Plusieurs records absolus de température ont été battus en Algérie. Dans cet entretien, le Professeur Mostéfa Khiati revient sur les risques d’une longue exposition au soleil et délivre quelques conseils afin d’éviter l’insolation.
- En ces temps de canicule, beaucoup partent se rafraîchir à la plage, Est-ce une bonne idée ?
Il convient de consommer toutes les choses naturelles sans excès. Aller à la plage pour se rafraichir est une idée qui est galvaudée chez la plupart des gens. Contrairement aux habitants des iles ou des gens qui habitent à proximité de la mer et qui savent profiter de ses bienfaits, les autres viennent passer toute la journée à coté de l’eau. Ils s’exposent à tous les dangers qui s’y trouvent : chaleur, rayons de soleil, pollution… Or, il est conseillé de profiter de la mer avant 10h du matin et après 17h et cela, en raison des risques liés à la canicule et à l’exposition aux rayons du soleil.
- Que risquent-ils en cas de non protection ?
Le danger le plus grand provient des rayons ultra-violets (UV) émis par le soleil, qui sont invisibles à l’œil et qui sont de trois types : UVA, UVB et UVC. Les deux premiers traversent l’atmosphère et atteignent la peau. Les UVB deviennent en surdosage en cas de vagues de chaleur. Ils sont responsables des coups de chaleur et donc de brulures de la peau. Les UVA sont plus dangereux, c’est eux qui sont responsables des cancers de la peau mais aussi peuvent endommager les yeux non protégés.
Les risques les plus connus sont d’abord : le coup de soleil qui est une brûlure de la peau du premier degré voire plus. Pour l’éviter, il faut s’exposer progressivement au soleil en portant un tee-shirt léger et en se couvrant la tête, en s’appliquant une crème solaire de bonne qualité et en se mettant sous un parasol particulièrement au moment où le soleil ‘’tape fort’’ entre 11h et 16h. Une exposition inconsidérée au soleil pendant trop longtemps ou une exposition pendant de fortes chaleurs peut également provoquer une insolation ou un coup de chaleur notamment chez les enfants ou les personnes âgées ou personnes souffrant d’une maladie chronique.
Elle provoque une augmentation de la température du corps qui peut atteindre ou même dépasser 40°. La personne atteinte présente une rougeur du visage, des maux de tête, des nausées, des vomissements, un étourdissement ou même un évanouissement. Il s’agit d’une urgence médicale qu’il convient de prendre en charge en urgence car la personne atteinte peut évoluer vers des complications et la mort. En attendant les secours, mettre la personne à l’ombre et la rafraichir, notamment en lui versant de l’eau fraiche sur le corps ou utiliser des petits de sacs de glaçons et lui donner à boire.
- Que recommandez-vous afin d’éviter les complications ?
Cet été est marqué par la survenue de vagues de canicule ou vagues de chaleur. Il fait chaud de jour comme de nuit et ces épisodes de chaleur sont intenses. Le premier danger qui guette les êtres humains est l’insolation.
Celle ci est grave et doit être prévenue par des mesures simples : rester chez soi ou dans un endroit à température acceptable. Ne sortir dehors que pour des raisons de nécessité extrême en se couvrant la tête par un chapeau à larges bords qui couvre la couvre ainsi que le cou et les épaules. Il faut également penser à mettre des lunettes de soleil de bonne qualité et marquer à l’ombre sans oublier de prendre avec soi de l’eau qu’il faudra consommer en cours de route.
Il convient d’insister sur le port de lunettes car les yeux sont des organes fragiles qui sont traversés par des rayons ultra-violets très dangereux qui peuvent entrainer une dégénérescence précoce et un vieillissement accéléré de l’œil. Il est donc conseillé à toutes les personnes, quelque soit leur âge, de porter des lunettes de bonne qualité achetées chez des optométristes ou oculistes.
- Qu’en est-il des enfants en ce qui concerne la longue exposition au soleil ?
Les enfants sont les plus touchés par les vagues de chaleur. Plus ils sont jeunes et plus ils n’expriment pas bien les symptômes qui les touchent. Les parents doivent donc rester vigilants et les entourer d’une surveillance particulière. Il convient par exemple d’utiliser des ventilateurs, et s’il s’agit de nourrissons, les laisser barboter dans des bassines d’eau fraiche, leur donner à boire fréquemment, couvrir leur tête s’ils sortent. Il faut toutefois faire attention à ne jamais les laisser dans une voiture, les vitres fermées et le moteur à l’arrêt.
