L’UNRWA, le dernier rempart contre le génocide

30/10/2024 mis à jour: 02:05
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Apocalypse hier au nord de Ghaza, où plus d’une centaine de personnes ont péri sous les bombes israéliennes. Plus d’hôpitaux, pas de nourriture, ni de secours des blessés et des survivants. 

Le génocide risque de franchir un pas de plus avec la fin programmée par Israël des activités de l’UNRWA, principal pourvoyeur onusien d’aide humanitaire non seulement aux habitants de la bande de Ghaza, mais également à tous les réfugiés palestiniens au Moyen-Orient. C’est un vote de la Knesset qui a dissous avant-hier cette agence créée en 1949 par l’Assemblée générale des Nations unies. Sa mise en œuvre aura des conséquences dévastatrices pour les réfugiés palestiniens, dénonce Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies. Tel-Aviv en a pris prétexte de l’implication d’une douzaine de travailleurs de l’UNRWA dans l’attaque du 7 octobre, une accusation non prouvée. 

Selon sa charte, l’agence interdit toute «activité politique» à ses 32 000 travailleurs, dont 13 000 pour la seule bande de Ghaza, eux-mêmes des réfugiés palestiniens pour la plupart. Rodée, efficace et bien implantée, aucune autre organisation ne pourrait prendre sa place. Pour Antonio Guterres, il n’y a pas d’alternative à l’action de l’UNRWA. Et toute la communauté internationale le dit, y compris les capitales occidentales, dont Washington.

En réalité, en mettant hors la loi l’UNRWA, Tel-Aviv se débarrasse d’un rempart et d’un témoin gênant de sa politique génocidaire et annexionniste à Ghaza. Jusque-là, l’agence a permis la survie des Palestiniens de Ghaza, ce qui a ralenti le projet sioniste du «Grand Israël» porté au départ à bout de bras par les colons ultranationalistes religieux, avant de s’étendre à toute la société israélienne. 

Ce dessein messianique a pris une forme concrète à partir du 7 octobre sous le forcing du Likoud, le parti dominant dirigé par Benyamin Netanyahu. Dix députés sur 32 ainsi que plusieurs ministres suprémacistes se sont récemment coalisés pour défendre le retour d’Israéliens dans des kibboutz à Ghaza. 
 

Une large patrie de la Cisjordanie a été déjà annexée par un demi-million de colons fanatiques, encouragés par le gouvernement de Tel-Aviv qui pousse vers la construction d’un maximum de colonies après l’expulsion des Palestiniens de leurs terres et habitations. Dans ce projet sioniste, est venu s’inscrire ce qui est appelé le «plan des généraux», une initiative lancée par un général de division israélien à la retraite, avalisée par de nombreux officiers israéliens.

 Il a pour objectif de déplacer de force la population du nord de Ghaza après le blocage de tous les approvisionnements en nourriture et en médicaments et après des bombardements massifs des camps de réfugiés. Il s’agit de pousser les Palestiniens à une migration massive vers les pays voisins arabes. Ghaza serait ainsi transformée en territoire militaire fermé, sans aucune présence du Hamas et recolonisée de nouveau. Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déjà déclaré, juste après l’attaque du 7 octobre : «Nous imposons un siège complet à la ville de Ghaza. Nous combattons des animaux humains et nous agissons en conséquence.» 

Un conseiller du ministre de la Défense ajouta, quelques jours après, qu’«Israël doit créer une crise humanitaire à Ghaza obligeant des dizaines de milliers, voire des centaines de milliers de personnes à se réfugier en Egypte ou dans le Golfe». 

Le nettoyage ethnique et le génocide ont été relevés par la Cour internationale de justice et ont révolté l’opinion publique internationale. Washington en porte une lourde responsabilité pour son total soutien militaire et financier à cette politique exterminatrice, faisant fi de toutes les résolutions onusiennes et de l’opposition d’une partie de la population américaine. Joe Biden quittera bientôt la Maison-Blanche les mains tachées de sang léguant son œuvre macabre à Donald Trump ou à Kamala Harris, qui feront autant, ou pire, que leur prédécesseur. 

Car le soutien inconditionnel à Israël est inscrit dans les gènes de la classe politique américaine adossée au complexe militaro-industriel du pays et prise en otage par l’Aipac, le puissant lobby sioniste. Avec une Europe qui suit aveuglément.
 

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