- Quelles sont les tendances de voyage des Algériens pour cette fin d’année ?
En plus des départs à l’international avec la Tunisie, l’Egypte et Dubaï, la destination nationale continue de marquer des points, pour ne pas dire de grignoter de substantielles parts du marché à l’international, d’année en année.
Pour la destination nationale, nous avons les deux segments de marché : Sud et Grand Sud, ainsi que les segments des hôtels urbains et balnéaires. Et là aussi, nous assistons à la confirmation de l’amélioration du taux de réservation des nationaux résidents en Algérie pour les séjours vacances d’hiver et fin d’année dans ces deux types d’hôtels.
Cette dernière tendance est, à mon sens, le résultat de deux faits majeurs : le premier est l’effort des hôteliers pour dépasser la dualité haute et basse saisons, le second est le recul continu des départs à l’international au profit des départs nationaux.
- - Quelles sont les raisons de ce rush pour le Sud algérien ?
Comme chaque année, exception des deux années Covid-19, nous assistons à un rush de la clientèle nationale à destination du Sud et du Grand Sud pour les départs de fin d’année. Inscrits dans le cadre de la campagne saharienne 2023-2024, ces départs sont placés par les professionnels sous le signe de la confirmation des bons résultats de l’année dernière. Et les premiers chiffres annoncés donnent déjà de l’optimisme.
Béchar, Timimoun tiennent la dragée haute, suivies par Ghardaïa, El Oued et Biskra pour le segment Sud. Pour le segment Grand Sud, les traditionnels Tamanrasset et Djanet sont toujours les stars.
Comprendre ce rush est un peu complexe du fait des caractéristiques des produits Sud et Grand Sud, c’est pourquoi je préfère avancer des hypothèses au lieu de décliner des certitudes.
Le produit Sud en général est un produit haut de gamme d’essence, qui est attractif par sa force de différenciation et non par ses prix : excepté les départs par curiosité qui restent éphémères, la motivation de la clientèle sur ce marché est la recherche de l’accomplissement et d’estime, pour le cas du Grand Sud, et les deux en plus de la recherche de l’effet d’appartenance pour le cas du Sud.
La première hypothèse est que l’arrivée, depuis des années, sur le marché d’une nouvelle génération de retraités d’un bon niveau socio- professionnel ne fait qu’augmenter la demande sur ces deux segments de marché.
La seconde hypothèse est que l’offre est de plus en plus maîtrisée et adaptée aux mutations des modèles de consommation grâce au professionnalisme des voyagistes de la place, qui commencent à se libérer des approches nostalgiques des années 1960-70 (longs circuits, longs séjours, hygiène basique) devenues obsolètes de nos jours.
- Les visas à l’arrivée ont aussi boosté la fréquentation des étrangers. Quel est votre commentaire ?
Dans tous les constats, les contraintes liées à la délivrance des visas étaient considérées comme l’un des freins à l’exportation de la destination Algérie.
Les dernières mesures prises dans le cadre de la formule visa à l’accueil ne peuvent que booster les arrivées. Il ne faut pas s’attendre à des résultats extraordinaires dès les premières années, car la conquête ou même la reconquête des marchés se fait à moyen terme, surtout pour une destination comme l’Algérie déconnectée du marché des tours-opérateurs.
- Si l’hôtellerie s’est nettement développée, certains experts disent que le tourisme ne peut être réduit aux nuitées et qu’il faut aller vers des circuits. Quelle est votre analyse à ce sujet ?
A mon avis, laissons le marché faire son travail. Arrêtons de penser à la place des clients potentiels ainsi qu’à la place des investisseurs, ceux qui mettent leur argent, leur temps, leur santé et leur savoir-faire d’entrepreneur dans l’investissement hôtelier.
Après nous avoir gavé par leurs idées reçues, selon lesquelles seul le Saharien est porteur comme marché et que l’hôtellerie urbaine et balnéaire algériennes n’ont aucune chance d’être un jour concurrentielles avec celles de nos voisins, voilà qu’ils nous sortent cette histoire de circuits.
Si ces derniers parlent de circuits de découvertes culturelles, ils doivent savoir que les circuits touristiques ne sont qu’un marché parmi d’autres.
Un marché qui n’a pas vocation à se substituer à d’autres marchés car il est d’essence l’expression d’un besoin à satisfaire d’un nombre suffisant de demande potentielle et non de détournement d’attentes souvent subjectives. La décision d’un offreur de mettre sur le marché un produit est prise par rapport à la demande exprimée tacitement et implicitement et non par rapport à des idées reçues rehaussées en expertises.
Le produit saharien est, de par sa partie hard, de découverte. Il l’est aussi, au vu de l’appartenance socioprofessionnelle de la clientèle, comme je l’ai déjà expliqué.
Le produit hôtellerie affaires, urbain, balnéaire, thermal est un produit purement hard. Un segment de la clientèle qui fréquente ces hôtels est certainement intéressé par la partie soft à travers les circuits, entre autres.
La clientèle des voyages organisés est pour la grande partie motivée par les circuits de découvertes, mais de là à généraliser la thérapie, comme on dit, c’est un non-sens. Laissons le marché faire sa régulation et il y a assez d’hôtels et d’agences de voyages pour saisir les opportunités.