- On parle aussi beaucoup du risque de cancer de la peau et notamment en été en raison de l’exposition au soleil. Ce type de cancer a-t-il enregistré une augmentation ces dernières années ?
Une exposition au soleil peut aussi entrainer, à long terme, un cancer de la peau qu’on appelle mélanome qui est plus fréquemment localisé à la tête, à la face ou sur les parties les plus exposées du corps. Les statistiques montrent que les mélanomes ont augmenté ces dernières années. Ils touchent toujours avec un maximum de fréquence les personnes après la cinquantaine mais il n’est pas exclu d’en faire le diagnostic chez des adolescents ou des jeunes à partir de 15 ans.
- Quels sont les types de peau qui sont les plus vulnérables ?
La répartition de la mélanine semble être un facteur essentiel dans la survenue des complications de l’exposition au soleil. La peau la plus fragile est la peau blanche et les yeux les plus fragiles sont les yeux bleus. Les peaux brunes résistent mieux alors que les peaux noires résistent encore mieux.
- Selon vous, les mesures de protection sont- elles négligées ?
La culture sanitaire est absente ou peu enracinée chez nous. Elle est pourtant essentielle pour la prévention de la plupart des risques. Les parents doivent s’y mettre, en consultant les sites sérieux. Ils ont le devoir de le faire pour mieux se protéger et protéger leurs enfants. Face à chaque risque, il est aisé de connaitre les mesures de protection et de les appliquer à soi et à son entourage.
- Quel est votre avis au sujet des crèmes et huiles de bronzage ?
L'application d'une lotion solaire, crème ou huile, vise à protéger la peau du visage mais aussi des parties les plus exposées : épaules, dos, tronc et cuisses, des effets néfastes du soleil, dont le vieillissement prématuré de la peau mais aussi de l’apparition de taches pigmentaires. Il y a de nombreuses marques de qualité inégale. Il faut faire attention à la publicité qui, souvent est faite pour vendre et non pour expliquer les avantages du produit.
Les crèmes solaires ou huiles de bronzage ne sont pas toutes de qualité équivalente. Malheureusement, certains producteurs, et dans le but de se distinguer et gagner davantage d’argent, incorporent dans leurs produits de nombreux ingrédients dont certains sont nocifs et donc mauvais pour la santé.
Une fois absorbés par la peau, ils peuvent entrainer un cancer ou perturber le système endocrinien, sans compter leur répercussion sur le milieu marin. Parmi les crèmes solaires contenant des substances controversées, il y a lieu de citer les filtres UV chimiques, les conservateurs (les antimicrobiens comme le triclosan, le formaldéhyde, les conservateurs antioxydants), les parabènes qui perturbent le système endocrinien, les huiles minérales qui obstruent les pores cutanés (réalisent un film chimique sur la peau).
Il faut noter à titre d’exemple que l'Agence française de sécurité sanitaire (Anses) a demandé, il y a quelques jours, au gouvernement de son pays de restreindre l'utilisation de l'octocrylène, un filtre solaire présent dans de nombreuses crèmes solaires.
Lorsqu’on est assuré que la crème solaire est de bonne qualité, il faut vérifier qu’elle n’est pas périmée ou a un indice de protection faible. Il faut enfin utiliser le produit de façon généreuse et ne pas l’utiliser en petites quantités dans un souci d’économie réalisant une application insuffisante.
- En termes de protection, quel indice recommandez-vous ?
Il faut d’abord partir du fait qu’il n’existe pas d’écran solaire parfait. L’indice de protection traduit le temps qu’il faut avant que la peau ne commence à souffrir d’un coup de soleil, soit environ 15 mn.
Cet indice est pris comme indice de mesure de l’efficacité d’une crème solaire ou d’une huile de bronzage. Il est appelé facteur de protection solaire (Sun Protection Factor - SPF). Il mesure le degré de protection contre les UVB qu'apporte une crème solaire ou une huile de bronzage.
L’indice à utiliser dépend donc de la qualité de la peau de la personne. Habituellement, les indices élevés (30 à 50 FPS) sont recommandés pour les peaux fragiles, principalement les peaux blanches alors que les indices faibles (6 à 10 FPS) sont utilisés chez les personnes à peau mate. Il convient cependant de préférer des indices forts chez les personnes ayant une peau brune.