Mort de Zineb Redouane à Marseille en 2018 : Un policier mis en examen pour homicide involontaire

30/11/2024 mis à jour: 01:47
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Photo : D. R.

Six ans après les faits, le policier qui avait tiré une grenade tuant une vieille dame, Zineb Redouane, a été inculpé pour «homicide involontaire».

La mort de Zineb Redouane, une mamie algérienne âgée de 80 ans, sera-t-elle enfin élucidée par la justice française ? Il y a 6 ans, le 1er décembre 2018, alors qu’elle se trouvait à sa fenêtre, au quatrième étage, rue des feuillets, elle avait été atteinte en plein visage par une grenade lacrymogène, tiré par un CRS lors d’une manifestation de Gilets jaunes dans la cité phocéenne. Elle devait rapidement succomber.

La douleur et le scandale étaient forts à Marseille, chacun se demandant comment et pourquoi une grenade pouvait avoir été tirée vers le haut des immeubles. Même si la grenade a fait une ellipse, comment a-t-elle pu monter si haut, si le geste du policier n’était pas intentionnel ? Ce que contestait la police.

Sur Facebook, un internaute résume la situation : «L’IGPN avait conclu à un ''tir accidentel''. La victime se trouvait au 4e étage d'un immeuble. Manifestement, le tir était tendu et intentionnel. 6 ans de pressions diverses et variées pour ne pas incriminer les forces de l'ordre, piliers de la Ve République bonapartiste. Le CRS sera poursuivi pour homicide ''involontaire''. Souhaitons qu’il lui soit demandé pourquoi il a visé une vieille dame qui fermait ses volets... au 4e étage.»

Empêcher la justice d’aboutir

Car, si pendant des années, la thèse du «pas de chance» avait donc prévalu, cette version est écornée depuis jeudi dernier par une information du quotidien Le Monde, reprise par France Info, qui révèle que le CRS mis en cause avait été mis en examen pour homicide involontaire. 

Une inculpation confirmée ensuite par le parquet de Lyon, où l’affaire a été dépaysée. Selon Yassine Bouzrou, avocat de la famille, dont beaucoup de membres résident en Algérie, il y a eu trop de «pressions politiques mais également des pressions du parquet qui s’était permis d’affirmer que le décès ne résultait pas du tir de la grenade».

Cette inculpation d’un policier vient contredire la Direction générale de la police nationale, qui évoquait les conditions d’intervention des forces de l’ordre et l’opacité des fumées en raison des nombreuses grenades tirées. Identifié dès la commission des faits, le tireur n’avait pas été inquiété. On a alors assisté, selon la famille et les militants associatifs à Marseille, à une véritable omerta qui a régné pendant des années, un silence complice et des mensonges des autorités, pour ne pas dire un travestissement de la réalité pour empêcher la justice d’aboutir.

Ce blocage s’est prolongé de nos jours puisque l’inculpation du policier, prononcée le 12 septembre, a été tue jusqu’à la fin novembre. «Je pense que la justice fait ce qu’elle fait quasiment tout le temps quand des policiers sont mis en cause», estime l’avocat : «Elle fait preuve d’une lenteur volontaire afin d’exonérer les policiers. C’est plus simple pour eux de se défendre quand les faits sont anciens, ils peuvent dire qu’ils se souviennent mal, que c’est flou...

Donc nous pensons que c’est volontaire. Rien n’explique cette attente.» Le journal la Marseillaise rapporte également une autre faute supposée des services de secours et de soins : «Au printemps 2023, les juges d’instruction ont aussi demandé à deux médecins de déterminer si les pompiers ou l’hôpital de la Conception pouvaient être mis en cause pour une mauvaise prise en charge.»

Quelques jours après les effondrements rue d'Aubagne

La mort de Zineb Redouane intervenait aussi alors qu’à Marseille un bouillonnement populaire jaillissait après les effondrements d’immeubles vétustes à la rue d’Aubagne, dont le procès des protagonistes se déroule depuis quelques jours à Marseille. 

Outre les Gilets jaunes, dans la manifestation marseillaise, de nombreuses personnes s’étaient mobilisées contre le mal-logement, une situation criarde à Marseille dont souffrent beaucoup de familles. Cela s’était transformé en chaudron virulent, notamment dans le quartier de Noailles, déchaînant la répression policière, comme ce fut le cas à l’époque dans de nombreuses villes en France. Des morts, éborgnements et blessures graves avaient été recensés. Peu ont atteint le tribunal !
 

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