La crise qu’a connue le marché de l’automobile va-t-elle prendre fin en 2023 et sortir le secteur définitivement de la stagnation ? Les spécialistes optent dans leur majorité pour la prudence et estiment que l’équilibre se fera graduellement au rythme de l’octroi des agréments définitifs aux concessionnaires.
Dans ce contexte, Salem Ahmed Zaid, directeur général du développement industriel au ministère de l’Industrie, avait annoncé, lors de la cérémonie de lancement des activités du groupe Stellantis en Algérie, que 73 opérateurs économiques ont déposé leurs dossiers en vue de l’obtention des agréments leur permettant l’exercice des activités d’importation de véhicules neufs via la plateforme en ligne dédiée.
Le ministère de l’Industrie a octroyé 3 agréments définitifs à Fiat Algérie, pour l’importation des véhicules Fiat, Halil commerce et industrie pour la marque Opel, et Emin Auto pour la marque JAC. 35 autres opérateurs ont obtenu des agréments provisoires, 11 d’entre eux obtiendront des agréments définitifs dans les jours à venir, pour totaliser 14 opérateurs dans l’importation des véhicules neufs qui seront actifs dans le marché avant la fin du premier semestre.Cependant, il faut reconnaître qu’il faut du temps et un véritable coup d’accélérateur pour que tout cela se mette en place et rattraper le déficit actuel.
Par ailleurs, il y a un autre élément qui pèse, à savoir les prix des voitures importées qui restent élevés pour les familles de la classe moyenne dans la conjoncture économique actuelle, et qui n’auront pas toutes l’opportunité d’acheter une voiture neuve. Chose qui s’explique aussi par la nature de l’économie algérienne, dépendante des prix des hydrocarbures, ce qui influence directement la valeur du dinar et, par la suite, les prix des véhicules importés.
L'Association de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce), présidée par Mustapha Zebdia, a d’ailleurs réagi sur sa page Facebook en formulant une requête : «Nous demandons également aux secteurs concernés d’accélérer l’octroi des agréments définitifs aux concessionnaires qui remplissent les conditions pour créer une véritable concurrence, notamment pour l’entrée des voitures asiatiques.» En d’autres termes, l'Apoce propose de faire jouer la concurrence pour faire baisser les prix. Un levier qui a prouvé son efficacité dans d’autres pays.
La suspension de l’importation des véhicules neufs depuis 2017 a causé un manque estimé à un million de véhicules et une hausse des prix ayant atteint des niveaux records. Le marché est tellement demandeur qu’il faudra patienter un peu avant de revenir à la normalité.
De son côté, Hacène Menouar, président de l’Association nationale pour la protection des consommateurs El Aman, est aussi favorable à l’accélération du lancement de l’industrie automobile dans le pays, «seule solution à même de protéger l’économie nationale et d’offrir aux citoyens des voitures neuves avec un service après-vente et une disponibilité de la pièce de rechange».
Les prix des voitures Fiat vont baisser
L’usine de Fiat à Oran est un projet suivi de près par les hautes autorités. Saïd Saayoud, wali d’Oran, a été chargé de suivre les différentes étapes. Elle emploiera 600 travailleurs qualifiés et 2000 postes seront atteints d’ici 3 ans. Le taux d’avancement des travaux du premier bâtiment est de 85% et le second bâtiment a atteint 35%.
Le conseiller du ministre de l’Industrie a déclaré : «L’efficacité des petites et moyennes entreprises est suffisante pour élever le taux d’intégration dans l’usine Fiat Algérie.»
L’intégration ne peut jamais être complète, il y aura toujours des importations dont on ne peut pas se passer, du matériel et composant ou encore d’équipement, c’est le problème que seule la sous-traitance peut remédier, un problème qui a été pendant longtemps à l’origine du non-développement de l’industrie automobile algérienne. Elle n’est pas envisageable en dehors d’une insertion internationale et ne peut pas se développer sans l’intégration aux réseaux productifs des grands constructeurs.
L’Algérie dispose de plusieurs atouts lui permettant d’avoir plus d’attractivité pour les investissements directs étrangers dans l’industrie automobile : coûts de la main-d’œuvre, dynamisme du marché algérien et proximité avec le pôle productif européen.
Avantages comparatifs très concurrentiels
Cela cadre parfaitement avec les objectifs du gouvernement, qui vise à l’implantation en Algérie, dans les 5 prochaines années, d’une véritable industrie automobile avec des taux d’intégration allant jusqu’à 40%. Il s’agit de mobiliser les compétences nationales et de mettre en œuvre avec les constructeurs étrangers des partenariats gagnant-gagnant conditionnés par le transfert de technologie.
Le marché algérien, par son rang de deuxième plus grand marché d’automobile d’Afrique, derrière l’Afrique du Sud, est très attractif et les plus grands constructeurs automobiles du monde veulent s’y introduire et se positionner afin d’augmenter leurs parts de marché.
Il s’agit d’éviter de reproduire la mauvaise expérience du montage automobile qu’a connue l’Algérie et qualifiée «d’importations déguisées» par le président Abdelmadjid Tebboune, qui a conduit à une envolée des prix pour les consommateurs et un gouffre économique pour le gouvernement.Au premier semestre 2019, le parc automobile algérien comptait plus de 6,5 millions de véhicules immatriculés avec une évolution annuelle entre 150 000 et 300 000 voitures par an.
Le marché automobile en Algérie représentait une moyenne de 250 000 voitures neuves/an. Il est actuellement estimé à plus de 350 000 voitures/an sur trois ans rien que pour atteindre l’équilibre du marché local. Il est vital de veiller au renouvellement du parc national pour une meilleure sécurité des usagers et cela passe par la possibilité donnée au citoyen de disposer d’une voiture neuve à des coûts acceptables.