Malgré les instructions du président Tebboune : Les cartables lourds toujours là !

10/01/2022 mis à jour: 00:56
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Le poids du cartable pose toujours problème / Photo : D. R.

Le ministère de la Santé fait état de plus de 10 000 cas de scoliose en une année scolaire. Les instructions du Président pour alléger le poids du cartable ne sont pas appliquées, malgré la mise en place d’une commission du ministère de l’Education nationale.

Le ministère de l’Education nationale s’est engagé, en octobre 2021, à trouver des solutions «immédiates» pour alléger le poids du cartable scolaire suite aux instructions du président Abdelmadjid Tebboune. Un mois plus tard, une commission chargée de dégager des mesures pédagogiques et structurelles a été installée.

Un premier procès-verbal a été signé la semaine dernière entre le ministère de l’Education nationale et celui de la Santé : des recommandations scientifiques ont été prises pour préserver la santé des élèves… En attendant, les données du ministère de la Santé font état de plus de 10 000 cas de scoliose en une année scolaire.

Seule la moitié des élèves orientés chez les spécialistes a été pris en charge. Le poids du cartable n’est, certes, pas un facteur déclencheur de la scoliose, mais il l’aggrave, selon les spécialistes qui s’accordent à dire que le poids du cartable ne doit pas excéder 10% du poids du corps de l’enfant. Le poids excessif du cartable entraîne des mauvaises postures : douleurs cervicales, dorsales, étirement du cou, souffrance des hanches et des lombaires...

Sous-directrice des actions sanitaires spécifiques au ministère de la Santé, le Dr Fatima Bousmaha insiste sur les actions d’urgence à prendre en compte pour la prise en charge des cas qui se présentent, à savoir mise en place d’un réseau de prise en charge des malades, formation des médecins au niveau des UDS et surtout élaboration de l’état des lieux des médecins rééducateurs dans tout le pays.

Ces derniers avec qui nous avons eu l’occasion de discuter dans les établissements publics disent être «submergés» notamment par les cas sévères de scoliose. «Pour les cas dits moins sévères ou l’attitude scoliotique, nous nous contentons d’établir avec le malade quatre à cinq séances de rééducation à titre d’apprentissage pour ensuite les reproduire seul chez-lui», souligne une rééducatrice à l’hôpital Tixeraine d’Alger, spécialisé en rééducation fonctionnelle. Ce dernier est parmi les rares établissements dont ses services n’étaient pas dédiés aux cas Covid-19.

Il reçoit quotidiennement des cas de scoliose. A Ben Aknoun, par exemple, jusqu’au début du mois d’octobre, le suivi des cas de la scoliose était suspendu pour cause de mobilisation du personnel médical dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.

Les villes de l’intérieur du pays oubliées

La sous-directrice des actions sanitaires spécifiques, Mme Bousmaha, relève la nécessité d’établir un plan de prise en charge primaire et secondaire. Un sérieux problème se pose dans ce sens, particulièrement dans les villes de l’intérieur du pays qui ne disposent pas d’unités spécialisées ou manquent de spécialistes.

Beaucoup d’enfants finissent par abandonner, sachant aussi que le protocole thérapeutique en dehors de la chirurgie lourde nécessite un corset dorsal allant de 100 000 à 300 000 DA.

«Nous enregistrons aussi l’abandon des enfants qui ne peuvent pas se déplacer pour les contrôles. Comme nous déplorons le manque de structures pour faire du sport, surtout la natation qui est importante pour le renforcement des muscles du dos», explique la spécialiste. La priorité est donc d’étudier le poids du cartable en fonction du poids de l’enfant.

Une manière de maîtriser cette flambée des cas et surtout éviter l’aggravation. Un cartable selon les normes doit peser en moyenne 3,4 kg pour un élève de 11 ans et 4,4 kg pour un élève de 13 ans. Dans la réalité, le poids est le dernier des soucis : les petits trimballent de lourdes charges.

Les plus «chanceux» portant déjà des corsets sont «dispensés» de transporter leur cartables jusqu’en classe. Munie d’un certificat médical, Aya, collégienne de 11 ans, ne porte plus son cartable.

Type de cartable recommandé

Le sac à dos et le cartable, les deux conviennent s’ils sont bien portés. Les sacs à roulettes ne sont pas bien adaptés, car ils entraînent une rotation du corps et créent un déséquilibre. Le sac à main est néfaste pour les jeunes filles. Le sac compartimenté est meilleur, car il permet de répartir le poids du contenu. Le cartable doit rester près du corps et idéalement il doit faire la hauteur du torse et s’arrêter à 5 cm au-dessus du bassin. N. O.

La surveillante s’en charge. Une solution provisoire pas au goût de tout le monde. Les casiers en classes, ainsi que recommandés par l’association des parents d’élèves, tardent à venir. Le manque de casiers, la mauvaise organisation et l’absence de coordination entre les enseignants font que l’élève finit par tout reprendre avec lui pour faire ses devoirs à la maison.

Fatima Bousmaha recommande de former les enseignants sur les postures correctes que les élèves doivent adopter pour éviter des malformations dorsales. L’équipement en classe doit être aussi choisi d’une manière à éviter de mauvaises postures.

Écoles pilotes

Sur le plan pédagogique, l’inspecteur central à l’inspection générale du même ministère, Abdelaziz Osmani, a expliqué en octobre dernier que la révision des programmes scolaires est susceptible de régler définitivement la question de surcharge des cartables. Parmi les mesures préconisées, la division du livre scolaire en fonction des trimestres.

La généralisation progressive des tablettes serait une autre solution. Des écoles pilotes à Batna et Alger ont d’ailleurs entamé l’expérience. Au total, 60 écoles primaires sont concernées par cette nouvelle démarche.

Pour l’instant, 6 écoles réparties à travers 6 wilayas dotées de tous les moyens technologiques, à savoir Tissemsilt, Khenchela, Médéa, Tizi Ouzou, Naâma et Ghardaïa viennent s’ajouter aux écoles équipées à Batna et Alger. Une étude réalisée par l’inspection générale et la direction de l’enseignement au ministère a fait ressortir des résultats positifs, notamment en termes d’allégement du poids du cartable scolaire à hauteur de 25 à 54%. En attendant des solutions concrètes et surtout généralisées, les élèves continuent de supporter un surpoids…  

chiffres -Clés

  • 11 260 élèves étaient dépistés, selon le bilan de l’année scolaire 2020-2021
  • 10 057 élèves orientés chez les spécialistes, soit 89,3%
  • Seuls 5007, soit 49,78% étaient pris en charge.
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