Depuis le début de ce mois d’octobre, une mobilisation sans précédent se met en place pour étendre la conscience publique quant à l'importance du dépistage précoce et à l'impératif de prendre soin de la santé mammaire. Toutefois, derrière ces campagnes mondiales sous le slogan “Octobre Rose” se cache un aspect essentiel souvent négligé : le soutien psychologique des patientes dès le choc du diagnostic.
Le diagnostic positif de cancer du sein, avec les traitements lourds qui s'ensuivent, tels que la mastectomie (ablation des seins) ou la chimiothérapie, est bien plus que des altérations corporelles. C'est un raz-de-marée émotionnel pour les personnes touchées. Peur, colère, anxiété, et une perte de confiance en soi paralysante sont des réactions courantes, parfois menant à la dépression. Certaines patientes se retrouvent dans un état de déni et d'injustice, se questionnant : "Pourquoi moi ?" Tous ces tourments sont souvent liés à la perte de leur identité corporelle.
Razane Kalla, psychologue, explique : « Le cancer du sein, avec sa localisation au cœur du féminin, devient un événement traumatisant. Toute altération physique est ressentie comme une amputation émotionnelle majeure, avec pour point culminant la perte de confiance en soi. Ces émotions poussent à des comportements d'isolement, de repli sur soi, et à une quête effrénée de sécurité, souvent malsaine. » Et elle ajoute : « Ces réactions négatives ne sont que le reflet de leurs émotions déchirantes. »
Un combat de famille
Le cancer du sein, ce n'est pas qu'un diagnostic médical mais aussi une altération du cadre psychologique général de la patiente et un changement dans le quotidien de tout son entourage. Pour ces femmes, trouver du soutien et du réconfort dans les petites choses tout en cultivant l'espoir, devient le fil d'Ariane pour traverser les tempêtes, affronter leurs émotions négatives et vaincre la maladie.
Selon M. Kalla, la clé pour surmonter les séquelles psychologiques du cancer du sein réside dans "l'acceptation", tant de la part de la patiente que de son entourage. “ Éviter la réalité ne mène pas à la guérison. Il est impératif d'accepter le diagnostic et de faire face à la période de rémission avec courage et positivité, car cela génère des résultats plus positifs. Le véritable soutien social commence par la reconnaissance de la maladie, son acceptation, puis par une interaction naturelle et bienveillante. Cependant, il est essentiel de ne pas enfermer la patiente dans le carcan de sa maladie, ni susciter la pitié, car cela risquerait de la faire sentir comme un fardeau pour son entourage »
Notre psychologue insiste sur le fait que solliciter l'aide d'un psychologue dès le début de la maladie n'est ni un signe de faiblesse, ni un tabou, mais plutôt un acte de courage et de construction. “ Les émotions complexes qui accompagnent cette maladie sont parfaitement normales, et le recours à un professionnel du soutien psychologique peut s'avérer être un pas décisif vers la guérison, tant sur le plan physique qu'émotionnel”, conclu-t-elle.