Manque de moyens de transport et retard dans les projets routiers : La contrainte de ne pas occuper son nouveau logement

08/01/2023 mis à jour: 19:52
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Des estimations avancées par des habitants de certaines cités évoquent plus de 50% des nouveaux bénéficiaires de logement AADL qui n’occupent pas leurs appartements. «Dans certains bâtiments, on ne trouve que 4 ou 5 familles», nous dira un collectif de bénéficiaire ayant eu récemment les clefs de leurs appartements, à Sidi Abdellah. La ville intelligente qui est censée offrir toutes les commodités est loin de faciliter la vie à ces milliers de résidents. Bien que des lignes aient été ouvertes vers plusieurs communes du centre d’Alger, cela demeure insuffisant notamment pour permettre aux travailleurs d’être à l’heure. Les résidents qui souffrent davantage de ce problème sont notamment ceux affectés du côté de Zâatria et Sidi Bennour. «J’ai eu les clefs de mon logement. Mais je viens de renouveler mon bail de location à Alger-Centre», nous dira un résident au quartier 23 à Sidi Bennour. «Je ne suis pas véhiculé et le bus Etusa vers la nouvelle ville ne vient que chaque une heure de temps. La navette prend beaucoup de temps à cause des nombreux points desservis», raconte, dépité, un père de famille. La solution est d’augmenter le nombre de bus, quitte à faire appel au privé, notamment le matin et dans la soirée afin d’éviter aux travailleurs les mauvaises surprises et la longue attente. Là aussi, des résidents se plaignent du retard dans la mise en service de la voie rapide en cours de réalisation. Une partie a été achevée et réceptionnée, mais une autre partie demeure bloquée, au grand dam des résidents. Ainsi, même les personnes véhiculées se trouvent souvent bloquées au centre-ville de Maalma, à l’entrée de Zeralda, sinon retardées par l’ancien chemin donnant sur Zâatria. 

Logements attribués, commodités ne suivent pas

Les bénéficiaires de logements AADL sont unanimes à exprimer leur incompréhension de la non-livraison des nouveaux réseaux routiers en même temps que la réception des projets de logement. Résultat, des citoyens parfois dans le besoin, ont dû ne pas habiter leur logement flambant neuf afin d’éviter des ennuis au travail. «De nombreux citoyens viennent récupérer leur clefs et ne reviennent plus», rapporte un résident du quartier 23. «Si certains ne sont pas dans le besoin, la plupart d’entre eux attendaient avec impatience un toit digne. Hélas, l’éloignement a fini par les dissuader», ajoute notre interlocuteur. Faut-il pour autant signaler que ces deux grandes agglomérations sont également desservies par une ligne ferroviaire limitrophe. Renforcer le transport vers les gares de la SNTF et augmenter le nombre de navettes de train vers Alger sont des facteurs susceptibles d’arranger de nombreux travailleurs. Au quartier 23, à titre d’exemple, les habitants, qui sont plus de 50 000 âmes actuellement, dépendantes de deux bus de l’Etusa et des taxis clandestins, qui appliquent des tarifs prohibitifs de 500 DA pour une course vers la nouvelle ville de Sidi Abdellah, distante à peine de 6 km. D’autres problèmes motivent la vacance des nouveaux logements. À Ouled Fayet, des résidents de différents sites AADL se plaignent du manque d’établissements scolaires pour leurs progénitures. «En plus du manque d’écoles, nous souhaiterons par ailleurs soulever un autre problème de taille. Les opérations d’attribution de logements AADL sont programmées, la majeure partie du temps, d’une manière aléatoire sans obéir à un calendrier bien étudié. Une désynchronisation qui met les attributaires dans l’embarras», explique le collectif d’habitants de la cité Semrouni. La situation est la même à la proche banlieue d’Alger-sud. A la nouvelle ville de Bouinane, où près de 10 000 familles ont été logées dans le cadre du programme AADL, «l’on ne peut parler que de 40% de citoyens qui occupent actuellement leurs appartements», estime une habitante. «Sans véhicule, il est difficile, voire impossible d’arriver à temps à son travail à Alger » explique-t-elle. Même les moyens de transport mobilisés ces derniers temps sont loin de pouvoir régler cet épineux problème. «Il faut renforcer les dessertes et créer des lignes directes et rapides pour faciliter la vie des résidents, notamment les travailleurs», ajoute notre interlocuteur. Actuellement, les bus affectés à cette agglomération empruntent des circuits tellement longs qu’ils ont fini par décourager de nombreux travailleurs, censés être dans leurs postes à 8h du matin. Pis encore, les embouteillages compliquent davantage les choses. Pourtant, un projet de route censé contourner l’ancienne ville de Bouinane et alléger la pression sur Boufarik a été prévu. Mais cette voie «de salut» tarde à être livrée, apprend-on. En conséquence, des pères et mères de famille préfèrent continuer à louer ou vivre dans l’exiguïté que d’occuper leurs appartements.

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