La décision de poursuivre les augmentations de production actuelles était attendue dans un contexte de forte demande, bien que le marché soit impacté par de forts risques géopolitiques qui commencent à affecter les prix du pétrole beaucoup plus que les fondamentaux.
Après une brève rencontre tenue par visioconférence, à laquelle a pris part le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, la coalition de vingt-trois nations a clôturé sa 25e réunion ministérielle OPEP-non OPEP (OPEP+) en maintenant inchangé son plan de production, en dépit de la pression exercée sur les producteurs par des principaux pays consommateurs, menés par les Etats-Unis, pour les amener à pomper davantage de pétrole en vue de faire baisser les prix.
La 25e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP (ONOMM), a décidé, «compte tenu des fondamentaux actuels du marché pétrolier et du consensus sur les perspectives, de réaffirmer la décision de la 10e réunion ministérielle OPEP et non-OPEP du 12 avril 2020 et entérinée lors de réunions ultérieures, y compris la 19e ONOMM le 18 juillet 2021», indique l’Opep dans un communiqué rendu public à l’issue de la réunion ministérielle.
L’alliance souligne en outre que ses membres ont «convenu de reconfirmer le plan d’ajustement de la production et le mécanisme d’ajustement mensuel de la production approuvés lors de la 19e ONOMM et la décision d’ajuster à la hausse la production globale mensuelle de 0,4 mb/j pour le mois de mars 2022».
Elle insiste en outre sur «l’importance cruciale d’adhérer à la pleine conformité et au mécanisme de compensation, en profitant de la prolongation de la période de compensation jusqu’à fin juin 2022».
L’OPEP+ maintient ainsi son refus d’adhérer à des augmentations plus rapides, arguant que le monde est confronté à une pénurie d’énergie en raison de transitions énergétiques, mal calculées, vers des carburants plus verts par les pays consommateurs. L’Opep+ réagit également en fonction de l’offre et de la demande réelle, et non de la géopolitique, tel que rapporté par un délégué de l’Opep cité par l’agence Platts
Un rapport préparé par le Comité technique conjoint (JTC), à la veille de la réunion des ministres Opep+ a maintenu les prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole inchangées pour 2022, à 4,2 millions de barils par jour.
Le comité a déclaré qu’il s’attendait à ce que la demande atteigne les niveaux d’avant la pandémie au cours du second semestre de l’année. La demande de pétrole avait atteint son plus haut à plus de 100 millions de bpj en 2019.
Le rapport indique en outre que le monde serait confronté à un excédent de brut en 2022 atteignant 1,3 million de bpj, légèrement moins que sa précédente prévision de 1,4 million de bpj. Le rapport note par ailleurs qu’un certain nombre de risques continuent de planer sur le marché pétrolier, notamment des «incertitudes importantes» associées à l’impact potentiel du variant du coronavirus Omicron, les goulots d’étranglement persistants de la chaîne d’approvisionnement.
Le JTC a également signalé d’autres risques pesant sur la reprise du marché pétrolier, citant la volatilité des marchés des matières premières, les contraintes sur la capacité de production pétrolière dues au sous-investissement, le défi des niveaux élevés de dette souveraine dans de nombreuses régions et les risques géopolitiques.
Sous -investissement et craintes sur les capacités de réserve
Au cours des derniers mois, l’attention s’est déplacée de la conformité aux quotas de production de l’OPEP+ vers la diminution de la capacité de production de l’alliance.
Beaucoup de ses membres, tels que le Nigeria, l’Angola, la Malaisie, la République du Congo, la Guinée équatoriale et l’Azerbaïdjan, ont eu du mal à atteindre leurs quotas au cours du mois dernier, jetant des doutes sur la capacité de l’alliance à tenir parole sur les barils qu’elle a promis, note Platts.
Certains pays de l’OPEP+ n’ont pas atteint leurs objectifs de production totalisant un manque de 832 000 b/j en décembre, selon une analyse préparée pour le comité Opep. Si cette tendance persiste, le marché pétrolier est susceptible de devenir rapidement déficitaire et de pousser les prix du pétrole encore plus haut.
Prix en hausse
Hier, dans le sillage de la réunion de l’Opep+, les prix du pétrole ont renoué avec la hausse en augmentant près de leur plus haut niveau en sept ans. Le brut Brent a augmenté de 1,16 dollar, soit 1,3%, à 90,32 dollars le baril à 13h03 GMT. Le brut américain West Texas Intermediate a augmenté de 1,28 dollar à 89,48 dollars le baril.
Les deux références ont gagné environ 17% en janvier. La pénurie de pétrole et les tensions géopolitiques en Europe de l’Est et au Moyen-Orient ont fait grimper les prix du pétrole d’environ 15% cette année. Vendredi, les indices de référence du brut ont atteint leur plus haut niveau depuis octobre 2014, le Brent atteignant 91,70 dollars et le brut américain 88,84 dollars.