Marché des produits sidérurgiques en Algérie : Hausse des prix et tensions sur l’offre

13/03/2022 mis à jour: 00:23
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 Les prix des produits sidérurgiques s’envolent en Algérie. Très prisé par les entreprises du bâtiment, notamment, le prix du rond à béton a grimpé, si bien qu’il a atteint dans les dépôts de revente les 165 000 DA/tonne.

 Le 17 février 2022, Sider El Hadjar le cédait à 119 000 DA/t, alors qu’hier il était à un peu plus de 14 500 DA/t. Selon l’un des représentants des promoteurs immobiliers, premières victimes de cette situation : «Le but initial de la multiplication d’investissements étrangers dans les complexes sidérurgiques en Algérie était de satisfaire le marché local avant de passer à l’exportation. 

Or, le but a été inversé. Aujourd’hui, on se retrouve avec des prix allant crescendo, impactant considérablement les coûts des logements en chantier. Un promoteur qui a vendu sur plan (VSP) ses logements à 12 millions de dinars, comment va-t-il faire face à cette augmentation considérable ? Va-t-il imposer à ses acquéreurs des révisions de prix dont le montant les rendra éligibles au prêt bancaire bonifié, sinon les payer cash ? Acceptera-t-il cette majoration ?» 

Contacté, Lotfi Manaâ, le directeur général du complexe sidérurgique d’El Hadjar, confirme cette importante augmentation. Selon lui, «la hausse des prix sur le marché international du coke et autres matières premières, tel le zinc, utilisées dans les hauts-fourneaux, conjuguée au conflit ukrainien est à l’origine de la flambée récente des prix des produits sidérurgiques». 

En effet, les prix du coke (CFR), un produit boursier servant de combustible au haut-fourneau pour la production de la fonte, sont passés de 300 dollars en février dernier à 750 dollars/MT aujourd’hui. 

«Actuellement, on est en train de subir aussi cette inattendue augmentation. Quant à nos différents consommables, prix de revient et matières premières (essentiellement le coke et le zinc), les prix ont flambé d’une manière subite et voilà que nous sommes dans l’obligation de revoir à la hausse les prix des produits finis, dont la répercussion est systématique sur le consommateur.»

 La consultation des prix des trois principaux producteurs du rond à béton en Algérie sur l’année 2021 et des premiers mois de 2022 démontre que les prix du complexe Sider El Hadjar sont les moins chers, même s’ils ont été touchés également par des augmentations. Au début du mois en cours, la tonne du rond à béton est facturée au complexe turc Tosyali à 125 000 DA et 121 000 DA à Sider El Hadjar et AQS. Hier, elle frôlait, respectivement 170 000 et 150 000 DA/t. 

1,2 Md DA/an, l’apport de Sider El Hadjar à la relance

Comment expliquer cette différence alors que le process de production de Sider El Hadjar est plus coûteux que celui de ses concurrents ? Le directeur général de Sider El Hadjar l’explique : «Dans notre complexe, on procède par la filière classique, ô combien coûteuse, du haut-fourneau. 

C’est-à-dire un circuit long avec la consommation du coke métallurgique et des différentes matières additionnées pour enrichir le minerai de fer en améliorant son point de fer. 

Par contre, nos concurrents procèdent par la nouvelle technologie de la réduction directe (DRI) en utilisant comme énergie le gaz naturel. En plus de l’état de nos installations, nos prix, comme vous les voyez, sont toujours en dessous de ceux de nos concurrents. Sider El Hadjar peut se vanter de participer au développement de l’économie nationale avec un manque à gagner de 1,2 milliard de dinars/an sur les prix du rond à béton.» 

Paradoxalement, même avec cet effort, Sider El Hadjar continue à recevoir les structures du commerce dont les représentants demandent aux dirigeants des explications sur les différentes augmentations. 

Même les importateurs du rond à béton et des bobines (coil), convertis en revendeurs de dépôt, se plaignent de cette situation : «Nous sommes pénalisés par l’augmentation des prix et la tension sur l’offre des produits sidérurgiques destinés à la vente locale au grand dam des promoteurs et autres entreprises de travaux publics nationaux.

 Hormis Sider El Hadjar, qui est un complexe public à 100%, ses concurrents n’ont pas le droit d’avancer les mêmes raisons que les usines des autres pays. Chez nous, les prix du gaz, l’énergie électrique et le gasoil sont bonifiés. La main-d’œuvre aussi. Ce qui plaide logiquement pour une application relative des prix de revient et de vente.

 Ce qui n’est pas le cas. Ce volet doit être pris en considération par les pouvoirs publics.» Rappelons que plusieurs sites sidérurgiques ont été mis en veilleuse en Espagne, dont deux usines d’Arcelor Mittal situées au Pays basque (nord). 

La raison est imputée au conflit en Ukraine. Parallèlement, les prix européens des produits longs devraient augmenter de façon significative puisque impactés par l’escalade des coûts des matières premières.

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