Me Brahim Tairi. Président de l’Union nationale des Ordres des avocats (UNOA) : «Le procureur de la CPI aurait dû s’autosaisir sans que nous ne déposions de plainte»

29/11/2023 mis à jour: 04:16
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Photo : D. R.

Président de l’Union nationale des Ordres des avocats (UNOA), Me Brahim Tairi se montre très confiant à propos de l’initiative algérienne devant aboutir, demain à Alger, à l’élaboration d’une plainte devant la CPI (Cour pénale internationale) contre l’entité sioniste pour les crimes génocidaires commis en Palestine occupée.

  • Une conférence internationale, à laquelle prendront part l’Union nationale des Ordres des avocats (UNOA), le Syndicat national des magistrats (SNM) et de nombreux avocats étrangers, s’ouvre à Alger et consiste à traîner l’entité sioniste devant la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes génocidaires qu’elle a commis en Palestine occupée. Pouvons-nous en savoir plus sur cette initiative ?

Quelque 500 participants sont attendus pour cette conférence inédite et importante pour nous, parmi lesquels des représentants de nombreuses ambassades qui partagent avec l’Algérie, cette préoccupation, des ONG internationales et des institutions humanitaires onusiennes. Une commission de documentation sera installée lors des travaux en ateliers, qui ont lieu aujourd’hui, et sera chargée de collecter les preuves matérielles concrètes sur la base desquelles se feront les notes d’information transmises à la CPI.

Une deuxième commission travaillera sur les mécanismes de saisine de la CPI et ses procédures, la troisième commission axera son travail sur la saisine des tribunaux nationaux à compétence universelle et, enfin, la quatrième commission se chargera de saisir les institutions internationales et onusiennes chargées de la protection des droits de l’homme, afin qu’elles soient engagées elles aussi dans ce processus.

En fait, cette idée de collectif d’avocats a été copiée sur notre Guerre de Libération. A l’époque, un collectif d’avocats internationaux avait été créé pour défendre les militants du FLN devant les tribunaux coloniaux. Lundi dernier, nos invités ont rendu visite au musée de l’Armée et du Moudjahid, à Alger. Ils ont constaté de grandes similitudes entre la colonisation française et celle vécue par les Palestiniens.

L’expérience de l’Algérie est la même que celle de nos frères palestiniens. Il y a eu des crimes de génocide et contre l’humanité. L’entité sioniste nous a facilité la tâche à travers les déclarations de ses dirigeants, qui ont menacé de recourir au nucléaire et de déporter les populations.

Elle nous a servi les preuves sur un plateau en or, à travers le bombardement des hôpitaux, des bâtiments résidentiels, des écoles et sous le regard du monde entier. Tous ces actes constituent des preuves. Le procureur aurait dû s’autosaisir sans que nous ne déposions de plainte.

  • Le statut Rome lui donne les prérogatives de s’autosaisir et de se déplacer sur place, mais il ne l’a pas fait. Pourquoi à votre avis ?

Il s’est déplacé sur place, mais il n’a pas pu entrer à Ghaza…

  • Il s’est déplacé dans le cadre d’une même enquête qui date de 2014…

Ils ne l’ont pas laissé entrer pour couvrir les crimes commis. S’il était entré, il aurait agi autrement. Le fait d’isoler et d’assiéger la population, en interdisant l’entrée de l’aide humanitaire, en coupant l’eau, l’électricité et les réseaux de communication, est, au vu du droit international, un crime contre l’humanité.

Il faut dire que les médias ont beaucoup contribué à documenter les actes criminels de l’entité sioniste. Les images étaient retransmises en direct et le monde entier suivait ce qui se passait en Palestine en temps réel.

Ils ont participé à la constitution des dossiers, à travers des vidéos, les images des bombardements, les déclarations des dirigeants israéliens. Ce qui a facilité le travail aussi bien au procureur de la CPI qu’aux avocats.

  • Vous attendez-vous à un aboutissement rapide de ces plaintes, sachant que la CPI reste, selon de nombreux spécialistes du droit international, sous l’hégémonie de certains Etats membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, qui pourraient bloquer toute poursuite contre Israël, un des rares pays qui ne respectent pas les résolutions onusiennes ?

Aujourd’hui, la CPI n’est plus dans la position d’avant. Elle est face à un véritable défi. Va-t-elle réagir comme elle l’a fait, en délivrant un mandat d’arrêt international contre le Président de l’un des plus puissants Etats du monde en l’espace de deux mois seulement ? Le temps nous le dira. Mais en attendant, il faut savoir que les actes de cette juridiction sont pesés.

Elle est sous la loupe de nombreux pays qui suivent en direct ce qui se passe en Palestine occupée. Nous ne pouvons pas nous désister de cette affaire. Nous prendrons tout le temps nécessaire pour faire aboutir notre action.

D’ailleurs, parmi les interventions qui auront lieu jeudi, le jour de la conférence, l’exposé d’une communication qui portera sur une comparaison entre le cas de l’Ukraine et celui de la Palestine. Il y aura les quatre ateliers qui évoqueront tous les mécanismes et toutes les procédures de la CPI, avant de rédiger les plaintes et les résolutions pratiques devant être entérinées par la conférence.

  • Cela veut dire que les plaintes seront prêtes à la fin de la conférence ?

Elles seront prêtes et confiées à un collectif d’avocats pour les déposer à la CPI. Nous travaillons par conviction. C’est une nouvelle initiative propre à l’Algérie, à laquelle prendront part de nombreux avocats et magistrats de plusieurs pays.

Nous nous attendons à ce qu’elle soit signée par plus d’un millier d’avocats, de professionnels du droit et d’organisations professionnelles du droit. La venue de Me Gilles Devers est un plus pour nous, puisque nous avons signé avec lui, et lui-même partage notre conviction. 


 


 

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