Les statistiques des cas atteints du cancer de la prostate en Algérie ont pris des proportions alarmantes ces dernières années. Les spécialistes n’ont cessé de tirer la sonnette pour insister sur la nécessité de donner plus d’importance à cette pathologie devenue l’une des principales causes de mortalité chez les hommes autant que le cancer du sein chez les femmes.
C’est dans ce contexte qu’une première campagne de dépistage précoce du cancer de la prostate a été lancée la semaine dernière à l’établissement spécialisé de santé publique Ahmed Abid de la ville de Bordj Bou Arréridj à l’initiative de l’association El Amel d’aide aux malades cancéreux en coordination avec la direction de la santé de la wilaya de Bordj Bou Arréridj. Une première opération qui devra toucher d’autres régions de l’Algérie dans les prochains jours.
«Le but de cette opération est d’enraciner la culture de la prévention chez les hommes pour les inciter à effectuer un dépistage précoce contre cette pathologie à parti de 50 ans, surtout qu’elle a pris des proportions alarmantes ces dernières années, devenant le premier cancer chez cette catégorie», a affirmé Hamida Kettab, secrétaire générale de l’association El Amel dans une déclaration à l’APS. Mme Kettab a présenté à cette occasion un chiffre très alarmant, indiquant que les trois quarts des cas atteints du cancer de la prostate viennent aux structures de la santé dans un état avancé, ce qui rend difficile leur prise en charge, en plus des coûts des soins, alors que les moyens de traiter cette maladie dès son apparition sont disponibles et la guérir devient ainsi possible, en évitant son aggravation.
Ce qui explique que cette pathologie demeure encore inconnue parmi une bonne partie des hommes en Algérie, qui n’ont pas un aperçu sur ses risques faute d’une stratégie d’information et de vulgarisation menée à grande échelle, notamment pas le biais des médias. Notons que cette campagne qui fait partie du Plan national de lutte contre le cancer coïncide avec le mois de «Novembre bleu» marqué par des campagnes de sensibilisation contre le cancer de la prostate dans de nombreux pays.
Une simple consultation chez un urologue
Pour leur part, les spécialistes soutiennent que les causes de cette pathologie n’ont pas été définies avec exactitude, même si elle reste liée à une déficience dans la structure des cellules chez l’homme à partir de l’âge de 50 ans, avec par ailleurs des facteurs héréditaires et d’autres liés au mode de vie, notamment l’obésité. D’où l’importance du dépistage précoce. Il suffit d’une simple consultation chez un urologue qui procédera aux examens d’échographie et aux analyses médicales pour déterminer l’existence ou non des risques, avec un suivi permanent qui permettra d’éviter les mauvaises surprises.
À noter que l’Association El Amel a mis en place tous les moyens nécessaires à la disponibilité des médecins pour mener dans de bonnes conditions cette campagne qui a ciblé plusieurs communes de la wilaya de Bordj Bou Arréridj avant de se poursuivre dans d’autres régions de l’Algérie.
Pour l’histoire et contrairement au mois d’octobre rose qui bénéficie d’une grande médiatisation en Algérie pour sensibiliser contre les cancers féminins, essentiellement le cancer du sein, le mois de novembre bleu demeure très peu connu dans notre pays. Devenu un événement mondial organisé dans de nombreux pays en Europe, il a pour but de sensibiliser l’opinion publique sur des problèmes de santé masculine peu abordés en général.
Il a été constaté surtout que les hommes ont tendance à négliger leurs problèmes de santé. Comme c’est le cas pour les femmes qu’on incite toujours à se faire dépister contre le cancer du sein durant le mois d’octobre rose, les hommes sont aussi appelés à se faire dépister contre le cancer de la prostate, qui fait toujours partie des tabous dans la société.