La réception du projet de réalisation de l’hôpital de 240 lits, au chef-lieu de la wilaya de Touggourt, fâche et divise toujours autant, à tel point que le wali a dû intervenir en public et s’expliquer sur les raisons du report pour la énième fois de la mise en service de cette structure hospitalière.
Prévue en avril dernier comme date butoir par le ministre du secteur et fortement attendue à l’occasion de la commémoration de la fête de l’indépendance, c’est une inauguration de moins dans le programme des célébrations et pas des moindres puisque la situation perdure depuis huit ans, et accompagne le processus de promulgation de la wilaya déléguée et la désormais wilaya de Touggourt, jadis daïra affiliée à Ouargla.
Pas de délai à vue
Nacer Sebaa a donc expliqué tout de go que cette structure hospitalière sera mise en service dans un proche avenir. Se voulant rassurant et ferme, le chef de l’exécutif a annoncé devant le panel de représentants de la société civile, d’élus locaux et cadres du secteur de la santé, que «toutes les phases de réalisation ont bien été accomplies, et la mise en place des équipements avançant à pas sûrs, l’hôpital de 240 lits sera opérationnel très prochainement».
Les aménagements sanitaires, y compris les équipements, sont complètement terminés et prêts à être mis en service, a attesté M. Sebaa qui a passé en revue les nombreuses raisons et facteurs qui ont entravé l’avancement des travaux, notamment climatiques et autres facteurs techniques qui ont conduit à la suspension des travaux à plusieurs reprises depuis leur lancement le 26 février 2012, l’empêchant de profiter à la population dans les délais impartis, sans pour autant annoncer une date fixe.
Casse-tête chinois
Annoncé avec une capacité de 320 lits au départ, le nouvel hôpital de Touggourt a finalement démarré avec une révision à la baisse et une nouvelle fiche technique avec une enveloppe budgétaire de plus de 4,9 milliards DA.
Confiés à la société chinoise Synohydro en 2021, les travaux ont connu un très bon démarrage à l’époque et la bâtisse s’est démarquée dans le paysage touggourtois, apportant une touche de modernité qui a ravivé l’espoir de la population en l’amélioration de la qualité de la prise en charge médicale, faisant la fierté des habitants autant que des autorités qui y voyaient «la réalisation de la décennie» pour la daïra de Touggourt promise à un avenir de wilaya de pleins pouvoirs.
En 2021, le ministère de tutelle avait fini par résilier le contrat avec Synohydro après avoir constaté «un retard dans l’exécution des travaux et le non-respect des délais de réalisation fixés à 26 mois, selon les termes du contrat conclu le 25 janvier 2012».
Selon les déclarations du ministre de l’époque, la tutelle n’a pas lésiné sur les moyens pour accélérer le processus à la suite de plusieurs arrêts des travaux dont le premier, d’une durée de 4 mois, à compter du 26 avril 2014, en raison de mauvaises conditions météorologiques, le second s’est prolongé plus d’un an, à compter du 24 juillet 2014, en raison de la non-finalisation des procédures liées à l’annexe de l’accord, qui devait permettre d’engager les travaux complémentaires et modifier les délais contractuels du projet, rallongés à 42 mois.
Des pénalités de retard ont été prises à l’encontre de l’entreprise, faisant suite aux recommandations de la commission d’enquête constituée de l’inspecteur général, du directeur général des services de la santé et de la réforme hospitalière, et du directeur des études et de la planification du ministère de la Santé, qui a examiné les raisons du retard et présenté un rapport accablant.
Autre conséquence des retards de chantiers et des réévaluations successives, seuls 40% des équipements programmés pour ce projet ont été réceptionnés en 2019, dont l’appareil scanner. En 2020, avec le contexte particulier de la crise sanitaire de Covid-19, l’acquisition des équipements restants a été lancée après en avoir réévalué le coût.
Une structure moderne et fonctionnelle
Nonobstant les retards et les atermoiements, l’hôpital 240 lits de Touggourt équipe un pan entier du chef-lieu de la wilaya et se caractérise par une architecture et des fonctionnalités modernes inédites dans la région qui s’est intégré au paysage. Cette structure de santé de trois étages vient renforcer la couverture sanitaire et alléger la charge soutenue de l’hôpital Slimane Amirat, ancienne structure sanitaire de la wilaya.
Le nouvel hôpital, doté d’une structure ultra moderne, compte un service de réanimation et de soins intensifs de 18 lits, des services d’hospitalisation, un bloc opératoire comprenant 6 chambres, des services de néphrologie, d’imagerie médicale et de radiologie numérique, ainsi qu’une aile pour la rééducation fonctionnelle et la pharmacie, le tout occupant une surface de 6 hectares, dont 3,7 h bâtis.