Meziane Meriane. Pédagogue et ancien syndicaliste : «La réforme du baccalauréat est plus qu’une urgence»

12/06/2022 mis à jour: 01:02
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Meziane Meriane ( photo : El Watan)
  • Le lancement de l’examen du baccalauréat revient chaque année avec son lot de complications et de critiques. Comment s’est déroulée l’année scolaire pour les candidats ?

Depuis sa création en 1808 à ce jour, le baccalauréat a connu beaucoup de critiques et des complications. 

L’objectif recherché dans notre pays est la double spécification, à savoir évaluer la fin des études secondaires et ouvrir l’accès à l’enseignement supérieur. Le bac est actuellement dans notre société un repère de savoir et un motivant immédiat pour nos élèves. L’année scolaire s’est déroulée comme les années passées avec double vacation, voire trois pour certains établissements, ce qui s’est répercuté un peu sur l’apprentissage des élèves. 

Ajouter à cela, le manque de discipline de certains élèves, l’absence de sérieux dans leurs études et qui se caractérise notamment par un absentéisme pour certains depuis le mois d’avril pour rejoindre les cours particuliers, absentéisme constaté même durant les épreuves du bac blanc. 

Nous avons affaire à une frange d’élèves qui veulent devenir bacheliers sans fournir le moindre effort, d’où les tentatives de triche que l’on rencontre chaque année. 

La nécessité de la réforme du baccalauréat est plus qu’une urgence pour pallier  toutes ces bavures. 

  • Quelles sont les difficultés rencontrées durant cette année, notamment par rapport à la qualité et l’achèvement du programme ? 

Pour parler de la qualité, c’est vraiment complexe. La qualité de l’enseignement résulte de deux combinaisons, à savoir les conditions pédagogiques et la formation de l’enseignant. La pédagogie est la compétence de base à acquérir et à développer quand on se destine à ce métier. Malheureusement, on recrute pour faire face aux besoins sans formations psychopédagogiques enseignées dans les écoles normales. 

Dans certains établissements, vu que le volume horaire est réduit par les restrictions dues à la pandémie, il y a une course contre la montre pour finir le programme. Lorsqu’on ne laisse pas assez de temps à l’apprenant pour assimiler et lorsqu’il y a un manque de vision globale, automatiquement la qualité en prend un coup. 

Toutefois, comparativement aux autres pays et vu les conditions pédagogiques, parfois lamentables, avec les efforts et les résultats de nos enseignants, sincèrement ils méritent des médailles. 

  • Des appels à une réforme de cet examen sont lancés régulièrement. Est-ce une urgence aujourd’hui ? 

L’examen du baccalauréat n’est pas un concours. C’est un examen qui teste les capacités pédagogiques des élèves dans le cycle secondaire. Pour évaluer objectivement les résultats, il faut se référer aux objectifs assignés à la réforme. Maintenant, si on veut arriver à un enseignement de qualité, la réforme du baccalauréat est plus qu’une urgence. Le baromètre de l’université est là pour nous le rappeler. 

La majorité des bacheliers ne suivent pas correctement leur cursus universitaire. Leurs résultats reflètent le niveau des élèves. Passer de cinq jours à trois jours comme finalisé dans le dossier de la réforme est essentiel. Il s’agit aussi de revoir les coefficients attribués à chaque matière pour ne pas être admis au baccalauréat avec moins de dix sur vingt dans les matières essentielles et revoir les méthodes d’évaluation en passant vers des questions d’intelligence pour bien former l’élève, ce qui nous permettra d’éviter la triche au baccalauréat.

  • Justement, la triche est devenue légion. Comment en venir à bout ? 

Je serais tenté de dire que la triche est devenue un phénomène sociétal, et pour en venir à bout, il faudra des moyens pédagogiques, sociologiques avec un mouvement d’ensemble : des médias, des chaînes de télévision, les parents, etc., car il y va de l’avenir de l’Algérie et de notre société en général. 

Un médecin qui a acquis ses diplômes avec de la triche risque de tuer ses patients. Un architecte mal formé est synonyme d’ouvrages d’art qui tombent et de cités qui s’écroulent. 

Nous devons vraiment sensibiliser et aussi utiliser les moyens dissuasifs, tels que la suspension de l’examen en cas de triche et le pénal pour ceux qui causent la fuite des sujets. 

Il faut penser aussi, et c’est très important, aux questions d’intelligence dans les examens qui vont élever le niveau d’instruction de l’élève et lui permettre d’avoir un cursus universitaire réussi.

Propos recueillis par  Asma Bersali

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