Seuls sept détenus d’opinion ont bénéficié des mesures «d’apaisement» décidées par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, à l’occasion de la célébration de la fête de l’Indépendance, a rapporté, la veille de l’Aïd, le Comité national pour la libération des détenus (CNLD).
Il s’agit de Abdelkader Belarbi (Tlemcen), Fateh Kaced (Tizi Ouzou), Massi Rezig et Yahia Semache (Bouira), Lyes Sellidj (Alger), Omar Boudjemaa (M’sila) et Khaldi Belaid Abderrezak (Guelma). Depuis l’annonce de cette grâce présidentielle, le 4 juillet au soir, les avocats et défenseurs des droits de l’homme sont en attente de la moindre information à ce sujet, mais en vain. Des proches de détenus se sont même déplacés aux abords des prisons où sont incarcérés les leurs.
Outre les 14 914 détenus «condamnés définitivement pour des crimes de droit commun», qui ont bénéficié d’une grâce de 18 à 24 mois, le communiqué de la Présidence avait indiqué que «le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a également recommandé des mesures d’apaisement au profit des jeunes poursuivis pénalement et placés en détention pour avoir commis des actes d’attroupement et des faits connexes».
En d’autres termes, des «mesures d’apaisement» en direction des détenus du hirak. Or, quelques jours après le 5 juillet, il n’y a que ces sept cas rapportés par le CNLD qui ont bénéficié de ces mesures.
Défenseurs des droits de l’homme et avocats avaient beaucoup d’espoir quant à cette grâce coïncidant avec la fête de l’indépendance, d’autant plus qu’avec l’initiative du président de la République dite de «lem Echeml» (rassemblement ndlr), des informations avaient commencé à circuler à propos d’une éventuelle libération des détenus d’opinion.
Or, jusque-là, la mesure ne semble toucher que ces quelques personnes. Selon le dernier décompte du CNLD, il y a encore en prison, pas moins de 259 détenus d’opinion. «Décider d’une grâce à la veille de l’Aïd et maintenir les détenus en prison... Pourquoi ?» s’est demandé, à cet effet, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH). «Nous avons attendu leur libération, mais…», a lancé, pour sa part, l’avocat Abdelghani Badi.
Une situation incompréhensible pour plus d’un, d’autant plus que des formations politiques ayant été reçues récemment à la Présidence, dans le cadre de cette initiative de «rassemblement», à l’image du Front des forces socialistes (FFS), avaient réclamé la libération des détenus d’opinion.