Memorial hospital de Turquie : Une volonté d’encourager la coopération avec les médecins algériens

09/10/2023 mis à jour: 21:46
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Une vue générale de l'hôpital Memorial de Turquie - Photo : D. R.

Un somptueux piano à queue enjolive le hall d’entrée du grand bâtiment à l’architecture peu commune. Une douce odeur de parfum embaume tout l’espace. Juste à l’entrée, une boutique de souvenirs accueille les visiteurs à la recherche d’un cadeau de dernière minute. Et tout autour, des cafés et des restaurants pour satisfaire les goûts de chacun. A première vue, on se croirait dans un centre commercial ; en réalité, il s’agit d’un hôpital. Reportage !

Turquie
De notre envoyée spéciale

Il s’appelle Farouk. Il a 25 ans. Suite à un accident de voiture, sa jambe gauche s’est fracturée. «J’ai donc dû subir un total de 8 opérations, malheureusement, aucune d’elles n’a réussi à me faire retrouver l’usage de ma jambe», raconte Farouk. Mais ce dernier ne se décourage pas ! Bien décidé à remarcher, il commence à faire ses propres recherches afin de trouver le médecin qui pourra enfin le soigner. Et ses efforts n’ont pas été vains.

Il tombe sur le CV du docteur Mostepha Koroglu, chirurgien orthopédique à l’hôpital Memorial de Turquie. Convaincu de sa «trouvaille» et persuadé que c’est ce médecin qui va le soigner, Farouk contacte les services de l’hôpital. On lui demande alors d’envoyer son dossier médical afin que le médecin puisse étudier son cas et savoir s’il est traitable. Cette procédure est faite afin d’éviter aux patients, dont les pathologies ne sont pas soignables, de se déplacer pour rien.

Une fois le dossier de Farouk bien étudié, une consultation en visio est organisée entre le patient et son médecin. Par la suite, un plan de traitement ainsi que le devis sont établis. Rendez-vous booké, Farouk s’envole pour la Turquie. Une fois sur place, il ne se sent pas dépaysé ! En effet, le service du transport est assuré par l’hôpital. Et pour surmonter la barrière de la langue, un traducteur est mis à sa disposition. Farouk va alors à la rencontre de son médecin.

Même s’il avait eu l’occasion de lui parler en visioconférence, il savait que c’est le tant attendu «face to face» qui rendra les choses plus concrètes. «Le cas de Farouk a nécessité qu’on lui coupe et qu’on lui retire l’os infecté. Nous avons ensuite recouvert le vide des tissus mous afin d’obtenir une jambe exempte d’infection et d’inflammation mais avec un vide osseux d’environ 12 cm», explique le docteur Mostepha. Précisant qu’il ne s’agit là que de la première étape de l’intervention.

En effet, pour soigner la jambe de Farouk, le docteur Mostepha a fait appel à la méthode d'Ilizarov, une technique révolutionnaire de traitement des fractures et de leurs complications. «Une fois l’infection écartée, nous avons reconstruit un nouvel os à partir du tibia en l’espace de 95 jours avec un rallongement de 1 mm chaque jour», poursuit le médecin. Suite à cette intervention, Farouk a retrouvé l’usage de sa jambe. Il confie : «Je suis très reconnaissant d’avoir été soigné. En plus, je tiens à dire que dès l’instant où j’ai franchi les portes de l’hôpital, j’étais serein. En fait, tout a été pensé afin que le malade ne se sente pas dans un milieu hospitalier et cela est très favorable pour le moral.»

Farouk n’est pas un cas isolé. En effet, ils sont une centaine à se rendre chaque mois aux différents hôpitaux du groupe Memorial pour diverses interventions. A cet effet, Wahiba Merzouk, responsable des relations avec l’Algérie à l’hôpital Memorial en Turquie, affirme : «Nous recevons chaque mois plus de 100 patients algériens qui viennent soigner différentes pathologies.» Elle poursuit : «Il faut savoir qu’on encourage toujours les patients à se soigner chez eux si leur pathologie est traitable sur place.

