Face aux multiples crises qui secouent le monde, l’Afrique est-elle en mesure d’élaborer sa propre riposte à travers ses grands acteurs économiques, et de relever le défi de transformer rapidement et durablement ces crises en opportunités ?
C’est la question à laquelle devaient répondre, en substance, les 2000 participants à la neuvième édition du sommet annuel de l’Africa CEO Forum, en fait, le plus grand rassemblement annuel du secteur privé en Afrique, qui s’est ouvert le 5 juin à Abidjan, en Côte d’Ivoire, autour du thème «Réussir malgré les crises, de 300 à 3000, comment accélérer l’émergence de la prochaine génération de champions africains».
Dans son allocution d’ouverture, Makhtar Diop, le directeur de l’IFC, Société financière internationale et filiale de la Banque mondiale, co-organisatrice de ce rendez-vous, l'Afrique est à ce jour le seul continent qui n'a pas encore connu sa révolution verte, et dans chaque pays, les champions régionaux et continentaux doivent continuer à affronter au mieux des «polycrises» qui se répandent à travers le monde et s’affirmer comme un élément clé du renouveau africain.
Les leaders politiques africains se doivent de renforcer la résilience économique, dynamiser l’emploi et créer de la valeur ajoutée, et pour ce faire, cela appelle à la mise en place d’environnements propices à l’épanouissement des grandes entreprises. L’objectif pour les participants à l’ACF est donc de mettre en avant des solutions concrètes et innovantes afin de permettre à davantage d'entreprises africaines d'atteindre un chiffre d'affaires supérieur à un milliard de dollars malgré un contexte mondial marqué par les crises et l'incertitude.
A travers des panels, groupes de travail thématiques, études de cas, témoignages et ateliers public-privé, les leaders africains ont à cœur d’aborder les thématiques clés pour l’avènement d’une Afrique souveraine et compétitive. Ils ont à cœur aussi de proposer des solutions innovantes pour permettre au continent de transformer les crises en opportunités.
Des temps forts seront également consacrés aux femmes dirigeantes, aux entreprises familiales et aux start-up. Les thèmes sont aussi nombreux que pertinents : comment mener une transition énergétique adaptée à l'Afrique, l'impact de l'exploitation minière et de l'agro-industrie, la nécessité pour l'Afrique d'être davantage audible sur les grands enjeux internationaux et les moyens à disposition des entreprises pour s'adapter face à l'inflation. Tous les grands secteurs seront représentés, et plusieurs sessions seront consacrées à des sujets clés.
Comment stimuler les investissements étrangers post-Covid et renforcer leur souveraineté économique ? Dans le public ou le privé, comment favoriser l’émergence de multinationales africaines conquérantes dans les secteurs clés à l’heure où l’Afrique ne compte que près de 300 entreprises qui dépassent le milliard de dollars de chiffre d’affaires, contre plus de 2700 en Europe et 3300 en Asie ?
Comment revitaliser le secteur africain des énergies renouvelables, qui n’a attiré que 2,6 milliards de dollars d’IDE en 2021, son seuil le plus bas depuis onze ans ? En matière d’énergie, comment l’Afrique peut-elle trouver un équilibre entre l’impératif d’accès universel à l’électricité (52% des Africains subsahariens n’ont toujours pas d’électricité) et la manne des recettes d’exportations ?
Comment doter la prochaine génération de compétences pratiques, en matière de culture technologique, d’éducation financière, d’IA, ou de gestion des affaires à l’heure où les entreprises africaines sont de plus en plus digitales, complexes et compétitives au niveau mondial ? Comment réussir la transition générationnelle des «family business» africains, maillons essentiels des économies africaines ?
Comment peut-on créer une économie circulaire pour les plastiques en Afrique, où 165 millions de tonnes de plastique arriveront en fin de vie dans les dix prochaines années, avec une pollution qui engendre des coûts économiques et sociaux considérables ?
Comment répondre à l’urbanisation galopante, développer des infrastructures durables et offrir des services publics de meilleure qualité à l’heure où les projets de villes nouvelles se multiplient partout en Afrique ? C'est de toutes ces questions lancinantes que les participants à ce rendez-vous ont commencé à dabattre.