Avocate depuis cinq ans, la jeune Nouhad Lazizi s’est résolue à mettre les pieds dans l’arène politique pour occuper le poste de la première magistrate de la commune de Sidi Brahim, sous la bannière du Front des forces socialistes (FFS).
Ainsi, elle est la première femme dans les annales des élections locales dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj et la deuxième dans l’Est algérien, après Zahia Benkara, du MSP, élue maire de la commune de Chigara, dans la wilaya de Mila en novembre 2017.
Une élection considérée comme un événement dans un pays où cette fonction a toujours été occupée par des hommes. «C’est mon entourage et beaucoup de citoyens qui m’ont encouragée à aller aux élections pour être élue à la tête de l’APC, en dépit de la mentalité conservatrice de la société. En tous cas, je vais tenter ma chance, si je réussis, tant mieux, si j’échoue ce ne sera pas la fin du monde», a-t-elle déclaré à El Watan.
La commune de Sidi Brahim est située à d’environ 70 km à l’ouest du chef-lieu de wilaya, et s’étend sur une superficie de 77 km2 et compte quelque 5000 âmes, avec les quatre principaux villages, à savoir Sidi Brahim, Tizi Kachouchène, El Fatah et Bibans Hadid. La population s’adonne à l’oléiculture comme principale activité.
La commune se trouve dans une zone montagneuse et donc le foncier se fait de plus en plus rare. Notre présence sur les lieux nous a permis d’aborder quelques jeunes, gobelet de café en main et visiblement hantés par le spectre du chômage, mais qui restent toutefois optimistes en espérant des jours meilleurs. «Nous n’avons ni activité à exercer ni un centre de loisirs pour dénicher les jeunes talents, rien. Hormis le paysage idyllique du village, entouré de montagnes et de l’huilerie qui tourne en cette période de la cueillette des olives, il n’y a rien, walou. Mais on espère toujours des jours meilleurs», nous ont-il affirmé. Les mêmes préoccupations, nous les avons transmises à la première responsable de la commune, qui nous a énuméré une autre série de commodités faisant défaut dans la commune de Sidi Brahim.
Réception d’une nouvelle polyclinique
«Je suis consciente de la situation dans laquelle vivent nos jeunes. D’abord, commençons par le volet santé. Jadis, nos malades devaient être évacués soit vers Mansoura soit vers Ahnif, dans la wilaya de Bouira, et parfois, s’il s’agissait d’une complication gynécologique, les femmes étaient orientées vers Akbou ou Tizi Ouzou.
Aujourd’hui, la nouvelle polyclinique, que nous avons réceptionnée avec beaucoup de soulagement, a été ouverte depuis quelques jours et offre les prestations dans quatre spécialités correctement équipées : la gynécologie, la radiologie, la chirurgie dentaire et les urgences.
Pour les jeunes, nous avons un stade mais il s’avère insuffisant pour tous les jeunes des autres villages. Du coup, j’essayerai d’installer un terrain de type mateco pour chaque bourgade», a-t-elle relevé. A l’instar des régions reculées, beaucoup d’élèves de cette commune, notamment les filles, mettent fin à leur cursus scolaire à la fin du cycle moyen, faute de lycée.
«Tout à fait, et c’est arbitraire à l’encontre de nos filles qui ne peuvent pas poursuivre leurs études secondaires. Celles et ceux qui persévèrent doivent faire la navette soit vers Ath Mansour (Bouira), à 30 km de là, ou vers El Mehir sur la même distance. Je ferai l’impossible pour réaliser un lycée pour les élèves de la commune. Comme vous le savez, nous manquons cruellement de foncier, comme toutes les régions montagneuses, pour implanter un quelconque projet. Toutefois, nous venons de recevoir une promesse de don d’un généreux citoyen, un propriétaire terrien, qui nous a promis une parcelle dédiée à la construction d’un lycée», souligne-t-elle.
Alors que le spectre du chômage plane sur les jeunes, une lueur d’espoir fait son apparition à travers le projet d’une zone d’activités, susceptible d’absorber bon nombre de demandeurs d’emploi. «Je ferai de la lutte contre le chômage mon cheval de bataille. D’ailleurs, nous avons bénéficié d’une zone d’activité qui s’étend sur 2 hectares, près de Bibans Hadid. Le choix du terrain est fait, et il ne reste qu’à attirer les investisseurs.
Et je me bats bec et ongles pour le faire, et ce, avec l’implication de mon assemblée et de tous les administrés avec lesquels je me suis parfaitement adaptée, bien que je sois grandie à Tizi Ouzou, mais je m’attache énormément à la terre de mes ancêtres, Sidi Brahim», a conclu notre interlocutrice.