Mustapha Berraf. Président de l’Acnoa : «Faire du sport un moteur de développement socioéconomique»

14/04/2025 mis à jour: 16:16
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Mustapha Berraf avec la présidente du CIO, la Zimbabwéenne Kirsty Koventry - Photo : D. R.

Mustapha Berraf, récemment réélu à la tête de l’Association des Comité nationaux olympiques africains (Acnoa), a accepté de nous accorder cet entretien au cours duquel il revient sur l’élection récente de Kirsty Koventry à la tête du CIO et tous les projets pour le sport en Afrique qui vont animer son nouveau mandat.

- Vous venez d’être réélu président de l’Acnoa pour le mandat olympique 2025-2028, lors de la 22e session ordinaire tenue à Alger. Quels sont vos nouveaux objectifs et missions à atteindre ?

Mon bonheur est grand surtout après les magnifiques jeux Olympiques de Paris. Mon intention est de poursuivre sur la même lancée de la construction de la solidarité olympique africaine qui est fondée sur des actions communes pour une Afrique sportive unie en faveur de la jeunesse du continent. Cette mission doit être renforcée afin d’élever encore davantage les performances exceptionnelles des athlètes africains lors des derniers Jeux de Paris. Nous sommes déjà dans la mise en œuvre en encadrant et en accompagnant la jeunesse sportive africaine.

Les centres Olympafrica vont être renforcés dans ce sens. Nous allons organiser des compétitions sportives importantes, donner aux athlètes africains tous les moyens techniques et institutionnels pour atteindre les objectifs de performances qui vont mettre le sport africain sur le toit du monde dans toutes les disciplines.

Pour y arriver, les 54 Comités nationaux olympiques (CNO) seront appelés à renforcer leurs capacités en termes d’engagement et d’efficacité comme par le passé. D’ailleurs, je remercie tous les présidents des CNO, les membres du comité exécutif de l’Acnoa, les athlètes et tout les peuples d’Afrique pour la confiance placée en ma modeste personne.

Nous allons ensemble atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés. Je remercie également le CIO dont son président, le Dr Thomas Bach, qui a toujours soutenu l’Afrique dans le développement du sport et de son mouvement olympique.
Ma sœur, Kirsty Koventry, qui est désormais la première femme et première Africaine à diriger le Comité international olympique, sera désormais d’un très grand soutien pour le monde et l’Afrique.

Nous sommes extrêmement fiers d’elle et nous la soutiendrons de toutes nos forces et sans failles. Elle incarne non seulement un symbole très important et puissant d’évolution, mais aussi démontre par ses compétences et son talent un engagement viscéral de la dimension collective du sport et de son universalisme.

- La 22e AG de l’Acnoa a été un événement d’envergure continentale et mondiale. Placée sous le thème : «Ensemble pour une Afrique sportive unie et gagnante», pourriez-vous nous partager les conclusions et les recommandations des travaux de cette assemblée ?

Nous avons tous convergé vers une vision commune à travers un plan d’action ambitieux pour l’avenir et le prochain cycle olympique : consolider et renforcer l’Acnoa, soutenir et valoriser les athlètes africains, faire du sport un moteur de développement socioéconomique et intégrer pleinement les enjeux du développement durable. Plus qu’un engagement, c’est une responsabilité : promouvoir les jeunes talents, créer un écosystème propice à leur épanouissement et mettre un terme à l’exode de nos meilleurs athlètes, en leur offrant des opportunités à la hauteur de leur potentiel, ici, en Afrique.

- Quelles sont les nouvelles orientations stratégiques de l’organisation pour les quatre prochaines années ?

Nous allons conserver un management axé sur les résultats. Chaque zone de l’Acnoa sera un secteur encore plus productif en termes de talents et de ressources techniques. Les compétitions sportives et olympiques africaines seront des plateformes de promotion des valeurs olympiques et devront susciter un engouement certain à la pratique du sport par la jeunesse africaine.
De plus, nous veillerons à ce que tous les CNO disposent de moyens infrastructurels et de compétences humaines à même de leur assurer un fonctionnement et un épanouissement en rapport avec leurs objectifs.

