Les études de médecine devront être revues dans leur contenu et dans leur architecture, afin qu’elles puissent mieux répondre aux défis de notre ère et s’adapter aux évolutions des connaissances dans le domaine.
C’est ce qu’a expliqué hier Boualem Saïdani, directeur général des enseignements et de la formation supérieurs, qui était «l’Invité de la rédaction» de la Radio Chaîne 3. Ce sont là, selon ses propos, «les résultats des groupes de travail conjoints entre le ministère de l’Enseignement supérieur et celui de la Santé» qui devront se traduire par l’élaboration de textes réglementaires en vue d’améliorer le système de santé et de soins en Algérie.
«Eu égard à la transition épidémiologique et l’apparition de nouvelles pathologies, cette refonte est aujourd’hui nécessaire. Le programme d’enseignement de médecine date de plus de trente ans, il est plus que temps de l’adapter aux besoins de la société afin qu’il prenne en considération les évolutions du savoir dans le domaine médical. Des commissions chargées de ce volet ont été mises en place depuis 2015. On est arrivé à revoir de manière profonde le contenu pédagogique de la filière des sciences médicales des quatre premières années», a ainsi expliqué Boualem Saïdani.
Dans les faits, la réforme s’articule autour de la réorganisation de l’architecture de l’enseignement, passant ainsi de la notion de «module» à celui «d’unité d’enseignement», où l’on s’intéressera à la fois à l’enseignement de la pathologie, au traitement et à la prévention, de la révision du système d’évaluation ainsi que de l’ouverture sur les langues étrangères. Si la réforme en question venait à être adoptée, l’on se dirigerait ainsi vers la disparition du médecin généraliste.
«On ne voit pas la contribution du médecin généraliste sur le terrain comme auparavant. Il est urgent de revoir cette question. Nous menons une réflexion dans ce sens avec l’association des médecins généralistes qui épouse l’idée de revoir l’architecture de la formation médicale afin de former des médecins généralistes spécialistes», explique le directeur général des enseignements et de la formation supérieurs, précisant que la durée de l’enseignement sera de neuf ans, sachant qu’il s’agit d’une spécialisation.
Il précise que tous les étudiants qui poursuivent actuellement leurs études en médecine ne sont pas concernés par la nouvelle architecture qui en est encore au stade de la réflexion et qui n’a pas encore été adoptée.
La commission travaille, par ailleurs, sur la révision de la grille d’évaluation et la promotion des hospitalo-universitaires et de chefferie de service. Aussi les critères d’accession au poste de chef de service seront-ils revus.
«Nous avons une grille d’évaluation qui a pris de l’âge. Le monde évolue et on voudrait un saut qualificatif. La revue de cette grille prendra en considération plusieurs aspects, dont la production scientifique, l’activité sanitaire, la vision concernant la chefferie de service ainsi que les responsabilités accomplies sur le plan managérial et l’ancienneté», explique Boualem Saïdani.
Il réfute l’idée selon laquelle la formation des médecins serait en déclin en Algérie, considérant que notre pays forme d’excellents médecins, mais qu’il est nécessaire d’adapter cette formation aux défis sanitaires de notre ère ainsi qu’à l’évolution des connaissances dans le domaine médical.
«Il est important, aujourd’hui, d’introduire la gériatrie dans notre cycle de formation, dans la mesure où la population algérienne prend de l’âge», énumère le directeur général des enseignements et de la formation supérieurs, expliquant que la révision des programmes pédagogiques concernera les domaines de la pharmacie et de la médecine dentaire. A terme, toute la carte de la formation universitaire devra être rafraîchie.
«Le fait est que la carte de formation a pris de l’âge et que nous comptons réadapter l’ensemble des offres de formation universitaires et de réactualiser tous les programmes pédagogiques sans exception aucune. Les offres universitaires n’ayant plus un impact socioéconomique seront appelées à disparaître», déclare Boualem Saïdani, soulignant que «62% des offres de formation relèvent des sciences humaines et sociales.
Le ministère de l’Enseignement supérieur se donne ainsi deux ans pour rééquilibrer l’offre universitaire, grâce notamment à la création de plusieurs écoles dispensant des formations scientifiques et technologiques».