Cette oasis, trônant sur des hauteurs rocheuses entourées de constructions traditionnelles, bâties selon une
architecture distinctive conservant encore cette touche ancienne qui fait son charme, offre une image enchanteresse.
Si l’oasis d’El Allig, située au sud de M’sila, représente, durant toute l’année, une attraction touristique pour les visiteurs de l’intérieur et de l’extérieur du pays, elle devient, durant le mois de ramadan, l’endroit favori de nombreux jeûneurs.
Passer le temps avant le moment de l’iftar, c’est bien, mais le faire utilement, en profitant du panorama exceptionnel offert par le village ancestral d’El Allig, tout en tâchant d’en apprendre davantage sur l’histoire séculaire des lieux, c’est mieux, semblent se dire les personnes rencontrées dans cette oasis quelques heures avant l’appel à la prière du Maghreb et la rupture du jeûne.
Cette oasis, trônant sur des hauteurs rocheuses entourées de constructions traditionnelles, bâties selon une architecture distinctive conservant encore cette touche ancienne qui fait son charme, offre une image enchanteresse. Une image où se mêlent palmiers, maisons en «toub» de couleur ocre et vergers verdoyants constituant une sorte de panachage d’un attrait irrésistible.
La fontaine d’Ain Takouka, une vraie cerise sur le gâteau, ajoute un surcroît de beauté à l’oasis, tout en constituant une précieuse source d’eau potable et servant même à l’arrosage des vergers qui font florès dans le voisinage.
Les jeûneurs se rendent volontiers dans cette oasis, quelques heures avant l’Iftar en raison de la tranquillité des lieux et de leur «époustouflante beauté», pour reprendre les termes de Kamel Sedira, un retraité de la ville de Bou Saada. «Nous venons dans cet endroit presque tous les jours, dans l’après-midi, pour passer le temps avant la rupture du jeûne et profiter de la beauté de ce musée à ciel ouvert», déclare-t-il.
Son compagnon, Mohamed Hadibi, ajoute que l’autre raison de leur déplacement dans cette oasis réside dans leur quête des bienfaits de la nature pour «échapper, le temps d’un après-midi, à la pression de la ville, surtout pendant les heures précédant l’Iftar où tout le monde est pressé et pas toujours de bonne humeur».
Un afflux important rappelant la nécessité de promouvoir le potentiel touristique de la région. Avec l’afflux important de citoyens observé tous les après-midis du mois sacré, certains habitants de la région profitent de l’occasion pour montrer certaines de leurs qualifications et une partie de leur savoir-faire.
De nombreux jeunes gens s’adonnent, en effet, à la vente de plantes aromatiques poussant à profusion sur l’oasis, comme l’armoise blanche ou les grains d’anis, pendant que d’autres se spécialisent dans la commercialisation d’ustensiles traditionnels en poterie, à l’exemple de Hakim.
Rencontré par l’APS dans le petit réduit qu’il s’est aménagé pour vendre plats, pichets et autres éléments de décoration en terre cuite, fabriqués dans l’oasis, Hakim avoue «profiter de cet afflux pour promouvoir ses produits, mais également le potentiel touristique de la région».
El Allig «est un patrimoine vivant et diversifié et c’est pour cela que les gens l’admirent et sont de plus en plus nombreux à y venir, même si ce n’est que pour un petit après-midi», souligne le jeune commerçant qui considère que l’oasis qui l’a vu naître est un «précieux acquis dont il faut prendre soin et promouvoir».
Le mois sacré de ramadan étant également la période des envies culinaires, quelque fois irrépressibles lorsque d’appétissantes senteurs de mets épicés volent dans l’air, certains jeunes de l’oasis, autoproclamés maîtres qu’eux, proposent de la «dobara biskriya».
Originaire des Zibans, comme son nom l’indique, la «dobara», un mélange de pois-chiches et de fèves dont la sauce est généreusement épicée et pimentée, exhale des effluves qui «obligent» les visiteurs à se faire servir plusieurs parts dans des récipients en plastique à emporter.
Lorsque l’Iftar n’est plus très loin, les visiteurs sont également attirés par l’odeur distinctive du «matloue» (galette au levain) tout chaud, et par l’assortiment de produits laitiers, à l’image des fromages traditionnels, de la «klila» et du lait de brebis.
Smaïl, un jeune expatrié, amateur de «dobara», avoue venir «chaque jour dans l’oasis d’El Allig, spécialement pour emporter quelques parts de son plat préféré». Smaïl se dit surtout «subjugué par la façon dont le mets est préparé puis servi, avec une rapidité inouïe et sans que la moindre épice ne soit oubliée.
«C’est comme ça que je ressens le plaisir du ramadan, et c’est comme ça aussi que je comprends pourquoi les membres de la communauté algérienne à l’étranger sont de plus en plus nombreux à préférer passer le ramadan dans leur pays l’Algérie»