Meziane Meriane. Enseignant, pédagogue et ancien coordinateur du Snapest : «La longueur des vacances scolaires engendre un décrochage pour certains élèves»

24/08/2023 mis à jour: 03:22
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Le pédagogue et ancien syndicaliste, Meziane Meriane, estime qu’il est nécessaire de revoir le système de vacances pédagogiques d’une manière à équilibrer les semaines de travail excessivement chargées avec celles du repos. Il détaille sa réflexion dans  cet entretien.

- Beaucoup sont impatients de connaître la date de la rentrée scolaire (pour tous corps confondus).  N’aurait-il pas été plus rationnel de la rendre publique plutôt ?

Afin que tout le monde soit prêt financièrement avec la planification pour les parents et psychologiquement pour les élèves et les enseignants, la date de la rentrée scolaire doit être connue effectivement, voire au milieu de l’année scolaire qui la précède, sauf aléas, elle peut être décalée.

Afin que les collectivités locales achèvent les travaux entamés pour les écoles primaires, la date doit être connue d’avance. Nous avons bien constaté dans le passé la coexistence, pas forcément confortable, des élèves avec les ouvriers ! Des cours en plein chantier.  Les élèves, d’ un côté, et les ouvriers,  de l’autre avec le bruit et le tapage engendrés par les travaux. Une date connue d’avance est très utile pour toutes les planifications !

- Comment évaluez-vous donc notre système de vacances ? A-t-il un impact sur les connaissances des élèves ? 

Dans la majorité des pays du monde,  la rentrée scolaire est déjà entamée, ce qui est logique pour respecter le rythme scolaire ! Pour tout volume de programme, on doit retrouver des horaires qui doivent être en adéquation. Malheureusement, chez nous, notre programme scolaire nécessite plus de 34 semaines de travail, et nous n’en avons que 28, voire moins. La longueur des vacances scolaires, qui n’ont de vacances que le nom, engendre un décrochage pour certains élèves qui oublient tout ! Et pour le remettre dans le bain pédagogique de la rentrée scolaire nécessite beaucoup de temps !

- Que proposez-vous en matière de break pédagogique (vacances) ? Faut-il changer le modèle actuel ?

Pour le respect des rythmes scolaires, les vacances doivent être planifiées en fonction de la charge de travail. Juillet et août comme repos, et rentrée à programmer au début de mois de septembre, pour le Nord avec un décalage léger pour le Grand Sud peut être très bénéfique ! Nous devons avoir un système de vacances qui s’adapte à notre système de vie et non  singer ou copier ce qui se passe dans les autres pays ! De septembre à fin mai, nous avons neuf mois de travail avec deux fois 15 jours de vacances.

Il nous reste 8 mois que l’on doit répartir équitablement pour qu’il n’y ait pas un trimestre long et un autre trimestre court ! Le modèle actuel est déséquilibré. Il s’ agit de l’équilibrer avec le respect strict des rythmes scolaires ! Il faut à mon avis éviter des journées très longues pour les élèves du primaire en diminuant aussi le nombre de matières et cela ne peut être que bénéfique pour l’épanouissement de l’enfant.

- Comment remédier à ce déséquilibre justement ? Il y a beaucoup de jours de congé successifs qui sont suivis de semaines de travail chargées et sans interruption…

Beaucoup de semaines sans interruption est anti-pédagogique. C’est pour cela que les spécialistes des sciences de l’éducation conseillent d’appliquer les recommandations des rythmes scolaires.

Dans les pays qui ont 36 semaines de travail, approche logique en adéquation entre volume du programme et volume du travail, les semaines sont réparties en cinq périodes de travail, de durée comparable et qui sont séparées par quatre périodes de vacances des classes !

- En nombre de semaines, nous avons des vacances d’été similaires à celles appliquées dans les pays connus par leur performance en éducation. Néanmoins, tous les enfants n’ont pas accès à des activités de même qualité, à la différence de celles proposées à l’école. Un déséquilibre est d’ailleurs constaté à la rentrée. Vous en pensez quoi ?

Nos enfants, par manque de moyens et inexistence d’activités, ne rechargent pas leurs batteries pour affronter la rentrée scolaire. Malheureusement, nous avons enregistré une régression. Il n’existe plus de scouts, pas de colonies de vacances et non plus d’activités de la part du mouvement associatif. Tout simplement, pas d’occupation réfléchie par les maisons de jeunes et surtout pas de tournois de jeux d’échecs par exemple, comme cela se faisait dans le passé ! En un mot, l’oisiveté du lever du jour jusqu’au coucher du soleil, alors qu’avec peu de moyens dans les années 70-80, les enfants étaient mieux encadrés et bénéficient réellement de vacances ! 

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