Nizar Jlidi. Analyste politique tunisien : «Il n’y aura pas de retour en arrière en Tunisie»

11/09/2023 mis à jour: 22:45
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Photo : D. R.

L’analyste NizarJlidi a toujours été très sollicité par les médias internationaux sur des dossiers d’investigation en Tunisie, comme celui de «l’appareil secret du mouvement Ennahdha», celui des assassinats politiques, ou, plus récemment encore, celui du «complot contre la sûreté de l’Etat». El Watan a exploré, avec lui, ce dernier dossier. Entretien.

- Est-ce que vous qualifieriez de politiques les affaires soulevées contre des personnalités de l’opposition en Tunisie, surtout Ennahdha ?

Et bien, d’une part, je trouve que c’est normal qu’il y ait un aspect de reddition des comptes puisque ces gens-là étaient au pouvoir durant la décennie écoulée. Ils sont donc responsables des actes préjudiciables à l’Etat commis pendant leur gouvernance. Toutefois, pour ce dossier précis de «complot contre la sûreté de l’Etat», il s’agit d’une affaire juridique avec tous ses éléments.

Il y a des interrogatoires, des témoignages et des confrontations. Il y aurait même du matériel d’espionnage qui aurait été saisi. Ces gens ont réfléchi à déstabiliser l’Etat et c’est normal que les institutions de l’Etat réagissent. C’est loin d’être un dossier vide et quiconque ayant la patience de lire les procès-verbaux des interrogatoires pourrait facilement conclure au sérieux des accusations dans le dossier.

- Est-ce que l’opposition traditionnelle  Ennahdha, les Chebbi et Afek Tounes ou, encore, le PDL de Abir Moussi ont de l’avenir en Tunisie ?

La décennie 2011-2021 a montré que tous les partis de la scène politique tunisienne se sont empressés de partager le gâteau ‘Tunisie’. Le parti Ennahdha n’a jamais gouverné seul, il a toujours associé les autres partis.

Cela explique donc comment un parti de gauche défend aujourd’hui des islamistes, sur lesquels pèsent des suspicions d’assassinats politiques et qui sont impliqués d’office dans les dossiers d’envoi de nos jeunes en Syrie.

Concernant le PDL et Abir Moussi, son problème, c’est qu’il s’est limité à convaincre le peuple du danger islamiste sans aller de l’avant et présenter un contre-projet. Le problème en Tunisie, c’est l’absence de contre-projets après 2011. Tout parti ne pourrait avoir d’avenir s’il n’a pas de projet.

- Est-ce que vous voyez l’avenir de la Tunisie comme une dictature ou plutôt une expérience populiste ?

A mon avis, l’histoire ne revient jamais en arrière et les Tunisiens ne manquent pas d’intelligence. En portant Saïed au pouvoir, ils sont juste à la recherche de quelqu’un d’intègre, après cette razzia de mafieux qui a sévi à travers le pays, après 2011.

Kais Saïed représente ce «messie» aux yeux de la majorité du peuple. Kais Saïed défend un projet national tunisien. C’est une aventure en marche. Il est, toutefois, appelé à intégrer les nouvelles alliances internationales et s’ouvrir davantage sur l’Afrique. Mais si une chose est certaine, c’est qu’il n’y aura jamais de retour en arrière.

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