Mosaïque technique au devant de la vitrine de nos clubs : L’identité du football algérien risque-t-elle la déperdition ?

15/03/2025 mis à jour: 03:47
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Marcos Paqueta Entraîneur de l’USMA - Joseph Zinnbauer Entraîneur de la JSK - Photos : D. R.

Il faut revenir à l’ère de la politique de la performance initiée à partir de l’année 1977, pour trouver un aussi important nombre de techniciens étrangers en charge du football national. C’était la politique de l’époque initiée par les pouvoirs publics.

Il y avait la filière des techniciens des pays de l’Est (de la Russie particulièrement) ramenés d’abord comme professeurs à l’ex-ISTS pour former les futurs entraîneurs avec option de prolongement à l’effet d’encadrer les clubs de la défunte performance. Malgré cette affluence de techniciens étrangers, l’identité du football algérien n’avait pas changé.

Le football algérien a connu le passage de plusieurs techniciens étrangers de différentes nationalités  : français, italien, belge, polonais, portugais, suisse, roumain, bosnien, argentin, brésilien, palestinien (Mansour Hadj Said ESS, USMH, USC, MCO, etc.), irakien (Ameur Djamil CA Batna), marocains (Badou Zaki et Rachid Taoussi) et depuis quelques années la filière tunisienne.

Depuis l’avènement du professionnalisme en 2010, nos clubs s’étaient déployés dans tous les sens pour enrôler des techniciens étrangers afin de booster leurs performances techniques. Et dire que durant les dix dernières années, les deux seuls clubs ayant été sacrés champions à l’échelle africaine, l’ESS LDC et Super coupe africaine (2014) et plus tard l’USMA en Coupe de la CAF et Super coupe africaine (2023), s’était acquis sous la direction de techniciens algériens respectivement en l’occurrence Kheireddine Madoui et Abdelhak Benchikha.

Même en remontant le temps, les clubs algériens sacrés champions d’Afrique des clubs à l’instar du MCA (76 sous le regretté Hamid Zouba), ESS (88 sous le regretté Mokhtar Arribi) tous deux pur produit de la glorieuse équipe du FLN et plusieurs fois dans différentes compétitions africaines la JSK (sous les regrettés Mahieddine Khalef et Djaafar Harouni ainsi que Kamel Mouassa).

Il est cependant vrai, que certains clubs avaient remporté des titres locaux (championnat et Coupe d’Algérie) sous des entraineurs étrangers. Un simple regard aux différents staffs techniques de nos clubs professionnels nous renseigne sur une mosaïque technique de plusieurs pays.

D’emblée un constat saute aux yeux. Les clubs occupant le devant du classement sont en majorité sous la coupe de techniciens étranges avec leurs staffs. En revanche, ceux situés à partir de la 10e position sur le tableau sont sous la coupe technique et staffs d’Algériens. Cette situation serait-elle liée à la santé financière des clubs ou en plus clair, à leur prise en charge par des sociétés nationales ?

Autre détail important relevé concerne la filière de techniciens tunisiens, avec des allés et retour des mêmes techniciens, qui semblent bien prisés en Algérie. Ce qui retient également l’attention des observateurs, c’est cette avancée technique où la rigueur est son principal credo adoptée par deux de nos clubs.

C’est l’arrivée de l’école allemande dans l’encadrement technique de deux de nos clubs qui sont la JSK et le CRB. Pour ce qui du technicien brésilien Paquetta, en réalité il n’est pas nouveau dans le décor technique à partir du moment où il a été par deux fois sollicité pour driver le CR Belouizdad. Cette fois, il est là mais chez le club voisin de l’USMA. Le nomadisme technique footballistique en Algérie n’est pas nouveau pour qui connaît la réalité de notre sport roi. Les exemples ne manquent pas. Ils sont même édifiants.

Car, seulement chez nous, un technicien peut rebondir après chaque divorce annoncé généralement à l’amiable en se retrouvant sur le banc d’un autre club en quelques jours. Tout comme, ce dernier peut prétendre au troisième club durant la même saison sportive si d’aventure il fait l’objet de sollicitation après rupture avec le deuxième club.

Idem pour certains clubs, vivant l’instabilité chronique en subissant l’influence directe de leur base populaire, qui peuvent engager jusqu’à trois staffs techniques en une seule saison. Pour beaucoup de clubs, la stabilité technique, le style de jeu, les projets de jeu, la politique de formation et le suivi de carrière des jeunes talents demeurent un vain mot.                                                   

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