- Quel sentiment se dégageait de la part des invités de l’Algérie lors de cette 22e AG de l’Acnoa ?
Une grande satisfaction de tous les participants a été enregistrée. Les discours, la participation aux échanges, les déclarations et les résultats attendus qui ont été bien atteints sont le témoignage de cette belle communion qui a laissé émerger de la sérénité durant les travaux et le séjour agréable des délégués venus de tous les CNO africains. Il y a lieu aussi de prendre acte de la satisfaction affichée par nos partenaires, à l’instar de la Fédération internationale des jeux aquatiques et la World Boxing International. 

Le gouvernement algérien a offert une hospitalité historique à tout le monde. Je remercie vivement le président de la République algérienne, Abdelmadjid Tebboune, pour sa bienveillante sollicitude et sa grande sagesse qui est pour nous le soutien le plus indéniable au mouvement olympique et africain. Les efforts qu’il ne cesse de déployer pour le sport et la jeunesse sont réellement uniques.

- Franchement, on a été impressionné par l’unité des 54 pays sous votre leadership et par l’étendue des kyrielles d’actions mise en œuvre par tous les CNO sous votre mandat précédent. Quelles sont les principales réalisations de l’Acnoa sous votre présidence ?

Elles sont nombreuses, je pourrais en citer les principales. Le programme de construction de nouveaux sièges de plusieurs CNO qui aujourd’hui sont dotés d’infrastructures modernes, la création des Jeux africains de plage, la création des Jeux scolaires africains dont la première édition aura lieu cette année en Algérie, le succès de la candidature de Dakar à l’organisation en 2026 des Jeux olympiques de la jeunesse, le renforcement des centres Olympafrica, la tenue régulière du Forum des athlètes africains, la création des bourses de l’Acnoa pour les athlètes africains, entres autres.

Vous venez de nous dire que le sport africain doit être plus inclusif, plus performant et plus ancré dans les réalités et les ambitions du continent. A votre avis, comment faut-il procéder pour continuer de structurer ou restructurer le sport africain ?
Tous les acteurs doivent unir leurs forces dans une dynamique collective et engagée.

Les gouvernements, qui investissent massivement dans le sport, et nous, dirigeants sportifs, avons la responsabilité de bâtir une coopération durable fondée sur la confiance, la solidarité et une vision commune. Il ne s’agit pas seulement de collaborer ponctuellement, mais d’instaurer une synergie permanente pour structurer, professionnaliser et hisser le sport africain au plus haut niveau. C’est tout le sens du thème de nos travaux : «Ensemble pour une Afrique sportive, unie et gagnante». Une Afrique où le sport devient un véritable levier de développement, d’excellence et de rayonnement mondial.

- Kirsty Koventry est désormais la première femme et première Africaine à diriger le Comité international olympique. C’est historique ! Pensez-vous président que les femmes sont assez présentes dans les instances continentales ?

Oui, les femmes occupent une place de plus en plus importante dans la gouvernance du sport en Afrique. Elles dirigent des Comités nationaux olympiques, siègent au comité exécutif de l’Acnoa, président des commissions stratégiques… C’est une avancée significative, mais nous devons aller encore plus loin. 
L’Afrique ne peut pleinement se développer sans l’implication active des femmes à tous les niveaux de décision, et le sport ne doit pas faire exception.

Notre vision est claire : faire de la parité un pilier fondamental du leadership sportif africain. C’est pourquoi nous œuvrons pour une représentation accrue des femmes au sein de l’Acnoa, des CNO et des Fédérations continentales et nationales. Nous appelons également les gouvernements africains à instaurer des politiques volontaristes favorisant leur intégration dans les instances décisionnelles du sport. Investir dans le leadership féminin, c’est bâtir un sport africain plus inclusif, plus performant et plus ancré dans les réalités et les ambitions du continent.

- Une dernière question avant de conclure. Vous avez été décoré, en 2024, de la médaille de Commandeur de l’Ordre national du Mali. Que représente pour vous cette consécration ?

C’est une reconnaissance de mes actions et de mon engagement. Je remercie profondément le Mali pour cette distinction. Je  souhaite vraiment que le bonheur et la paix s’instaurent dans toute la région du Sahel. L’Algérie et le Mali sont liés intimement par leurs histoires et leurs traditions. J’espère sincèrement que toutes ces perturbations seront très rapidement dissipées. 

 

 

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