Inscrite depuis presque dix ans, la méga-zone industrielle d’Ouled Saber, commune située à 10 km à l’est de Sétif ne voit pas encore le bout du tunnel.
D’une superficie de 700 hectares, dont 580 ha de surface utile, le projet, devant générer, au bas mot, plus de 20 000 postes de travail directs, fait les frais d’une bureaucratie à la peau dure. La fiche technique ayant dégagé 407 lots, dont 181 ont été déjà octroyés par la commission de wilaya, meuble les tiroirs de l’administration, au grand regret des investisseurs, ne trouvant aucune explication à un tel blocage.
«Le coût et la nature d’un projet de 2010 ou 2015 n’ont rien à voir avec l’actualité de 2022. Dans une affaire qui n’en finit toujours pas, l’investisseur et l’économie locale et nationale à la fois sont les plus grands perdants. Les opportunités et la conjoncture ne sont plus les mêmes. En plus de la perte de temps, nous sommes obligés de laisser tomber les projets initiaux qui nous ont couté les yeux de la tête et de lancer de nouvelles études pour d’autres projets, non seulement rentables, mais adaptés à la période», diront des investisseurs ayant gros sur le cœur.
«Les nouvelles zones industrielles de certaines wilayas limitrophes sont fonctionnelles, alors que le «gel» frappe encore et toujours la méga-zone d’Ouled Saber. On a comme l’impression que le gel ne frappe que la wilaya de Sétif privée d’un 2e CHU, d’un complexe sportif de 50 000 places et bien d’autres projets d’une très grande utilité pour une wilaya de 2,5 millions d’habitants.
On n’a pas l’idée des répercussions économiques sur le monde du travail et l’activité de plusieurs branches du bâtiment et des travaux à l’entame de la viabilisation et des opérations relatives aux amenées de différents réseaux. La relance de ce projet va booster la croissance économique de la région lourdement impactée par la crise sanitaire.
Malgré les énormes difficultés, un investisseur contraint de prendre en charge sur ses fonds propres l’ouverture des voies et le raccordement en énergie est l’exemple type du dynamisme des opérateurs économiques de la wilaya. Pour démêler un tel écheveau et permettre à des centaines d’investisseurs de lancer leurs projets, nous demandons l’intervention personnelle du président de la République faisant de 2022, l’année de l’investissement et de l’exportation», martèlent nos interlocuteurs attendant avec impatience la levée du gel.
Pour connaitre l’avis de l’administration en charge du dossier, on a pris attache avec le directeur des mines et de l’industrie qui nous renvoie vers le directeur des travaux publics. «Le dossier de la méga-zone nécessitant 9 milliards de dinars pour la viabilisation et 20 millions de dinars pour les amenées des réseaux a été confié à la direction des travaux publics (DTP)» dit-il.
Contacté, le DTP s’est contenté d’aborder uniquement le volet technique du sujet. «Dotée d’une autorisation de programme de 9 milliards de dinars, la viabilisation est scindée en cinq lots. Deux marchés sont passés et approuvés par la commission nationale des marchés (CNM). La commission de wilaya a fait autant pour les deux autres.
Abandonné par un des soumissionnaires, qui s’est désisté, le 5e lot est en voie de finalisation. L’avis d’appel d’offres sera relancé incessamment. La viabilisation comporte deux lots. Le premier est de 4 milliards de dinars. Le montant du second est de 5 milliards de dinars (500 milliards de centimes) c’est tout ce que je peux vous dire», souligne le premier responsable du secteur.
En attendant un heureux dénouement, les porteurs de projets productifs broient non seulement du noir, mais accusent le coup et des milliards de dinars en manque à gagner.