La secrétaire générale du Parti des travailleurs estime que «2024 sera une année charnière pour notre pays et notre peuple». S’exprimant lors d’un meeting hier à Boumerdès à l’occasion de l’anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures, Louisa Hanoune a plaidé pour «plus d’ouverture du champ politique et médiatique afin d’immuniser le pays contre tous les dangers et les manœuvres de déstabilisation d’entités hostiles».
Après avoir dénoncé la sauvagerie de l’armée sioniste et le génocide en cours contre les civils à Ghaza, la patronne du PT a parlé longuement sur le contexte interne et les défis à venir.
Tout en précisant la démarche de son parti, qui s’inscrit «dans la recherche continue de solutions», elle a évoqué «l’importance du respect des droits fondamentaux du citoyen afin de garantir la stabilité de l’Algérie dans ce contexte international des plus tendus». «Il faut que le peuple exprime ses opinons…
C’est quand il n’y pas de débat et quand on ignore les souffrances des masses populaires qu’on prépare le lit à l’anarchie et à la déstabilisation», a-t-elle martelé devant une assistance nombreuse, soulignant que c’est la frustration qui génère la révolte et l’anarchie. L’oratrice a plaidé aussi pour l’annulation de l’article 87 bis qui criminalise l’activité politique. «Ça a été fait au temps de la Covid, mais il doit être annulé pour permettre aux Algériens d’exercer leurs droits politiques, y compris celui de manifester.
Car les Algériens ont prouvé, déjà lors du hirak, au monde entier leur maturité et leur capacité à manifester pacifiquement», a-t-elle rappelé, avant d’expliquer l’objectif de ses sorties sur le terrain. «Demain je serai à Djelfa (hier, ndlr). Après nous allons à l’Extrême Sud, et récemment nous étions à l’est du pays. Nous ne sommes pas en campagne.
D’abord nous sommes en campagne pour réitérer notre soutien à nos frères palestiniens de Ghaza. Ensuite, nous considérons que cette année est cruciale pour la vie de notre nation. C’est pourquoi nous appelons à plus d’ouverture», a-t-elle plaidé, insistant sur l’importance de renforcer le front interne pour contrecarrer les velléités d’attenter à notre souveraineté.
«Nous au PT, nous luttons pour qu’il y ait des solutions nationales. Nous n’attendons rien des Nations unies, de l’UE, de la Ligue arabe ou d’une quelconque autre partie. Tout le monde sait que ce sont les solutions importées qui ont détruit des pays en les plongeant dans des conflits interminables», a-t-elle appuyé sous les ovations de l’assistance.
Sur un autre volet, la patronne du PT a également déploré des manquements et des dépassements dans l’exécution des décisions du président de la République. Elle a cité le cas de contractuels non encore confirmés dans leurs postes et les milliers de gens condamnés à de lourdes peines dans le cadre de la lutte contre l’informel, précisant que le Président a exprimé sa volonté de revoir cette loi.
«Condamner un commerçant qui avait stocké 28 sachets de lait à 5 ans de prison est une grave injustice», a-t-elle asséné. «Il y a eu, dit-elle, 50 ou 60 000 cas qui ont écopé de lourdes peines, alors qu’une simple amende aurait suffit.» «Il y a des décisions qui ne sont pas appliquées par la base.
Le Président a dit qu’il y a eu des dérapages concernant l’application de loi sur la lutte contre l’informel. Il y a eu des rectifications, mais ça reste insuffisant», fait-elle remarquer. Mme Hanoune a plaidé aussi pour la libération des détenus d’opinion et la poursuite du processus d’apaisement entamé par les autorités.
«Il est vrai, conclut-elle, que nous ne sommes pas dans le gouvernement et n’avons pas de députés ni de ministres, mais cela ne nous a pas empêché d’aider les citoyens victimes d’injustice ou de décisions arbitraires en exposant leurs doléances au Président. Mais, il y a des décisions d’en haut qui ne sont pas respectées et cela traduit un problème dans le fonctionnement des institutions.»