Désillusion et panique chez Netanyahu. A son arrivée à Washington, il a été confronté à de violentes manifestations y compris de juifs américains organisant des sit-in au sein même du Congrès, qui l’a invité à prendre la parole.
Historiquement, cette institution est totalement acquise à Israël, mais en son sein, des voix se sont fait entendre ces derniers mois contre le Premier ministre israélien engagé dans l’un des plus grands massacres de civils de l’histoire contemporaine : 40 000 morts, 90 000 blessés, les deux tiers des femmes et des enfants (200 tués par jour depuis le 7 octobre dernier). On verra dès aujourd’hui si, face à l’atrocité de ce bilan, les conclusions des grandes Cours internationales, et devant les arguments présentés par Netanyahu, le Congrès persistera dans sa politique de «soutien inconditionnel» ou s’il donnera des signes de démarcation.
Mais il ne faut pas trop se faire d’illusions sur un changement de cap stratégique du Congrès américain, tant il est largement sous la coupe des courants sionistes américains, à leur tête l’Aipac, qui fédère tous les juifs du pays défenseurs de la politique israélienne. Très puissante organisation, elle s’active plus particulièrement à faire voter de régulières livraisons d’armes à l’armée israélienne et à élever à chaque fois les montants de l’aide financière à Tel-Aviv. Elle a préparé activement la visite de Netanyahu, qui devra rencontrer les trois leaders présidentiels que sont Biden, Trump et Kamala Harris.
Le premier, bien qu’en retrait de la course à la présidentielle de novembre prochain, est toujours en activité. Depuis le 7 octobre, il a inondé l’armée israélienne de bombes et de matériel militaire, avec de courtes pauses, mais sans effets.
Sa diplomatie a été active aux Nations unies pour contrer les condamnations d’Israël, usant à chaque fois de son droit de veto. Il a été incapable de dissuader Netanyahu d’occuper et de ravager la zone de Rafah, de lui faire arracher un accord avec le Hamas et de brider les colons sionistes en Cisjordanie dans leur expansion territoriale qui passe par l’expulsion et l’assassinat de paysans palestiniens.
On ne sait si Kamela Harris, si elle lui succède en novembre prochain, sera moins complice des Israéliens et tiendra compte non seulement de la désapprobation mondiale mais également des critiques même au sein du Parti démocrate, notamment les jeunes et les arabo-musulmans révoltés par le génocide commis par Tel-Aviv à Ghaza. On ne sait si Kamala Harris sera porteuse d’une nouvelle stratégie pour le Proche-Orient qui, pour la première fois dans l’histoire des Etats-Unis, tiendra compte des droits légitimes historiques du peuple palestinien. Tels qu’ils viennent d’être réaffirmés à Pékin où le Hamas a annoncé avoir signé un accord avec 14 factions palestiniennes, dont le Fatah, qui prévoit un projet de création d’un «gouvernement intérimaire de réconciliation nationale» avec l’accord des factions palestiniennes.
Ce gouvernement exercerait son autorité et ses pouvoirs sur tous les Territoires palestiniens, la bande de Ghaza ainsi que la Cisjordanie et El Qods-Est. Ce sera l’Etat auquel aspirent les Palestiniens mais rejeté par les Israéliens dont les députés ont récemment voté une résolution contre sa création.
Si Kamala Harris n’est pas retenue ou élue comme présidente des Etats-Unis, si c’est Trump qui succédera à Biden, cela signifiera un retour à la case départ sur la question palestinienne. Républicain raciste, Trump déteste fondamentalement les Palestiniens qu’il a tenté de piéger, quant il était au pouvoir, avec les accords d’Abraham.
Il s’attellera, une fois élu, à les remettre au goût du jour, avec notamment leur élargissement à l’Arabie Saoudite, qui était sur le point d’y adhérer avant le 7 octobre. Un événement qui a brouillé les cartes diplomatiques dans la région. Le rêve de Trump c’est de diluer la question palestinienne dans un projet global américano-israélien dans lequel les Etats-Unis trouveront leur compte en matière d’intérêts économiques et géostratégiques et dans lequel Israël pourra éliminer la résistance palestinienne qui menace son projet expansionniste.
Pour Trump comme pour Biden et probablement Kamala Harris, Israël est le poste avancé de tous les intérêts du monde occidental. Rien ne doit l’empêcher d’assumer ce rôle, même pas un des plus grands génocides de l’histoire contemporaine.