Et dans le cas inverse, on les accueille avec plaisir. D’ailleurs, souvent, on se base principalement sur les bilans réalisés dans le pays du patient. On ne cherche pas à noyer le patient dans des bilans superflus. Seules quelques analyses nécessaires sont réalisées en plus. D’ailleurs, il est important de faire attention aux intermédiaires afin d’éviter toute arnaque.» Ils sont donc plus de 1000 patients algériens à se rendre chaque année en Turquie pour se soigner.

Greffe d’organes

En ce qui concerne les spécialités les plus recherchées par les Algériens, Mme Merzouk cite les différentes opérations de greffe d’organes, à l’exemple des reins, du foie ou encore de la moelle osseuse, en particulier la pédiatrique. Toutes se font à partir de donneur vivant. «Ils viennent aussi pour la fécondation in vitro, des soins en oncologie, des cancers de la prostate et de la vessie ou encore pour de l'orthopédie», ajoute-t-elle.

D’ailleurs, pour les cas de cancer de la prostate, le Dr Ilker Yusuf Çömez, urologue, explique que grâce à une technologie de pointe, il est désormais possible de faire un diagnostic précoce, et parfois, traiter le patient sans même l'opérer. «Pour ce type de cancer, on a recours au traitement par le HIFU. Cette technique, sans incision, permet de concentrer des ultrasons focalisés de haute intensité qui détruisent les cellules de la glande par la chaleur, et cela sans endommager les tissus environnants», explique le Dr Yusuf.

De son côté, le Pr Onur Yaman, spécialiste en neurochirurgie, a exposé la technique à laquelle il a recours pour soigner les scolioses des enfants. A cet effet, il explique : «Dans le cas de scolioses sérères, on a recours à la technique du vis extensible. Ce dispositif chirurgical repose sur l’utilisation de tiges qui vont servir de tuteur à la croissance rachidienne, ne nécessitant pas d’interventions chirurgicales répétées et ce qui permettra à l’enfant de grandir normalement.» 

Outre toutes ces interventions, des couples se dirigent vers l’hôpital Memorial pour la technique de micro-injection «icsi» dans le cadre de la procédure de la FIV. Il s’agit en fait d’une technique de micromanipulation où un spermatozoïde est introduit dans l'ovocyte à l'aide d'une aiguille spéciale. Si celle-ci ne garantit pas la fécondation, elle facilite toutefois l'union d'un ovule et d'un spermatozoïde au bon moment. «D’ailleurs, grâce à nos techniques, nous avons constaté que les chances de tomber enceinte avoisinent les 60%, dépassant le taux obtenu aux Etats-Unis», assure Mme Merzouk.

Outre les technologies de pointe dont il regorge, l'hôpital Memorial de Bahçelievler ne ressemble pas à un hôpital standard. En effet, son architecture en X permet de laisser pénétrer la lumière dans toutes les chambres, et ce, à n’importe quelle heure de la journée. D’ailleurs, cet hôpital s’est vu décerner le certificat de construction écologique Leed Platinum. «La lumière a un fort impact sur le moral des patients tout comme l’art. Et leur pouvoir curatif est imparable. C’est pourquoi, tout a été pensé afin que le patient ne se sente pas dans un milieu hospitalier», raconte Mme Merzouk. A noter que l’hôpital est aussi accrédité JCI (Joint Commission International).

Cette certification est en fait une reconnaissance internationale attribuée par un organisme américain pour la qualité et la sécurité de la prise en charge du patient. Mais tout cela a un coût. En effet, les interventions ne sont pas à la portée de tous. Et dans l’optique de faciliter l’accès à ces technologies de soins, Mme Merzouk affirme que «l’hôpital est prêt à signer une convention avec la CNAS. Celle-ci serait bénéfique dans les deux sens».

En attendant, un bureau de liaison devrait bientôt ouvrir ses portes en Algérie. En effet, à en croire Hacim Çarıklı, sous-directeur du service étranger, «le groupe hospitalier souhaiterait également intensifier la coopération scientifique avec l’Algérie, à travers des séminaires et des meetings, mais aussi encourager le transfert technologique entre les deux pays», a-t-il indiqué. «Notre objectif est que les patients traités ici soient suivis en Algérie. Cela leur évitera de se déplacer à nouveau et encouragera aussi la coopération entre nos médecins», a conclu Hacim Çarıklı.  

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