Les ruptures de stocks de médicaments vitaux sont, certes, un vieux problème récurrent qui dure depuis plusieurs décennies en Algérie, mais ces dernières années, ce fléau a pris des proportions alarmantes. Ces ruptures de stocks concernent autant les médicaments importés que ceux produits localement. Globalement, les problèmes à l’origine de ces tensions sont de deux ordres : local et international.
Parmi les facteurs exogènes, figure l’indisponibilité de matières premières sur le marché mondial. La forte dépendance de l’importation met, par exemple, la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH) face aux fluctuations du marché international et génère des ruptures de stocks de médicaments vitaux. En attendant les résultats de l’enquête que mène l’Inspection générale de la présidence de la République sur les raisons de la pénurie de certains médicaments, des solutions s’imposent d’ores et déjà.
A court terme, l’urgence recommande évidemment le recours immédiat à l’importation de médicaments à haut intérêt thérapeutique en rupture de stock pour répondre aux besoins vitaux des malades. Après, s’il s’avère qu’un acteur étranger opérant dans le secteur du médicament use effectivement de pratiques commerciales illégales, les autorités algériennes doivent alors agir en conséquence en rompant leurs relations commerciales avec cette firme, en jouant la carte de la concurrence.
Mais il faut dire que ces problèmes sont d’ordre conjoncturel de régulation. Des pharmaciens plaident singulièrement pour la mise en place d’un dispositif d’anticipation et de gestion des risques de rupture de stock. Un tel dispositif imposera aux exploitants de prévenir le ministère de la Santé en cas d’une prochaine rupture de stock et doit également permettre de favoriser le partage d’informations concernant le circuit des médicaments entre les laboratoires, les usines et les pharmacies.
L’une des solutions durables et pérennes est sans doute la nécessité de rendre l’industrie pharmaceutique algérienne autonome et réellement productive, en lui assurant les moyens technologiques nécessaires pour pouvoir fabriquer la matière première localement. L’Etat doit pouvoir retrouver la maîtrise de ce secteur hautement stratégique. Le défi de l’autonomie en matière de production et d’approvisionnement en principes actifs et médicaments est un enjeu majeur de santé publique. La fabrication des molécules essentielles est une priorité. La prise de conscience dans la société des enjeux de santé publique liés à la souveraineté sanitaire est croissante.
La gestion de la crise de la pandémie de Covid-19 a permis de mettre en lumière l’absence de souveraineté nationale en matière de production de médicaments. Tous les principes actifs nécessaires à la fabrication de médicaments viennent de l’étranger, notamment d’Asie : l’industrie pharmaceutique algérienne doit reprendre la main. Mais il faut aussi se rendre à l’évidence que l’autonomie sanitaire ne se décrète pas.
Cela passe par la mise en place d’incitations réglementaires attrayantes pour les entreprises pharmaceutiques innovantes et un investissement massif dans la recherche et la création. Les experts voient dans la commande publique un levier, mais soulignent aussi le renforcement de la production de médicaments par les entreprises publiques, à l’image de Saidal.