessaire.
«Dans le cadre de la démocratie participative, on va permettre par la suite au citoyen d’accéder avec son identifiant national pour donner avis», a déclaré le DAL, adoptant la vision du Chef de l’État que la numérisation devienne «une réalité, par la volonté ou par la force des choses». Pour rappel, cette plateforme est la troisième du genre dans la wilaya de Constantine.
Il y a environ deux ans, la direction de l’administration locale avait enclenché deux autres systèmes, un sur la fiscalité et l’autre sur le patrimoine qui ont permis un taux de recouvrement de 45 % jusqu’à présent. Un autre système concernant les archives dans le même secteur sera également annoncé très prochainement.