L’usine sera la première du genre en Algérie : Un projet algéro-belge pour la production de lait et farine infantiles

17/05/2023 mis à jour: 21:00
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Photo : D. R.

Après l’annonce du projet l’été dernier, la production du lait infantile en Algérie passe à la vitesse supérieure. L’accord algéro-belge signé ce 15 mai est un pas majeur pour un segment dépendant à 100% des importations, en vue d’assurer les besoins de près d’un millions de nourrissons par an. En effet, l’Algérie franchit une étape décisive vers l’autosuffisance dans la production du lait infantile grâce à un partenariat sans précédent entre les entreprises algérienne Achir-Lait et belge Ninolac.

Cette collaboration stratégique vise à relever les défis liés à la dépendance aux importations massives de lait infantile, tout en ouvrant de nouvelles perspectives pour l’économie nationale. Le projet, qui était déjà en cours depuis plusieurs mois, entre désormais dans une phase opérationnelle concrète. Achir-Lait et Ninolac ont signé, lundi dernier, un accord historique, témoignant de leur volonté commune de transformer le paysage de la production de lait infantile en Algérie.

Cette initiative a pour objectif de répondre aux besoins croissants du marché algérien et de mettre fin aux problèmes récurrents de pénuries et d’augmentations de prix. La plus récente pénurie date justement de l’été dernier, où plusieurs marques ont disparu des pharmacies et des grandes surfaces. Une crise qui avait d’ailleurs, pour rappel, fait réagir de grandes associations patronales afin de lever les restrictions bancaires de l’époque et permettre une fluidité d’entrée de ce lait au pays.

Chose faite ! Une réflexion a vite été menée pour lancer une chaîne de production nationale de ce lait infantile, qui coûte au Trésor public pas moins de 100 millions de dollars. Donc, concrètement et dans le cadre de ce partenariat, les deux entreprises ont convenu de mettre en place une chaîne de production intégrée, allant de l’importation initiale à la fabrication locale. La première étape consistera à importer 40 millions de boîtes de lait thérapeutique par an afin de combler rapidement le déficit actuel.

Cette mesure d’urgence permettra de stabiliser le marché et d’assurer un approvisionnement adéquat pour les nourrissons en Algérie. Cependant, cette importation massive de lait infantile n’est qu’une solution temporaire. A moyen terme, un ambitieux projet de construction d’une unité de conditionnement sera lancé dans la wilaya de Médéa. Cette infrastructure de pointe sera dotée des technologies les plus avancées, permettant ainsi de maîtriser l’ensemble du processus de production localement. Le transfert de technologie entre les deux partenaires sera une étape clé pour garantir une production de qualité répondant aux normes internationales les plus strictes.

Ce projet visionnaire représente bien plus qu’une simple opportunité économique. En effet, il permettra à l’Algérie de réduire sa dépendance aux importations de lait infantile, qui représente actuellement 100% de la demande nationale. Selon les dernières données officielles pour ce produit, l’Algérie importe annuellement environ 13 800 tonnes de lait en poudre, engendrant une facture colossale de 102 millions de dollars. Le besoin national est estimé à 300 millions de litres par an.

Cette situation insoutenable a poussé le gouvernement à encourager activement la production locale afin de garantir la souveraineté alimentaire du pays, du moins pour ce produit. «Il est important de souligner que cet accord historique ouvre la voie à une véritable révolution dans le secteur de la production de lait infantile en Algérie. Cette avancée stratégique permettra de renforcer l’industrie nationale, de créer de nouveaux emplois et de stimuler la croissance économique à long terme», atteste le Dr Mustapha Zebdi, président de l’Association nationale de protection et orientation du consommateur et son environnement (Apoce).

Pour lui, l’intention de l’Algérie à prendre le contrôle de sa production de lait infantile est bien plus que louable. «Je pense que ce partenariat algéro-belge marque le début d’une nouvelle ère, où l’autosuffisance et l’innovation occuperont une place centrale dans le paysage économique de l’Algérie, notamment dans la filière agroalimentaire pour bébés qui nécessite justement des technologies de pointe et un respect plus que rigoureux des normes internationales en la matière», conclut-il. Il est à souligner que malgré une baisse du taux de natalité, le marché algérien en termes d’alimentation pour bébés est classé 5e dans la région MENA. Avec une population dépassant les 43 millions de personnes, le taux de fertilité est assez élevé. Selon les données de la Banque mondiale, il est de 3 enfants prédéfinis par femme. Les naissances dépassent les 1 million de bébés par an. 


 

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