Il est difficile de se frayer un chemin dans les allées du marché Boumezzou, situé à la place du 1er Novembre, en plein centre-ville de Constantine.
Le lieu, qui connaît un rush indescriptible en ce mois de Ramadhan, reste marqué par une anarchie totale dans tous ses coins squattés par les vendeurs informels. La structure souffre d’un manque d’entretien flagrant et des conditions d’hygiène déplorables, maintes fois dénoncées par les commerçants.
Certaines parties dégagent des odeurs insupportables, alors que d’autres ont été transformées en décharges, notamment du côté du quai et des couloirs séparant les commerces au milieu du marché, ceci sans oublier la crasse qui colle au sol depuis des décennies. Le marché Boumezzou n’a jamais connu la moindre opération de nettoyage.
C’est dire qu’il subit un laisser-aller incompréhensible. Il suffit de lever la tête pour voir l’état lamentable de son plafond noirci et envahi par les toiles d’araignées, sans parler des infiltrations des eaux pluviales. Pourtant, une opération de réhabilitation du marché couver Boumezzou avait été annoncée en 2014, puis différée à plusieurs reprises. Elle tarde encore à voir le jour.
Une opération plus que nécessaire au vu de la situation catastrophique dans laquelle se trouve le plus ancien des marchés de la ville, dont la construction remonte aux années 1930, et qui fut jadis un lieu bien structuré et bien organisé jusqu’aux années 1990 où il a entamé sa descente aux enfers.
Les travaux de rénovation devaient cibler en premier lieu la réfection du revêtement du sol, la reprise des murs, la réhabilitation de l’électricité, de la peinture et de la plomberie sanitaire. Le projet devait être relancé en 2015, après l’incendie qui a frappé le marché Abdellah Bettou, situé au boulevard Messaoud Boudjeriou. Ce dernier, qui a été fermé pour des travaux de rénovation, rouvrira ses portes dans des conditions d’exercice plus acceptables.
A l’opposé, le marché Boumezzou ne verra plus rien, même une simple opération de nettoyage et de lifting pour dégager les saletés dans lesquelles il continue de sombrer, en raison d’une forte opposition des commerçants. Pourtant, il est toujours possible de mener une telle opération pourvu qu’elle soit bien étudiée, avec la prise de toutes les précautions possibles pour ne pas pénaliser les commerçants et en même temps respecter les délais des travaux, quitte à opérer partie par partie, en concertation avec l’UGCAA et les occupants des lieux.
Des décharges devant des hôtels
«La situation est devenue intolérable, surtout avec les infiltrations des eaux pluviales et les saletés qui s’entassent dans la partie centrale du marché où l’on a l’impression de traverser un véritable cloaque aux odeurs nauséabondes, en plus des murs crasseux et des conditions d’hygiène désastreuses qui y règnent, ceci sans parler des vendeurs informels qui pullulent dans les quatre coins d’un marché où la circulation devient pénible chaque jour», déplore un boucher.
En plus des dizaines de commerçants qui gèrent des boutiques réglementaires, le phénomène le plus récurrent au marché Boumezzou est celui des vendeurs ayant des carrés, mais qui installent leur marchandise sur les allées devenues plus encombrantes. A cela, on ajoutera la «faune» des vendeurs informels qui ont investi tous les espaces, y compris les escaliers.
La situation du marché Boumezzou et les dysfonctionnements qui continuent de la miner n’ont cessé d’alimenter les débats lors des sessions de l’APC, mais sans aucune suite, car les élus étaient beaucoup plus préoccupés par des conflits internes et des luttes d’intérêt que de chercher des solutions aux problèmes de la ville.
On se rappelle de la colère d’un ex-wali de Constantine, soulevée par l’état lamentable du marché Boumezzou dont l’espace situé aux alentours est devenu une décharge à ciel ouvert devant les hôtels Novotel et Ibis.
Un fait qualifié d’intolérable. L’anarchie qui règne toujours au marché Boumezzou, notamment les branchements anarchiques des fils électriques qui risquent de provoquer un désastre. Les rapports des services de la Protection civile n’ont pas manqué d’alerter les services de la commune sur un état des lieux dangereux, mais ces derniers n’ont rien fait pour y remédier.