Musée d’Art moderne (MAMO) : Les rondeurs architecturales de la ville d’Oran exposées

23/06/2022 mis à jour: 02:04
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Photo : D. R.

«O rond», une intéressante exposition de photographies, jetant son dévolu sur les formes arrondies des édifices oranais (de construction récente ou ceux de la période coloniale), se tient ces jours-ci au musée d’art moderne d’Oran.

Une exposition originale de photographies est proposée au public au musée d’Art moderne d’Oran (MAMO) à partir de cette semaine. L’originalité c’est d’abord dans la forme avec un ensemble de planches rectangulaires suspendues au centre de l’édifice et obligeant le visiteur à découvrir les œuvres en faisant le tour  à l’intérieur et à l’extérieur du «cercle» (même s’il n’en est pas vraiment un).

C’est dans l’esprit des contenus ambitionnant de faire le tour des rondeurs architecturales ou décoratives de la ville d’Oran. D’où l’intitulé de l’exposition «O Rond». Des photographies centrées sur des détails isolés de leur contexte et pris en tant que tel pour créer un effet visuel sont monnaie courante dans le domaine mais ici ce n’est pas tout à fait le cas car dans le regard porté sur les objets représentés subsiste toujours la dimension architecturale.

L’auteur, Taibi Mohamed Amine, est en effet architecte de formation et il est passionné de photographie. Pour se focaliser sur ces rondeurs, l’œil de l’artiste avait l’embarras du choix à commencer par les coupoles comme celles qui ornent certains édifices de construction récente à l’instar de ceux réalisés du côté du rond-point de la Cité Djamel mais pas seulement.

Certains bâtiments de la ville, qu’ils soient de construction récente ou ceux remontant à la période coloniale, sont eux-mêmes de formes arrondies et là c’est surtout l’angle de vue qui fait la différence. On reconnait quand même la résidence Leclerc, l’ensemble situé sur le Bd Emir Abdelkader, le Marché Michelet mais tout simplement aussi l’ex-Sheraton (aujourd’hui Oran Bay). Les photographies sont prises à partir de l’année 2019 d’où certains rares anachronismes.

Les gradins des arènes d’Eckmühl (communément appelés Toro) ou la piscine municipale répondent bien aux impératifs de cette recherche du rond. Même lorsque l’objet représenté au premier plan semble ne pas cadrer avec la thématique, il se trouve toujours un détail qui le ramène à la rondeur et c’est le cas d’un immeuble ordinaire vu sous une arche qui apparait en avant-plan.

Les arches, mais aussi des entrelacements de ponts font partie de cette exploration urbaine qui n’a visiblement rien laissé au hasard y compris dans les détails les plus inattendus. Un élément de soutien de la rampe centrale des escaliers qui débouchent pas loin de la place Hasni Boudali (ex-Kleber) à Sidi el Houari n’a en effet pas échappé à l’objectif du photographe.

Les détails de ce genre sont innombrables et sont parfois captés en intérieur et c’est particulièrement le cas des balcons du théâtre régional. Les vues en contre-plongée des escaliers en colimaçon ou ayant été réalisés avec des formes qui dénotent une certaine créativité de certains immeubles, notamment anciens, sont fascinantes. Même lorsqu’un bâtiment de type HLM n’a rien à offrir en termes d’esthétique, il se trouve toujours quelque chose qui lui confère sa place dans l’exposition et c’est le cas des façades bariolées d’antennes paraboliques, un véritable phénomène.

D’autres photographies montrent ça et là des hauts parleurs, une horloge publique cadrée sur les chiffres 6, 8 et 9, etc. Mais en ce qui concerne les détails, ce sont surtout les motifs de type «art déco», toujours visibles sur les immeubles anciens, qui sont également mis en avant.

L’héritage des éléments décoratifs de la période de la civilisation musulmane, notamment la calligraphie, est également bien représenté. L’artiste dit lui-même à travers son texte de présentation qu’«il ne s’agit pas d’un travail exhaustif», mais une chose est sûre, il ouvre une brèche à travers laquelle on peut désormais regarder autrement la ville.

Sur un autre registre, sans doute prélude à un autre travail du même genre, la même exposition contient néanmoins quelques planches, accrochées au mur cette fois, et montrant là aussi à travers des éléments décoratifs non pas des rondeurs mais carrément des formes géométriques où la ligne droite domine. Un contrepoids accentué par le choix du noir et blanc pour mieux visualiser les contrastes ombre et lumière et donc mieux mettre en évidence les lignes de démarcation.         

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