Les concerts de musique classique sont rares et c’est pour cela qu’ils sont remarquablement appréciés par les mélomanes lorsqu’ils surviennent.
C’est le cas pour le Trio Élégiaque qui a enchanté le public de l’Institut français à Oran, une première performance prélude à une tournée en Algérie durant cette semaine.
Cet ensemble de musique de chambre est formé par Nicolas Stavy au piano, Hélène Collerette au violon et Virginie Constant au violoncelle pour interpréter des compositions d’auteurs européens, notamment français, et c’est pour célébrer le mois du patrimoine. Le répertoire couvre grosso modo toute la période allant du début du dix-neuvième siècle au début du vingtième.
Comme ouverture, le choix est porté sur le «Trio en si bémol» de Beethoven (1770-1827) et dont la création remonte à 1811. Cette œuvre imaginée dès l’origine pour piano, violon et violoncelle est restée dans l’histoire comme étant l’une des plus célèbres de sa catégorie pour le grand musicien allemand qui a eu à assurer sur scène la partie piano alors que sa surdité commençait déjà à lui poser problème.
Ce n’est pas le souci de Nicolas Stavy qui, avec les deux autres membres du trio, fait revivre cette atmosphère musicale vieille de plus de 200 ans. Les mélodies qui se complètent, s’entrecroisent ou à l’unisson traduisent une grande richesse harmonique ponctuée par des variations dans les mouvements et une alternance dans l’intensité. C’est la période classique dans toute sa splendeur.
Le deuxième temps du spectacle concerne la reprise de quelques pièces du Français Gabriel Fauré (1845-1924) considéré comme l’un des plus grands compositeurs de son temps. D’abord sa Berceuse, une petite pièce composée pour deux instruments, piano et violon (à l’origine) ou violoncelle mais déclinée ensuite pour d’autres instruments et dont la création remonte aux années 1870. Une pièce accessible alliant arpèges et mélodies entraînantes.
Après un rêve faite suite à la berceuse et, comme son titre l’indique, il s’agit de la traduction musicale d’un songe romantique nocturne affranchi des contraintes physiques mais qui doit forcément prendre fin à la levée du jour et le retour à la réalité. Place ensuite à la redécouverte du génie de Maurice Ravel (1875-1937) par le biais de son œuvre intitulée Ma mère l’Oye et inspirée des contes de Charles Perrault (1628-1723) reconnaissables par les intitulés des 5 mouvements évoqués par le pianiste : Pavane de la Belle au bois dormant, le Petit poucet, etc.
Celui-ci a laissé le soin de la présentation à la violoniste pour expliquer qu’à l’origine, elle été tait écrite pour piano à quatre mains aux alentours de l’année 1910. On comprendra plus tard que le fait de donner la parole à Hélène Collerette n’était peut-être pas du au hasard, car c’est elle qui allait s’illustrer le mieux dans cette partie du spectacle qui exige, en plus de la virtuosité, énormément de technicité lorsqu’il fallait par exemple reproduire le chant des oiseaux pour coller à l’univers féérique du conte.
Avec Ravel c’est déjà l’amorce d’une ébullition par l’expérimentation d’autres voies musicales et sonores qui caractérisera les œuvres des compositeurs du vingtième siècle naissant.
Pour finir, un léger retour en arrière avec le choix porté sur l’Allemand Felix Mendelssohn (1809-1847), un des grands représentants de la période romantique.
Là, ce sont les déchaînements des passions qui semblent être mis en œuvre avec des thèmes qui s’enchaînent, s’enchevêtrent. Les jeux parfois puissants, notamment au piano mais aussi au violoncelle traduisent bien les préoccupations artistiques de cette période charnière. Le trio fonctionne à merveille et le public était ravi. «Le trio existe depuis une vingtaine d’année mais cette version-là est assez récente», indique, en marge de la performance, la violoncelliste Virginie constant qui en est la fondatrice.
«Sur un plan professionnel, il fallait un certain et même niveau de technicité et de virtuosité mais aussi une convergence dans les préférences de chacun et sur un plan humain, du fait qu’on est appelé à beaucoup voyager ensemble, il faut aussi une entente entre les membres», explique la musicienne précisant que ce sont les deux femmes qui ont fait appel au pianiste pour compléter cette version d’Élégiaque qui se produit pour la première fois en Algérie.